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Pour une économie de marché concurrentielle à finalité sociale
Les défis de l'Algérie 2025/2030
Publié dans La Nouvelle République le 08 - 12 - 2024

Cette présente est une synthèse à l'invitation du Cercle algérien pour la prospérité (CAP-2054) sur l'urgence de mettre en œuvre les véritables réformes entre 2025/2030, en fonction des fluctuations du cours des hydrocarbures.
1. L'environnement international, la situation sociopolitique et socio-économiques, facteurs déterminants pour l'attrait des investisseurs
1.1- Il faut dire la vérité, rien que la vérité, en privilégiant les intérêts supérieurs du pays, au-delà des personnes, la démagogie et les discours populistes, pour préserver des intérêts de rente, auxquels la population algérienne est allergique, pouvant conduire le pays à une déflagration économique et sociale. Oui les véritables réformes structurelles économiques n'ont pas commencé, contrairement à certains discours mais soyons réaliste, on ne peut en quelques années année après une léthargie de plusieurs décennies redresser le bateau Algérie. Oui, la situation socioéconomique est préoccupante à l'instar de bon nombre de pays dans le monde du fait de la crise actuelle.
Face à la crise actuelle qui se traduira par de profonds bouleversements géostratégiques, économiques, sociaux culturels et sécuritaires, l'Algérie ne peut naviguer à vue au gré de la conjoncture et doit définir avec exactitude les hypothèses de ses prévisions, chiffrées et datées selon le couple objectifs-réalisations/moyens humains et financiers avec plusieurs scénarios dont bon nombre de variables et paramètres sont exogènes.
Sans une bonne information aucune prévision n'est possible et encore moins un plan de relance 2024/2030 qui pour son opérationnalité doit reposer sur six piliers : premièrement, sur une démarche méthodologique, existant un théorème universel, 80% d'objectifs mal ciblés ont un impact seulement de 20% avec un gaspillage des ressources rares, mais 20 pour cent d'actions bien ciblées ont un impact sur l'activité économique et sociale de 80 pour cent. Pour paraphraser les experts militaires, il faut que les tactiques s'insèrent dans le cadre d'un objectif stratégique d'optimisation du bien être de l'Algérie. Toute analyse opérationnelle doit partir du général, de l'évolution de l'économie mondiale, au niveau interne du cadre macroéconomique et macro social, puis aux réseaux intermédiaires et enfin au niveau micro économique des collectivités locales et aux projets fiables dans le cadre des avantages comparatifs, ne pouvant pas tout produire ; deuxièmement, tout plan opérationnel doit s'inscrire dans le cadre d'une vision stratégique tant des mutations internes qui internationales, en étant réaliste les hydrocarbures traditionnels resteront encore pour 5 à 10 ans la principale ressource en devises du pays sous réserve de la mise en place de nouvelles filières concurrentielles ; troisièmement sur un diagnostic serein de la situation socio-économique et sur une nouvelle gouvernance nationale et locale avec plus de décentralisation et non déconcentration ; quatrièmement sur de nouvelles organisations plus crédibles que les anciennes à travers des réseaux, loin de l'ancienne organisation hiérarchique rigide, impliquant les élus locaux et la société civile, entrepreneurs publics, privés, banques, universités, centre de recherche, associations, cinquièmement, sur une bonne communication . Certains responsables vivant dans une autre époque ne savent pas communiquer alors qu'il est impérieux de préparer l'opinion médiatiquement et organiquement à l'esprit des réformes qui seront douloureuses mais porteuses d'espoir à moyen terme en utilisant les médias lourds, débats, pièces de théâtre, cinémas, du fait de la tradition orale de l'Algérien. Les actions et les déclarations doivent être inventoriées, sans tomber dans le piège de l'autosatisfaction et du dénigrement, ni tomber dans le populisme médiatique qui serait alors contre productif ; sixièmement, la levée des obstacles d'environnement à la mise en œuvre d'affaires. Fondement du système rentier, le plus grand obstacle à l'investissement productif enfantant à la fois la sphère informelle et la corruption est la bureaucratie au sens négatif du terme, non comme l'entendait Max Weber au service de la société, expliquant par exemple les obstacles à la numérisation que l'avis proposé en 1983 en tant que directeur général des études économiques à la cour des comptes ayant été chargé du dossier des surestaries, proposition qui n'a jamais vu le jour au niveau des douanes, car s'attaquant à de puissants intérêts. Sur le plan du système financier, il est fondamental de promouvoir l'adaptation du système bancaire et de la fiscalité. La mise à niveau du système bancaire est un des axes majeurs car c'est au sein de cette sphère que les rythmes de croissance seront arbitrés à titre principal.
