Le prix du gaz naturel sur le marché libre connaît d'importantes fluctuations où après avoir atteint plus de 200 dollars le mégawattheure au début du conflit en Ukraine, le 3 février 2024, le prix du gaz sur le marché de gros est fixé à 28,312 contre 33,200 le 05 janvier 2024. Or, l'investissement est hautement capitalistique et la rentabilité est à moyen et long terme d'où la préférence de nombreux producteurs pour des contrats à moyen et long terme révisable selon la conjoncture.Face aux nouvelles mutations énergétiques mondiales, le 7e Sommet du GECF se réunira en Algérie du 29 février au 2 mars 2024, qui verra la présence des principaux pays exportateurs mondiaux de gaz, représentant ensemble 70% des réserves mondiales de gaz prouvées, plus de 40 % de la production commercialisée, 47% des exportations par gazoducs et plus de la moitié de la commercialisation du GNL qui devraient définir la stratégie gazière entre 2024/2030/2040 au sein de la future transition énergétique. Le marché du gaz, contrairement au pétrole qui est un marché mondial est segmenté géographiquement dû à la prépondérance des canalisations ne pouvant donc pas répondre au jour le jour à l'offre et à la demande, ne pouvant donc être assimilable à l'OPEP, où la part du gaz naturel liquéfié représente en 2023 environ 35%, étant prévu 48% en 2030. Le gaz naturel a un avenir dans la mesure où sa combustion pour produire de l'énergie entraîne moins d'émissions de presque tous les types de polluants atmosphériques et de dioxyde de carbone (CO 2 ) que la combustion du charbon ou des produits pétroliers pour produire une quantité égale d'énergie. Selon des études internationales, le Mix gaz naturel, hydrogène vert, énergies renouvelables dont le solaire devrait représenter entre 60/70% de la consommation mondiale d'énergie entre 2040/2050 Le Centre international d'information sur le gaz naturel – Cedigaz évalue les réserves prouvées mondiales de gaz naturel à 205 507 milliards de m3 au 31 décembre 2022, quasiment stables (- 0,2 %) sur un an. Mais attention, les réserves se calculent par rapport au coût et à l'évolution du prix international, pouvant avoir des milliers de milliards de mètres cubes gazeux de réserves mais dont une fraction n'est pas rentable. La durée globale dépendra de plusieurs facteurs, à commencer par la consommation de gaz naturel dans le monde. De nombreux pays sont engagés dans un processus de transition énergétique. Conséquence : leur mix énergétique est amené à évoluer et le gaz naturel, comme les autres énergies « historiques », seront ramenés à cohabiter avec des énergies renouvelables. La potentielle découverte de nouveaux gisements est aussi susceptible de faire évoluer à la hausse cette moyenne. Les dernières statistiques réactualisées pour 2022 selon Sefe Energy.fr donnent par ordre pour les réserves commerciales de gaz ,: Russie 32740 milliards de mètres cubes gazeux, l'Iran 32100, le Qatar 24700, le Turkménistan 13600, les USA 12300, la Chine 8400, le Venezuela 6300, l'Arabie Saoudite 6000, les Emiraties 5900, le Nigeria 5500, l'Irak 3500, l'Algérie 2500 et le Canada 2400. Les réserves gazières sont très largement concentrées dans les pays du Proche-Orient (40 %) et en Europe (33 %), dont 23 % pour la seule Russie. Au 31 décembre 2022, le ratio mondial des réserves sur la production commercialisée ressort à environ 50 années, au rythme de la production de l'année 2022. La production commercialisé mondiale de gaz devrait augmenter de façon constante dans les 20 prochaines années, dans un contexte de réserves abondantes et d'une utilisation accrue du gaz pour produire de l'énergie. Nous devrions assister à une hausse de la demande mondiale de gaz d'au moins 2% par an, pendant plusieurs décennies, ce qui devrait porter cette demande à 4.500 milliards de mètres cubes de gaz par an d'ici 2030 contre 3861 en 2020, 4036 en 2021 et 4050 entre 2022/2023. On ne doit pas confondre réserves de gaz avec la production : exemple 15/20% devant être réinjectés dans les puits pour éviter leur assèchement, une partie étant les exportations et une autre partie étant consommation intérieure. Pour la production au niveau mondial en 2022 nous avons par ordre décroissant : USA 21027 milliards de mètres cubes gazeux, la Russie 699, l'Iran 244, la Chine 219, le Canada 205, le Qatar 170, l'Australie 162, la Norvège 128, l'Arabie Saoudite 105, l'Algérie 102, mais, la Malaisie 76 et l'Egypte 68. Entre fin 2022 et fin 2023 , nous avons la structure suivante de l'approvisionnement du marché européen par canalisation : Norvège 2022, 46,1% et fin 2023 54%- Russie 2022 17,4% et en 2023 à 17%- Algérie 2022 13,4% et en 2023 à 19% étant devenu le deuxième fournisseur de l'Europe par canalisation . Pour le GNL, nous avons la structure suivante au 01 janvier 2023 :USA 40,2% ; Russie 13,2% ; Qatar 13,1% ; Algérie 6,7% ; Norvège 6,6%. C'est que l'Union européenne importe 55,5% de sa consommation d'énergie, bien qu'elle ait réduit sa dépendance à l'égard des combustibles fossiles russes, la Russie pour contourner l'embargo s'orientant désormais vers l'Asie, la Chine et l'Inde. L'Europe a ramené les importations de gaz de 155 milliards de m3 en 2021 à environ 80 milliards de m3 en 2022 et, selon les estimations. La commission européenne se propose de réduire sa demande de gaz de plus de 18 % par rapport aux cinq années précédentes, économisant quelque 53 milliards de m3 de gaz, les objectifs législatifs ayant été fixés à une part minimale de 42,5 % d'énergies renouvelables dans l'UE d'ici à 2030, l'ambition étant d'atteindre une part de 45 %. Les objectifs d'efficacité énergétique ont également été revus à la hausse, afin de réduire la consommation d'énergie finale de 11,7 % d'ici à 2030. En conclusion, avec un monde fragmenté multipolaire, les tensions géostratégiques, les nouvelles mutations économiques mondiales dont l'intelligence artificielle qui selon les rapports internationaux déclassera pour environ 60/70% les emplois traditionnels, les mutations énergétiques le bouquet énergies renouvelables, hydrogène et gaz naturel devant représenter 70% du bouquet énergétique entre 2040/2050, ce bouleversement mondial intimement lié aux impacts du réchauffement climatique (catastrophes naturelles, incendies, inondations, pénuries d'eau douce) influe sur les méthodes de gestion des Etats. Dr Abderrahmane Mebtoul Pr des Universités