Un document daté du 23 janvier 1583 vient rappeler l'importance diplomatique et commerciale de la Régence d'Alger à l'époque ottomane. Il s'agit d'un sauf-conduit délivré à un citoyen anglais, Thomas Shingleton, par les autorités d'Alger. Ce document, rédigé en italien et en anglais, est considéré comme l'un des plus anciens témoignages écrits attestant d'une organisation administrative avancée en Afrique du Nord. Une administration structurée dès le XVIee siècle À la fin du XVIe siècle, Alger était une puissance maritime redoutée et un centre économique influent en Méditerranée. Sous la protection ottomane, elle entretenait des relations commerciales et diplomatiques avec plusieurs nations européennes. Pour sécuriser les échanges et protéger les marchands étrangers, l'administration algéroise délivrait des laissez-passer, équivalents des passeports et visas modernes. Le document en question, accordé à Thomas Shingleton, atteste de cette organisation administrative. Ce dernier, sans doute un commerçant ou un navigateur, obtenait ainsi une autorisation officielle lui permettant de circuler en toute sécurité sur le territoire algérien. Un rappel historique qui suscite l'ironie Sur les réseaux sociaux, ce document a été accompagné d'un commentaire ironique soulignant qu'Alger délivrait déjà des visas en 1583, bien avant la création de certains Etats modernes dont l'âge ne dépasse pas deux siècles. La référence à un pays voisin d'Algérie, dont l'histoire officielle insiste souvent sur une continuité millénaire, n'a pas manqué de faire réagir.Cette remarque met en évidence un fait souvent occulté : bien avant la colonisation et l'émergence des Etats modernes, Alger disposait déjà d'une administration performante, capable de gérer des relations internationales et d'assurer un contrôle sur son territoire. Un héritage méconnu à redécouvrir Si l'on parle souvent de la Régence d'Alger sous l'angle de la piraterie ou des conflits avec les puissances européennes, on oublie que son système administratif était structuré et reconnu à l'échelle internationale. Ce document, qui pourrait être l'un des plus anciens « visas » délivrés en Afrique du Nord, témoigne d'un passé riche où Alger jouait un rôle de premier plan dans la Méditerranée. Cet héritage, souvent minimisé dans les récits historiques dominants, mérite d'être redécouvert et valorisé, notamment à l'heure où l'histoire de l'Algérie continue d'être un sujet de débats et de réinterprétations.