L'objectif à viser est d'aboutir à un système bancaire affranchi des ingérences, plus efficient et plus en harmonie avec les exigences d'une intermédiation financière performante et orientée vers l'économie de marché de capitaux. Jusqu'ici, la situation financière des banques publiques a constitué une contrainte qui a inhibé toute velléité de restructuration. Pour ce qui est du système fiscal, celui-ci doit être plus incitatif tout en autorisant une grande rigueur dans son application en vue de la lutte contre l'évasion fiscale par la mise en place d'un système d'information et de communication plus moderne et moins sujet à interprétation. Il est également proposé d'améliorer la lisibilité de la politique générale de l'Etat par référence notamment à une nouvelle loi cadre de planification budgétaire et de simplifier et regrouper dans un cadre plus cohérent, l'organisation institutionnelle chargée d'exécuter une politique désormais plus claire de libéralisation de l'économie et pourquoi pas un grand ministère de l'Economie scindé en plusieurs Secrétariats d'Etat techniques.
2.2.- L'économie algérienne est toujours après des décennies , une économie rentière exportant 98% d'hydrocarbures à l'état brut ou semi brut avec les dérivées et important 85% des besoins des entreprises, dont le taux d'intégration, privé et public ne dépasse pas 15%. Environ 83% du tissu économique étant représenté par le commerce et les services de très faibles dimensions, le taux de croissance officiel hors hydrocarbures étant artificiel, 80% du PIB via la dépense publique l'étant grâce aux hydrocarbures. Selon les données officielles, plus de 90% des entreprises privées algériennes sont de types familiaux sans aucun management stratégique, et que 85% d'entreprises publiques et privées ne maîtrisent pas les nouvelles technologies et la majorité des segments privés et publics vivent grâce aux marchés publics octroyés par l'Etat. Par ailleurs l'économie est dominée par la sphère informelle employant plus de 45/50% du PIB hors hydrocarbures, s'étendant en période de crise, drainant 33% de la masse monétaire en circulation elle-même liée à la logique rentière. Aussi, il faut être réaliste, la situation économique implique un sursaut national. L'annonce des 250 milliards de dollars consacrés aux entreprises publiques durant les 25 dernières années , annoncé par le ministère délégué à la prospective le 2 janvier 2021 doit préciser durant cette période : la ventilation par entreprises, l'évolution de la création de valeur ajoutée, les effectifs, la partie investissement et la partie assainissements en dinars en devises et les solutions concrètes soit de liquidation ou de restructuration afin de faire face tant à la situation socio-économique interne qu' à l'adaptation aux nouvelles mutations mondiales.
Actuellement, excepté le secteur agricole qui a connu un réel dynamisme pour certains produits agricoles, bien que toujours dépendant de certains inputs et pour l'importation du blé surtout tendre qui constitue la majeure partie, le taux de croissance du produit intérieur brut PIB algérien dépend fondamentalement via la dépense publique de l'évolution du cours des hydrocarbures qui détermine à la fois le taux d'emploi et les réserves de change. Le déficit budgétaire croissant entre 2020/2024 non affecté aux investissements créateurs de valeur ajoutée induira forcément une accélération du processus inflationniste ainsi qu'une dévaluation de la cotation du dinar avec un écart croissant avec le marché parallèle, reflet de l'importance de la sphère informelle.
A l'avenir, en cas de non accroissement de la production interne, l'écart pourrait atteindre 100% sinon plus du fait de la rigidité de l'offre, une cotation de 300 dinars un euro en cas de non maîtrise de l'inflation, la cotation du dinar étant fortement corrélée dans une économie rentière aux réserves de change, niveau fonction essentiellement des recettes des hydrocarbures. Cette dépréciation simultanée du dinar par rapport au dollar et l'euro a pour but essentiel de combler artificiellement le déficit budgétaire, non articulé à un véritable plan de relance économique et donc assimilable à un impôt indirect que supporteront les consommateurs algériens.
