«C'est le recours systématique, sincère et approfondi au dialogue qui permettra de concevoir les stades de manière adaptée, et qui a d'autre part légitimé des mesures de rétorsion aussi intransigeantes qu'intelligentes contre les fauteurs de trouble». Ludovic Lestrelin Enseignant-chercheur. Pour certaines équipes, c'est déjà fait. Pour d'autres, c'est cette semaine qu'elles reprennent le chemin des entraînements. La majorité accueille leur nouvel entraîneur et nouveaux joueurs, et ce, sous les regards de leurs supporters qui veulent eux aussi se mettre dans le bain. Veulent marquer leur présence, leur appartenance au club, se sentir partie prenante de ce qui va se construire pour cette nouvelle saison qui s'enclenche en un peu plus d'un mois. Les premiers supporters débarquent. Par grappes s'installent, souvent à l'abri des regards des gestionnaires des clubs, et des coins des tribunes, observent, décortiquent les nouvelles recrues, analysent, commentent, et ne veulent surtout pas remplir le silence par des souvenirs de la saison écoulée, même si des forces colossales n'aiment pas trop les critiques et les observations des jeunes supporters. «On sait qu'ils étaient, et le sont encore, contre nous, certains pensent que nous ignorons tout du football, alors que c'est faux», juge le jeune Abdelkader B, supporter de l'ASO Chlef. Il faut supprimer les huis-clos, mais sanctionner sévèrement… Abordant dans le même sens, un jeune supporter du Mouloudia, Smail des Annassers, intervient pour dire tout simplement : « Nous ne voulons plus des huis-clos, qu'ils sanctionnent ceux qui provoquent les innocents pour semer la violence dans nos stades, la majorité est contre la violence, je vais vous dire que le football se joue devant des supporter et non pas sans eux…» Cette réaction nous rappelle celle de l'ex-patron de la FIFA Sepp Blatter, lors de la rencontre qui avait opposé : Strasbourg-Metz rejouée à huis clos au stade de la Meinau en avril 2001 (le jet d'un pétard sur l'un des arbitres avait interrompu le premier match) sont révélateurs de l'importance accordée au public». «Le football doit se jouer devant des spectateurs », s'est empressé de rappeler Sepp Blatter, dans L'Equipe et l'envoyé spécial de ce journal, Jean-Marc Butterlin, a insisté sur l'étrangeté d'une telle rencontre disputée « dans l'infinie tristesse d'une enceinte livrée aux courants d'air. Une session à l'APN sur le « supportérisme », pourquoi pas ? Ils ne sont pas nombreux ceux qui continuent à persister dans leur analyse, à refuser de croire que le foot est de loin le sport le plus populaire de la planète. En attendant les clubs professionnels sont entraînés dans la spirale du foot-business où règnent salaires et droits-télé…endettement et, parfois, corruption et faillite. Dans cet univers, les vrais amoureux du foot, les supporters, sans qui ce sport ne serait plus le même, veulent se faire entendre. S'impliquer dans l'organisation, veulent avoir une place au sein de la direction du club, des supporters veulent tout simplement être considérés, écoutés pas dépossédés de «leur» stade, alors le stade appartient à un bien public…Pourquoi n' y a-t-il jamais eu de session consacrée aux «supportérisme», ou des supporters seront invités pour les écouter, le président de la République, lui, veut impliquer la jeunesse partout. Associer des représentants de supporters à la gestion des clubs «Que l'APN programme une session ou toutes les parties concernées seraient présentes, et je suis persuadé que le climat sportif se fera un exemple dans le monde». Ces supporters proposent un modèle de football plus participatif et durable, non seulement, mais surtout la reconnaissance du rôle de ces derniers et de la nécessité de les associer à la gestion des clubs», clame un supporter qui estime que cette fois, certains supporters, veulent faire comprendre qu'ils ne sont pas tous des hooligans, mais des acteurs, surtout le moteur dans les réflexions tendant à définir leur place dans le football actuel, comment l'exprime tant de supporters dans le monde. Ecouter et comprendre le jeune supporter «'La saison prochaine devra être celle du supporter, de la communication, et non pas celle du vandalisme. C'est cette mutation, génératrice de violence physique et symbolique qui nous passionne autant qu'elle nous inquiète», murmure un stadier, et d'ajouter, tout en brûlant une cigarette, qui révèle le dégoût qu'il manifeste à l'encontre de ceux qui vandalisent…Il faut équiper les stades de cafétéria, ou le supporter pourra chasser l'ennui avant le match, il est là de 7h du matin jusqu'à 18h ou plus, que voulez-vous qu'il fasse, si ce n'est provoquer le supporter adverse, pas souvent hamdoullah, mais, cela arrive dans certaines régions… «Il faut aller vers eux, les organiser et les écouter et les faire accepter lors de certaines réunions…ceci pour leur faire comprendre que le stade est un espace qu'ils financent indirectement eux-même et que le club est le leur», expertise ce jeune professeur de l'université de Bab Ezzouar. Sa collègue Sabiha évoque une nécessité d'offrir aux supporters de la crédibilité : celle de leur capacité à s'organiser dans le respect des règles et à rassembler des protagonistes de tous horizons professionnels. Enfin dans nos recherches, nous avons estimé que la réponse de Ludovic Lestrelin Enseignant-chercheur à l'université de Caen, auteur de «L'autre public des matchs de football»', à une question posée par un confrère d'un magazine illustré ce qui devrait se dessiner dans la relation supporter-club. Pourquoi des clubs peinent-ils à épouser le point de vue des supporters? La réponse de Ludovic Lestrelin «Ceux-ci sont souvent considérés soit comme des clients, soit comme une population à problèmes, du côté des groupes organisés. Les dirigeants de clubs sont face à un dilemme. Ils conçoivent leur entreprise comme une marque, une société commerciale, et le public comme une clientèle. Mais à l'intérieur de ces entreprises se trouve un club, c'est-à-dire une organisation comprenant des parties prenantes multiples, dont les supporters. Pour un sociologue français, professeur agrégé de sciences sociales, estime pour sa part qu'il y a des joueurs, devenus des stars, sont moins proches des fans : ils n'appartiennent plus au même monde qu'eux, du fait notamment de leurs rémunérations, ils sont de moins en moins attachés au maillot qu'ils portent et ils sont moins disponibles. Les supporters se sentent dépossédés de la petite influence qu'ils avaient sur le club. Ils deviennent cantonnés à la seule fonction de soutien au stade»'.