L'écrivain japonais Shogo Imamura a ouvert au printemps dernier une librairie dite « partagée ». Le concept : chaque étagère est occupée par un vendeur différent, qui y expose sa propre collection d'ouvrages. Le but est de proposer une alternative à l'érosion qui touche les librairies japonaises depuis quelques années. Le quartier de Jimbocho, célèbre pour ses innombrables librairies et maisons d'édition, a accueilli un nouvel établissement dans ses rues : Honmaru. À l'origine de cette initiative se trouve l'écrivain Shogo Imamura, connu pour ses romans historiques centrés sur le Japon des XVe, XVIe et XVIIe siècles et lauréat du prix Sanjugo Naoki en 2022. Il a fondé Honmaru avec l'ambition de défendre et revitaliser une industrie du livre en déclin. « Nous lançons ici une contre-offensive visant à maintenir allumées les lumières de l'édition », a-t-il déclaré lors de l'inauguration, soulignant son désir de « réécrire une nouvelle page d'histoire » pour le secteur. La librairie Honmaru se distingue par son concept de rayonnages partagés, loués à divers vendeurs. Ce modèle, qui s'est particulièrement développé ces dernières années, permet à des particuliers et des entreprises de proposer leurs ouvrages favoris dans un espace réduit et à moindre coût. Chacune des 364 étagères reflète ainsi la personnalité de son occupant, ce qui crée une mosaïque de passions littéraires à découvrir pour les visiteurs. Parmi les locataires, on trouve aussi bien des particuliers comme Yuko Matsuoka, salariée de 39 ans qui promeut la littérature de sa préfecture d'origine, Aichi, que des entreprises telles que Shinsei Pulp & Paper, fournisseur de papier pour les maisons d'édition. La formule permet de créer un mélange insolite, par exemple un des rayons est dédié aux livres sur le sauna, un autre ne contient que des ouvrages à couverture jaune. Le déclin des librairies au pays du soleil levant Selon le Centre japonais des infrastructures de l'édition, le pays comptait en mars dernier 10 918 librairies, soit environ 4700 de moins qu'il y a dix ans. De plus, une enquête de la Fondation de l'édition japonaise pour la promotion de la culture a révélé qu'en mars 2024, 27,7 % des communes nippones étaient dépourvues de librairie. Situé au coeur du quartier des libraires de Tokyo, Honmaru pourra servir d'exemple pour d'autres régions du Japon qui manquent cruellement de ce type de commerce, comme les préfectures d'Okinawa, Nagano et Nara où la moitié des villes et villages ne compte aucune librairie. Cependant, un concept neuf ne réglera certainement pas à lui-même le problème qui touche profondément l'industrie du livre nippone : « Les librairies sont confrontées à une augmentation des frais de personnel et d'autres dépenses, si bien que l'équilibre commercial lui-même ne peut plus être assuré. J'attends du gouvernement des mesures de soutien supplémentaires », martelait un libraire tokyoïte pour Japan News.