Les insoumis menacent de «destituer» le président Français Emmanuel Macron, s'il ne nomme pas Lucie Castets, la candidate du NFP à Matignon. Une initiative que ne suivent pas les autres partis de l'alliance de gauche. Emmanuel Macron, qui refuse de nommer la candidate du NFP, Lucie Castets, à Matignon. Pour ce faire, LFI veut faire adopter l'article 68 de la Constitution par le Parlement, un mécanisme qui semble irréalisable d'après des constitutionnalistes. Mais cette sortie des insoumis divise à nouveau la gauche. «C'est toujours pareil avec Mélenchon, l'excès», souffle un cadre socialiste. «On s'en serait bien passés», renchérit un communiste. Les écologistes, de leurs côtés, assurent qu'ils n'ont «rien à voir avec tout ça». «Est-ce que je pense que ce sujet-là, c'était opportun, c'était le truc intelligent à faire ce week-end ? Vous avez compris que si c'était le cas, je l'aurais dit depuis longtemps. Je pense aussi qu'il n'y a pas grand monde, en dehors de la France insoumise, qui est venue apporter son soutien à cette démarche», a expliqué Marine Tondelier, la patronne des Verts. Accusée d'avoir fait un coming out médiatique par les macronistes, Lucie Castets, candidate du Nouveau Front populaire à Matignon. Mais alors pourquoi les insoumis prennent-ils cette initiative, si même leurs alliés ne suivent pas ? Pour montrer que jamais les insoumis ne rendent les armes ni ne se soumettent et qu'ils ne sont jamais à court d'idées quand il s'agit de tendre le débat politique. Et puis il y a sans doute des arrière-pensées derrière une très hypothétique destitution du chef de l'Etat. En cas de destitution, il y aurait une élection présidentielle anticipée, élection suprême à laquelle Jean-Luc Mélenchon n'a jamais renoncé. Et plus elle interviendrait tôt, plus le leader insoumis aurait des chances de s'imposer comme candidat à gauche, car jusqu'ici, personne n'émerge clairement pour le remplacer, alors que dans deux ans et demi, qui sait ? «On voit bien en réalité que c'est de la menace» Marine Tondelier, patronne des Verts : «Je comprends pourquoi les insoumis en viennent à dire ça». «Je sais aussi que ça leur ressemble». Ils sont insoumis, c'est leur force aussi. Il n'y a pas de quoi en faire tout un plat. On ne va pas épiloguer là-dessus toute la semaine», a-t-elle conclu. Marine Tondelier tente ainsi de minimiser les tensions pour éviter d'arriver affaiblis vendredi 23 août à l'Elysée lors des consultations d'Emmanuel Macron, au moment où l'entourage du président rêve de l'explosion du NFP. Le Nouveau Front populaire compte bien arriver à quatre – insoumis, écologistes, communistes et socialistes – autour de sa candidate à Matignon, Lucie Castets, avec le même objectif : l'imposer au chef de l'Etat qui, lui, n'en veut toujours pas. La menace de destitution est-elle «crédible»? Un ultimatum suivi d'effet ? La menace de destitution d'Emmanuel Macron «est une possibilité crédible» a affirmé, Manuel Bompard, coordinateur de La France insoumise (LFI). En cas de refus de nommer Lucie Castets, la candidate du Nouveau Front populaire (NFP) à Matignon, «nous utiliserons les moyens constitutionnels à notre disposition pour vous renverser», a aussi lancé le coordinateur de LFI, qui doit rencontrer Emmanuel Macron le 23 août, avec les autres responsables du NFP. «C'est le président qui nous contraint à une campagne» «C'est un avertissement» car «nous préférons qu'il nomme Lucie Castets à la tête du gouvernement». Un «avertissement solennel» même, face à la «dérive autocratique du chef de l'Etat», a renchéri Aurélie, quand une autre insoumise, Alma Dufour, a défendu ses collègues «menace pesée» pour «mettre un coup de pied dans la fourmilière» . Ont-ils une chance ? Ils brandissent la menace d'une possible destitution si le président ne nomme pas Lucie Castets à Matignon. Le hic, c'est qu'ils paraissent bien seuls. Les partisans de la conflictualisation sont rentrés de vacances et ils le font savoir