L'Algérie est à l'abri de la crise financière mondiale et elle doit même tirer profit de cette situation. Tel est le constat fait unanimement par les experts algériens, en se basant sur plusieurs facteurs liés à l'économie nationale. A ce propos, ils estiment que cette crise qui secoue actuellement les principales places financières dans le monde, constitue une opportunité favorable à l'investissement étranger en Algérie. Dans ce sens M. Ferfera Mustapha, le directeur général de la Bourse d'Alger, souligne que les conditions rendant attractif le marché algérien pour les IDE et les mouvements de capitaux. Tout en affirmant la «sûreté» et la «pérennité» du système bancaire et financier algérien grâce aux mesures prudentielles auxquelles ont recours les banques algériennes. Il a ajouté que le système financier algérien n'est pas «intégré» dans le système international et ne peut pas être «affecté» par ce dernier. M. Ferfera a expliqué que tant que la crise résiderait dans le système financier, notamment la bourse, l'Algérie «sera épargnée» par ses aléas. Précisant davantage sa pensée sur les raisons qui maintiennent le système financier algérien à l'abri des fluctuations et des perturbations du système international, le même responsable a fait observer que la Bourse d'Alger, en terme de capitalisation, enregistre actuellement deux titres (Aurassi et Saidal) qui donnent lieu à une valeur capitalisée du marché de 6,4 milliards de DA, soit moins de 1 pour 1000 du produit intérieur brut (PIB). «Ce qui n'engendre aucun impact direct sur l'économie nationale», a-t-il enchaîné. Sur d'autres chapitres, le directeur de la bourse d'Alger, a observé que le système bancaire algérien est domestique, étant composé de banques commerciales qui n'interviennent pas sur les marchés internationaux. Ce qui permettra de maintenir une situation consolidée de fonds propres et une trésorerie excédentaire s'élevant à plus de 15 milliards de dollars d'excès de liquidités. Le matelas financier, relativement important, des réserves de change, qui s'élèvent à plus de 137 milliards de dollars, soit près de cinq années d'importation, et qui sont gérées par la Banque d'Algérie selon une stratégie basée sur la sécurité du capital – elles sont placées dans des actifs souverains garantis par les Etats – est également, selon le DG de la Bourse d'Alger, un «atout incitatif» à l'investissement en Algérie qui présente un marché stable au moment où la majorité des places boursières connaissent d'importantes perturbations dont on ignore encore l'issue. De plus la convertibilité commerciale du dinar, et la stabilité de son taux de change réel, ont permis à l'économie algérienne de «minimiser les risques inhérents aux fluctuations du taux de change». Il a, en outre, informé que le taux d'inflation, maîtrisé à un niveau de 4%, et le taux de croissance de l'économie, se situant depuis des années à des niveaux de 5%, constituent un référentiel de choix pour les investisseurs étrangers, cherchant à «fuir les aléas de la crise financière et à fructifier leurs fonds». De son coté M. Arslan Chikhaoui, responsable du bureau d'études «Nord-Sud Ventures» et expert des questions économiques internationales, estime que la crise actuelle est une crise «systémique» du système financier international et non pas du marché. Tout en soulignant que cette dernière pourrait avoir un impact positif sur l'Algérie, en ce sens que notre pays présente actuellement des atouts indéniables pour l'attrait de capitaux étrangers, dont le plus important est la stabilité de son système financier et de son marché vierge, a-t-il précisé, se disant «convaincu» que le gouvernement «ne changera pas de cap». M. Chikhaoui, qui a souligné, par ailleurs, que le gouvernement algérien a «bien» apprécié la crise, l'invite à cet égard à saisir en «temps réel» l'opportunité que lui offre cette crise pour attirer les capitaux étrangers en créant aux investisseurs les conditions les plus favorables. «C'est toujours pendant les moments de crise qu'on fait les meilleures affaires», a-t-il fait remarquer, en invitant, à ce propos, tant le gouvernement que les entreprises publiques et privées à se lancer dans des placements sûrs, tels que les bons du trésors. Il a souligné que le marché international peut retrouver sa sérénité et la crise s'estomper progressivement, à partir de janvier prochain, après l'investiture de la nouvelle administration américaine, quelle que soit sa couleur politique.