À Dakar, les pagnes tissés sont présents dans les maisons de tous les Sénégalais. Les tisserands manuels tissent ces riches étoffes qui accompagnent tous les moments clé de la vie : baptême, puis mariage et décès. Ces pagnes se transmettent dans les familles, comme un fil entre les générations. Dans une petite maison du quartier de la médina, à Dakar, au Sénégal, Marème Sow vit avec sa mère Binta. Cette quinquagénaire pleine d'énergie ouvre les placards et sort des valises cachées sous des lits pour nous faire découvrir sa collection de pagnes tissés. Les précieuses étoffes sont enroulées avec soin et protégées du soleil qui peut abîmer les couleurs vives. Ces pagnes tissés et brillants, aux motifs géométriques, sont des trésors de familles, dont certains ont été offerts pour les baptêmes de ses quatre enfants. « À chaque personne, on offre un pagne pour lui porter bonne chance, réussite », explique Marème Sow. D'autres sont encore neufs et seront offerts pour les naissances à venir dans la famille. Les bandes de tissus d'une vingtaine de centimètres seront alors assemblées pour faire un grand pagne. Tissu cérémoniel « J'ai acheté ces tissus il y a longtemps, raconte-t-elle. J'ai l'habitude d'en acheter quand j'ai de l'argent et de les garder où j'appelle un ndiago pour qu'il m'en tisse un que je conserve. » Les pagnes réalisés par des ndiagos, des tisserands mandjak installés dans le quartier de Fass, accompagnent toutes les célébrations. Ils sont aussi utilisés au moment du mariage. Ou encore aux décès, pour recouvrir le mort, comme l'explique Binta Ndoye, la mère de Marème, qui a 87 ans. « Le reste des pagnes, je les garde. Je ne le souhaite pas, mais en cas de décès, cela va servir à couvrir le corps jusqu'au cimetière. Ensuite, on me ramènera le tissu, que je conserverai. » Un beau pagne brillant, noir et orange, est déjà destiné à un futur défunt.