Un plafonnement des prix sans analyse sérieuse, entrainerait pour les entreprises publiques un accroissement du déficit et pour les entreprises privées forcément la fermeture de bon nombre d'entreprises privées. C'est que l'Algérie ne peut continuer à fonctionner sur la base d'un cours supérieur à 100 dollars le baril entre 2020/2021, entre 140/150 pour les lois de finances 2023/2024 selon le FMI le cours budgétaire et le prix du marché n'étant un artifice comptable. Cette faiblesse du taux de croissance a un impact sur le cadre macro social où l'éradication des zones d'ombre, des populations isolées vivant encore à l'ère de l'époque coloniale, doit été une priorité nationale à la fois pour des raisons de justice sociale mais également en évitant les fameux programmes sociaux de wilayas ayant eu un impact limité, avec des surcoûts exorbitants, donc économiques dans la mesure où toute création de richesses dépend d'entreprises innovantes. La population algérienne est passée de 12 millions en 1965, à 47 au 01 janvier 2024, il faudra créer non par décrets vision administrative mais favoriser les entreprises créatrices de richesses en levant toutes les contraintes d'environnement, dont la bureaucratie, la léthargie du système financier, le foncier, l'adaptation du système socio-éducatif, entre 350.000/400.000 emplois par an qui s'ajoute aux taux de chômage actuel, difficile à réaliser. Malgré toutes ces tensions budgétaires, le gouvernement a maintenu les transferts sociaux budgétisés, comme acte de solidarité nationale quasiment inchangés entre 2020/2024 traduisant le caractère social. D'où l'importance d'accélérer les réformes institutionnelles et microéconomiques.
2. Les conditions préalables de l'ouverture du capital des entreprises publiques
2.1- Il y a actuellement une confusion entre privatisation partielle ou totale, la démonopolisation et le partenariat public privé, chaque opération répondant à des actions spécifiques. La privatisation est une cession d'actifs, soit par appel avis d'offres ou via la bourse avec un rôle stratégique de l'Etat régulateur, des privatisations pouvant existant sans transfert de propriété. Dans le cadre d'un PPP, l'Etat verse une somme au secteur privé en contrepartie de l'offre de service et de la prise en charge éventuelle de la construction et de la gestion des infrastructures, l'Etat gardant la main, un contrat de gestion étant temporaire avec le secteur privé.
En encourageant le développement du secteur privé nouveau dans la transition vers l'économie de marché, certains pays de l'ex-bloc communiste n'ont pas privatisé mais encouragé la démonopolisation dans l'affectation des ressources financières. Quant à l'ouverture du capital des entreprises publiques, elle ne peut intervenir avec succès que si elle s'insère dans le cadre d'une cohérence et visibilité de la politique socio-économique globale et que si elle s'accompagne d'un univers concurrentiel et un dialogue soutenu entre les partenaires sociaux. C'est un acte éminemment politique et non technique car déplaçant des segments de pouvoir d'où des résistances au changement des tenants de rente sous le slogan « bradage du patrimoine national ».
La privatisation partielle ou totale doit répondre à de nombreux objectifs qui ne sont pas tous compatibles et qu'il convient de hiérarchiser dans la formulation d'un programme de privatisation pouvant varier et être adaptés en fonction du contexte international, social et économique interne et de l'activité ou de l'entreprise ce qui suppose la résolution de neuf contraintes qui doivent être levées afin d'éviter la méfiance des investisseurs sérieux , en premier lieu la corruption qui alourdit le cout des projets entre 20/30% sinon plus et éloigne les véritables investisseurs, 0, l'instabilité juridique perpétuelle, la rénovation de toutes les structures du ministère des finances à travers sa numérisation, fiscalité, domaine, banques, douane et mettre fin à une bureaucratie centrale et locale paralysante renvoyant à la refonte du système sociopolitique. L'on ne doit pas confondre privatisation et démonopolisation complémentaire, tous deux, processus éminemment politique, allant vers le désengagement de l'Etat de la sphère économique afin qu'il se consacre à son rôle de régulateur stratégique en économie de marché. La privatisation est un transfert de propriété d'unités existantes vers le secteur privé et la démonopolisation consiste à favoriser l'investissement privé nouveau.
Abderrahmane Mebtoul,
Professeur des universités,
Expert international


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