Les cours du pétrole ont continué, vendredi, à enfoncer à la baisse de nouveaux seuils, passant sous 80 dollars le baril, à New York, et sous les 75 dollars à Londres, alors que les perspectives de demande rétrécissent à vue d'oeil. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude» pour livraison en novembre a fini à 77,70 dollars, perdant 8,89 dollars sur son cours de clôture de la veille. A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord, pour la même échéance, a terminé à 74,09 dollars, cédant 8,57 dollars. Tombés sous 80 dollars, à Londres, durant les échanges asiatiques, les cours du pétrole ont plongé, à leur tour, sous ce seuil à New York, après l'ouverture calamiteuse de Wall Street, qui a momentanément chuté de plus de 6% et a franchi la barre des 8 000 points, pour la première fois depuis avril 2003. Alors que l'ensemble des Bourses mondiales étaient, à nouveau, gagnées par la panique, le pétrole a plongé jusqu'à 73,14 dollars à Londres et 77,09 dollars à New York, des plus bas depuis un an. Par rapport à ses records historiques du 11 juillet, à plus de 147 dollars, le pétrole a abandonné près de la moitié de sa valeur. «Les cours du pétrole bougent, en affinité, avec les marchés d'actions, baissant quand le moral des marchés financiers faiblit. En attendant que les conditions de crédit se normalisent, il y a peu de chances que les prix du pétrole se déconnectent de la faiblesse des marchés d'actions», a souligné Harry Tchilinguirian, analyste de la banque BNP Paribas. Mais l'effondrement des actions ne fait qu'attiser les craintes sur l'état du marché pétrolier: Le brut enfonce les planchers de prix au fur à mesure que se dégradent les perspectives de croissance économique et, avec elles, les prévisions de demande d'énergie. «La faiblesse de la demande, cet été, dans la plupart des pays de l'OCDE, face à un prix du baril élevé, est désormais relayée par des perspectives économiques en berne et par une crise financière risquant de placer en récession les économies de l'OCDE», où la demande devrait chuter de 2,2% en 2008, a ainsi souligné l'Agence internationale de l'énergie (AIE), dans son rapport mensuel. Sachant cela l'AIE a, de nouveau, abaissé sa prévision de demande mondiale, pour 2008 et 2009, à, respectivement, 86,5 millions de barils par jour (mbj) et 87,2 mbj. La demande mondiale de pétrole devrait croître encore cette année, mais à peine: de +0,5% ou 0,4 mbj. Pessimistes, les analystes de Deutsche Bank estiment que le baril pourrait tomber jusqu'à 60 dollars. Toutefois, pour certains observateurs les prix sont désormais trop bas, même en tenant compte du déclin de la demande dans les pays industrialisés. «Les échanges sur les marchés se font en fonction de la peur, qui a balayé la réalité de l'offre et la demande», estime, ainsi, Nimit Khamar, de la maison de courtage Sucden, qui s'attend à de nouvelles baisses de prix. La dégringolade alarme les producteurs de pétrole, qui voient leurs revenus fondre à grande vitesse, alors qu'ils subissent une forte hausse de leurs coûts de production. Face au péril, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a annoncé qu'elle tiendrait une réunion d'urgence le 18 novembre à Vienne, «pour discuter de la crise financière mondiale» et de son «impact sur le marché pétrolier». Tout porte à croire qu'elle baissera sa production, pour l'ajuster à une demande chancelante. Le marché semble, cependant, douter de l'efficacité d'une riposte. «Pourquoi les marchés prendraient-ils l'Opep au sérieux, quand les dominos s'effondrent dans le monde entier?», s'est ainsi interrogé Phil Flynn, d'Alaron Trading.