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Le mouvement nationaliste alg?rien dans le Nord (1947-1957)
Publié dans La Nouvelle République le 18 - 10 - 2008


Repères généraux
La chronologie dans ce domaine est désormais établie avec précision. Sans se référer à la longue chaîne des insurrections qui scandent l'occupation coloniale, on peut considérer que les cellules de jeunes qui se constituèrent au début de 1943 dans le périmètre du grand Alger préfiguraient, par leur structuration, une organisation activise. Organisés par Mohamed Belouizdad et Saïd Amrani, les jeunes de «l'Organisation» collectèrent des fonds, du matériel d'imprimerie, voire des armes. Lors de la libération de Messali Hadj, en avril 1943, le parti se reconstitua autour des trois composantes suivantes, le «vieux PPA», héritier de l'Etoile nord-africaine, les jeunes de l'Organisation et les membres du CARNA (comité d'action révolutionnaire nord-africain) à qui l'on pardonna leurs faiblesses, pour les puissances de l'Axe au début de la guerre. Les manifestations du 1er mai 1945 furent encadrées par le service d'ordre du PPA qui ne constituait, absolument pas, un appareil à ovation militaire. Les comportements de la foule, prise pour cible par les forces de police à Sétif, relevèrent, selon Annie Rey-Goldzeiger de la réaction de «paysans déstabilisés» qui reprenaient la vieille arme religieuse, le djihad 2. Devant l'ampleur de la répression, le PPA décida de rompre l'isolement du Constantinois, en déclenchant l'action armée, partout en Algérie. L'ordre d'insurrection générale fut lancé les 23 et 24 mai. Les responsables rejoignirent les différentes régions. En fait, le parti fut totalement désorganisé, sa direction entièrement coupée des militants. Finalement, le trio qui assurait la direction du parti, Hadj Cherchelli, Saïd Amrani et Chawki Mostephaï, prirent la décision d'annuler l'ordre d'insurrection 3. Pour Annie Rey-Goldzeiger, «cette affaire empoisonnera l'atmosphère de la direction du PPA, provoquant, même, une première scission entre les «activistes» et les politiques».
Des militants se réfugièrent dans les djebels et constituèrent les premiers maquis, notamment en Kabylie et en Oranie. Une chose est certaine, le 8 mai 1945 a imposé chez les nationalistes algériens l'idée que le recours à la lutte armée est inéluctable. Celle-ci et sa préparation, vont tenir une place grandissante dans les débats internes du parti.
La participation du PPA sous l'étiquette du Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD) aux élections à l'Assemblée nationale, en novembre 1946, illustra, à la fois, la popularité du parti et ses difficultés internes.
La transformation du PPA, organisation semi-clandestine, en parti «classique» apparaissant désormais au grand jour, n'allait pas sans difficulté. La mutation s'avérait parfois difficile car nombre de militants demeuraient attachés aux formes anciennes. Ainsi, Mahfoud Kaddache insiste sur le fait que de nombreux «militants formés à l'action de propagande, aux techniques de pénétration et d'encadrement de masse, à l'activisme plus qu'à l'action politique, n'étaient pas enthousiasmés par la participation de leur parti aux élections».
Deux rencontres importantes, une conférence nationale des cadres en décembre 1946, suivie d'un congrès national, furent organisées. Le débat s'avéra vif et les réflexions aboutirent aux dispositifs suivants :
- continuation des activités clandestines du PPA ;
- création d'une organisation spéciale, l'OS.
La majorité du mouvement se prononçait, donc, pour une stratégie combinant le travail légal et le travail clandestin. C'est, du moins, l'impression que l'on ressent à la lecture des résolutions. Ce type de décision évoque, évidemment, les stratégies du mouvement communiste international dans les années vingt.
L'étape suivante du débat survint lors de la réunion du comité central du parti, en décembre 1948. Le responsable de l'organisation paramilitaire, Hocine Aït Ahmed, fut chargé d'élaborer un rapport sur les problèmes tactiques et stratégiques de la guerre populaire. En fait, le texte présentait une analyse globale du parti et de sa stratégie, comme le soulignait son introduction.
