Des calculs de corrélation précis montrant que le stock des réserves de change estimées à 70 milliards de dollars fin 2023, plus de 80 si on ajoute les 173 tonnes d'or, grâce aux recettes des hydrocarbures ayant permis la croissance économique de 3/4% entre 2023/2024 directement et indirectement via essentiellement la dépense publique, tiennent la cotation officielle du dinar algérien à près de 70%. Majoritairement, elles exportent des devises au lieu d'en importer comme le voudrait la logique touristique. Aussi, pour se prémunir contre l'inflation, et donc la détérioration du dinar algérien accentue la déthésaurisation des ménages qui mettent face à la détérioration de leur pouvoir d'achat, des montants importants sur le marché, alimentant l'inflation, plaçant leur capital-argent dans l'immobilier, des biens durables à forte demande comme les pièces détachées, facilement stockables l'achat d'or ou de devises fortes. L'anticipation d'une dévaluation rampante du dinar, a un effet négatif sur toutes les sphères économiques et sociales, dont le taux d'intérêt des banques qu'elles devraient relever de plusieurs points, s'ajustant aux taux d'inflation réel et freinant, à terme, le taux d'investissement à valeur ajoutée. Quelle conclusion tirer ? Selon la Banque d'Algérie, la numérisation des paiements devrait s'orienter vers l'adoption d'une forme numérique de monnaie dont elle assurera l'émission, la gestion et le contrôle sous le nom de dinar numérique algérien. Mais l'on ne doit pas confondre la monnaie numérique avec les crypto-monnaies qui circulent sur Internet hors de toute institution bancaire, ne reposant pas sur un tiers de confiance, comme une banque centrale, n'ayant pas d'autorité centrale d'émission ni de régulation. Par ailleurs, l'opérationnalité des bureaux de change qui ne date pas d'aujourd'hui puisque les dispositions du règlement n°95-07 du 23 décembre 1995 modifiant et remplaçant le règlement n°92-04 du 2 mars 1992 relatif au contrôle des changes notamment ses articles 10 à 15, plus de 40 bureaux de change ont été agréés, aucun n'étant opérationnel, suppose une démarche progressive, la stabilité juridique et monétaire par la maîtrise du processus inflationniste, la refonte du système financier dont les banques publiques accaparent plus de 85% des crédits octroyés et que si l'écart entre l'officiel et le marché parallèle est entre 10/15% maximum. Des calculs de corrélation précis montrant que le stock des réserves de change estimées à 70 milliards de dollars fin 2023, plus de 80 si on ajoute les 173 tonnes d'or, grâce aux recettes des hydrocarbures ayant permis la croissance économique de 3/4% entre 2023/2024 directement et indirectement via essentiellement la dépense publique, tiennent la cotation officielle du dinar algérien à près de 70%. Aussi, l'on devra éviter les solutions uniquement monétaristes car la monnaie est avant tout un rapport social, traduisant le rapport confiance Etat/citoyens, étant un signe permettant les échanges ne créant pas de richesses. La richesse d'une Nation repose sur la bonne gouvernance et la valorisation du savoir Aussi, l' appréciation d'une monnaie, autant que le pouvoir d'achat des citoyens est fonction de l'accroissement de la production et de la productivité, des versements de salaires sans contreparties productives conduisant forcément à la dépréciation du dinar et à de vives tensions sociales, expliquant que l'Etat a consacré 5000 milliards de dinars en 2023 pour les transferts sociaux avec des subventions généralisées et non ciblées, au cours de 134 dinars un dollar, soit 37,31 milliards de dollars pour un PIB estimé selon la loi de Finances 2023 à 248 milliards de dollars, soit 15% du PIB avec une nette augmentation pour 2024, et cela grâce en partie aux recettes des hydrocarbures, cela ne pouvant durer dans le temps. Car le cadre macro-économique relativement stable entre 2023/2024 est éphémère sans de profondes réformes institutionnelles et micro-économiques. Les réformes par des ajustements sociaux internes seront douloureux à court terme, mais bénéfique à moyen terme aux générations futures devant profiter de cette aisance financière de court terme. Ainsi, s'impose une planification stratégique qui fait cruellement défaut et un large front national anti-crise tenant compte des différentes sensibilités et un discours de vérité. La population algérienne exige un sacrifice partagé, plus de justice sociale que l'Etat et les hommes chargés de gérer la cité donnent l'exemple, afin que les Algériens puissent avoir l'envie de construire ensemble leur pays et d'y vivre dignement. La structure des sociétés modernes s'est bâtie d'abord sur des valeurs et une morale qui a permis la création de richesses permanentes, comme nous l'ont enseigné les grands penseurs dont le grand sociologue Ibn Khaldoun qui, dans son cycle des civilisations a montré clairement que lorsque l'immoralité atteint les dirigeants qui gouvernent la Cité, c'est la décadence de toute la société. Abderrahmane Mebtoul, Professeur des universités, Expert international.