bruyamment dans la Tribune du Dimanche avec cette menace à destination du chef de l'Etat : si Emmanuel Macron ne nomme pas la représentante désignée par le Nouveau Front populaire Première ministre, Jean-Luc Mélenchon, Manuel Bompard et Mathilde Panot veulent enclencher une procédure de destitution du président de la République. Coup de force institutionnel et abus de pouvoir… Emmanuel Macron convie les présidents des groupes parlementaires et les chefs de partis le 23 août à l'Elysée, avant de nommer un Premier ministre. Ils accusent le chef de l'Etat de faire «un coup de force institutionnel contre la démocratie» et de pratiquer «l'abus de pouvoir» en restant sourd aux demandes de la gauche qui revendique Matignon. Censurer un gouvernement qui ne leur conviendrait pas, c'est insuffisant aux yeux des insoumis qui préfèrent viser directement le chef de l'Etat avec l'artillerie lourde, et donc cet article 68 de la Constitution qui prévoit que les parlementaires puissent révoquer le président de la République. Les présidentielles en ligne de mire Mais avec cette sortie, Jean-Luc Mélenchon et ses troupes prennent ainsi le risque de diviser le NFP, pour «reprendre la main sur l'agenda politique», selon un proche de Lucie Castets. «L'avertissement lancé par LFI a déjà eu un résultat, celui de radicaliser le PS qui est dorénavant acquis à une motion de censure, et c'est un bon résultat», tacle Jean-Luc Mélenchon, sur son blog. Le leader insoumis veut prendre de court la classe politique pour tenter de rappeler qu'il reste le mieux à même de représenter l'alternative aux macronistes, avec la volonté de précipiter «l'affrontement final». Le fameux «eux ou nous», l'extrême droite ou LFI, reste la théorie de l'insoumis en chef, qui fête lundi ses 73 ans. Un parlementaire communiste ironise auprès de franceinfo : «Avant de penser à la prochaine présidentielle, veillons déjà à faire respecter le résultat des législatives». L'ambition présidentielle de Mélenchon Mais ont-ils une chance de parvenir à leurs fins ? A priori non, car très vite, les insoumis ont été rattrapés par leurs camarades du NFP. Dans leur tribune prônant la destitution, les leaders de LFI écrivent qu'il «faudrait évidemment l'expliquer avec soin devant notre peuple». Manifestement, il aurait aussi fallu commencer par l'expliquer avec soin à leurs partenaires de gauche, puisque le socialiste Olivier Faure a tout de suite répliqué que cette initiative n'engageait que LFI et asséné le coup de grâce : «la destitution est impraticable» car elle suppose que les deux tiers des parlementaires fassent front commun contre le chef de l'Etat. Si vous retirez déjà les députés socialistes ainsi que les écologistes et les communistes qui ne semblent pas non plus emballés, cette menace de destitution a tout du coup d'épée dans l'eau et ajoute un nouveau ferment de la discorde au sein du Nouveau Front populaire alors qu'ils devraient justement faire bloc pour essayer de convaincre Emmanuel Macron de nommer Lucie Castets quand le chef de l'Etat les recevra tous vendredi prochain. Le PS contre Mais certains socialistes refusent d'aller avec LFI à l'Elysée si La France insoumise maintient sa menace de destitution. C'est le cas des opposants à Olivier Faure, qui ne ratent jamais une sortie de LFI pour remettre en question l'union à gauche, à l'image du maire de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol, et de celle de Vaulx-en-Velin, Hélène Geoffroy. Cette dernière exige même la tenue d'un bureau national du PS, une réunion pour trancher la forme et le fond. Autrement dit : y aller ensemble ou séparés vendredi 23 août. Ces socialistes veulent également savoir quels éléments de discussions apporter au chef de l'Etat et quelles conditions pourraient, ou non accepter, le Parti socialiste. Autant de discussions à mener alors qu'Emmanuel Macron souffle le chaud et le froid ces derniers mois entre la dissolution, la trêve politique et les consultations.