Chaque année, juste après la première semaine de la rentrée des classes, les enseignants, les élèves et leurs parents semblent redécouvrir les méfaits des sacs trop lourds sur la colonne vertébrale des enfants. Ces derniers subissent une dose de souffrances quotidiennes et les risques qu'ils encourent pour leur santé en portant leurs cartables surchargés. Ceux-ci, selon des études récentes, ne devraient pas dépasser 10% du poids de l'élève. En effet, le dos de l'enfant et de l'adolescent est bien sûr un problème capital, à ne pas prendre à la légère, car ce dos est en pleine croissance et donc particulièrement vulnérable. La colonne n'ayant pas encore atteint sa maturité, les muscles du dos ne sont pas assez puissants pour maintenir les vertèbres en place. Alors ! parents soyez vigilants car, trop souvent dès l'enfance, la charpente osseuse est l'objet de mauvais traitements. Les avis des médecins convergent : le poids d'un cartable ne devrait, en aucun cas, dépasser 10% du poids d'un enfant. Bien qu'il n'existe pas de réglementation en la matière il faut rappeler, à titre indicatif, que la limite conseillée pour le poids d'un cartable se situe entre 10 et 15% du poids de l'enfant (cette limite de 10 % a été définie en 1977 en Allemagne par Voll et Klimt). Un débat qui ne date pas d'hier, à travers tous les pays des tentatives de limiter le poids du cartable à 3,5 kilos, ont eu lieu mais qui restent d'actualité. Même si, depuis, d'autres propositions ont été faites (mettre à disposition des casiers dans les établissements, réduire le poids des manuels scolaires ou les diviser en plusieurs volumes, donner aux enfants des manuels en double, l'un pour l'école, l'autre pour les devoirs à la maison... Ce qui veut dire que le cartable idéal pour un enfant d'environ 20 kilos ne doit pas dépasser les 2,5 kilos, pour un enfant de 30 kilos ne doit pas dépasser les 3,5 kilos et pour un enfant de 50 kilos les 6 kilos). Mais chez nous c'est le contraire qui se passe depuis quelques années, suite à ces nouvelles réformes scolaires, l'augmentation du poids du cartable a accentué cette action déletère. Les manuels scolaires, en dizaines, avec des emplois du temps trop chargés, des matières outrageuses et des fournitures excessives... Une constatation récente sur la prévention du mal de dos en milieu scolaire a montré que le poids moyen du cartable des collégiens va de 4,3 kg, pour un élève de 1ère année primaire, à 8,5 kg pour un élève de 1ère année moyenne, alors même qu'un élève de 1ère année moyenne ne pèse en moyenne que 32 kg. On est loin de la norme fixée par Voll et Klimt qui précise que le poids du cartable ne doit pas dépasser 10% du poids de l'élève. Dans les faits, «ce poids est bien souvent dépassé» nous précise un enseignant. «On se préoccupe tant du poids du cartable parce qu'il n'y a pas que l'adulte qui souffre du «mal de dos» (que l'on appelle lombagie) : quel que soit l'âge, on est tous concernés. Parce que le mobilier des écoles, collèges et lycées est souvent inadapté (la position «assis dos droit» est actuellement critiquée), le port d'un cartable entraîne une surcharge et un déséquilibre de la colonne vertébrale. Celle-ci est comme le mât d'un navire, dont les haubans seraient, en avant les muscles abdominaux, et en arrière les muscles qui se trouvent le long de la colonne vertébrale. Le port de charges trop lourdes, pesant plus d'un côté que de l'autre, exerce des contraintes mécaniques, comme en subirait le mât d'un voilier sur lequel on tirerait trop fort d'un coté. Si les haubans ne sont pas assez forts, le mât peut casser. Pour la colonne vertébrale, ce ne sera pas la cassure, mais l'hernie discale, dont la lombagie est en quelque sorte un signe d'alarme, dira Dr. Mamri, spécialiste en orthopédie et traumatologie. «Il serait très important en milieu scolaire, lors des visites médicales, qu'il y ait un dépistage systématique des scolioses, cet examen ne prend que quelques secondes et il permettrait une prise en charge plus précoce de cette pathologie, qui peut avoir des conséquences très lourdes» a-t-il ajouté. « Mais le poids n'est pas seul coupable, d'autres facteurs ont été identifiés : une mauvaise utilisation (sur une seule épaule et non les deux), le temps de port du cartable, le surpoids, la survenue de traumatismes, les antécédents familiaux, la sédentarité ou, à l'inverse, la pratique intensive de certains sports comme le football, la gymnastique ou le volley-ball… Les filles sont également plus touchées que les garçons sans qu'on puisse réellement expliquer cette différence commente le Dr Mamri. Pour prévenir et remédier à ce problème de cartable trop lourd, il existe des moyens simples, mais efficaces. Par exemple, si les emplois du temps étaient mieux pensés, si tu disposais d'un casier ou encore si tu avais tous tes livres en double (un pour la maison, un pour la classe) ou même un e-book, ce serait déjà nettement mieux, non? Sinon, débrouille-toi pour alléger ton sac. Enfin, si tu souffres déjà du dos, en plus d'alléger ton cartable, n'oublie pas d'éviter les mauvaises positions pour les actes courants de la vie, de muscler tes abdos (les meilleurs haubans de la colonne vertébrale) et de faire des exercices d'assouplissement des muscles du dos et des étirements. Le meilleur remède reste la prévention. Il faut apprendre à l'enfant à gérer son cartable « L'économie de la colonne n'est pas innée, elle s'apprend comme un geste professionnel, conclut le Dr. Mamri.