«Les leçons que nous tirons ne peuvent être, uniquement, celles de l'OS en tant que structure spécialisée, elles sont, aussi, celles du mouvement de libération saisi dans sa phase actuelle, ses erreurs et ses rapports avec l'OS. L'OS est l'angle idéal qui permet d'entrevoir, appréhender et préciser les perspectives réelles de la révolution 5». Le texte commence par une réfutation des différentes approches de la lutte armée. Celle-ci ne sera, ni un soulèvement de masse, ni un terrorisme généralisé. Elle ne peut se résumer en la constitution d'une zone franche. Aït Ahmed opte pour la «guerre populaire», c'est-à-dire la guerre des partisans, menée par les avant-gardes militairement organisées des masses populaires, elles-mêmes politiquement mobilisées et solidement encadrées.
Ce modèle, pour lequel Aït Ahmed mobilise de multiples références, de Clausewitz à Lidell Hart, en passant par Engels, n'est pas sans évoquer la situation chinoise ou vietnamienne.
Elle est de, fait, assez étrangère aux autres composantes du mouvement, Messali et la vieille garde, qui demeurent, au fond, fidèles à une stratégie type IIIe Internationale, l'action militaire n'est qu'un moyen parmi d'autres, et aux secteurs réformistes dont l'idéal semble se rapprocher du modèle politique républicain traditionnel 6.
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Néanmoins, le rapport est discuté lors d'un comité central élargi qui se déroule en décembre 1948. La direction du parti conforte Aït Ahmed dans sa mission.
L'OS va donc se développer et commencer à réaliser ses premières actions.
Selon Mahfoud Kaddache, l'organisation structura entre 1 00 et 1 500 hommes qui reçurent une formation politique et militaire. Des entraînements et des manœuvres furent organisés. La première action d'envergure fut l'attaque de la poste d'Oran pour procurer des fonds permettant d'acquérir des armes.
D'autres actions spectaculaires furent tentées. A la fin de 1949, l'OS essaya de faire sauter à Cacherou le monument à la mémoire de l'Emir Abd el-Kader inauguré par le gouverneur général Naegelen.
En mars 1950, la police réussit à remonter les réseaux de l'OS. Le parti nia l'existence de la structure clandestine. Il s'agissait sans doute de l'unique solution possible pour le PPA-MTLD s'il souhaitait préserver son appareil légal. Celui-ci fut ainsi en mesure d'organiser la solidarité et la lutte contre la répression, ce qui n'empêcha pas les clandestins de l'OS de ressentir l'impression d'avoir été lâchés. La répression toucha 400 militants sur 3 000. Ceux qui s'échappèrent se réfugièrent dans la clandestinité, certains dans les maquis, d'autres en France et d'autres au Caire. Bien entendu, la répression s'exerça au-delà des cercles de l'appareil clandestin et de nombreux militants légaux en subirent les effets rigoureux. Les réactions se firent plus ou moins divergentes.
La direction du MTLD organisa une campagne de soutien extrêmement importante dont le vecteur fut le Comité de soutien aux victimes de la répression (CSVR). Les autorités françaises s'attaquèrent aux moyens de propagande. Les numéros du journal du Parti, l'Algérie Libre, étaient régulièrement saisis.
En 1953, les signes qui indiquaient à la fois la mobilisation de l'appareil clandestin et la mise sur pied d'une structure militaire se produisirent dans un contexte particulièrement tendu qui peut se résumer en deux dates.
Le 14 juillet 1953, la police parisienne tirait sur le cortège du MTLD. On relevait sept morts (5 Algériens et 2 Français) et une centaine de blessés. Le PCF protesta contre la répression.
Au cours du mois d'août, la déposition du sultan du Maroc provoquait une profonde émotion parmi les peuples d'Afrique du Nord et dans l'immigration.
A ces deux événements qu indiquaient combien l'écart se creusait entre le pouvoir colonial et les peuples d'Afrique du Nord, s'ajoutait la question récurrente depuis 1948 de la partition de la Palestine. Tous les ingrédients semblaient réunis pour un affrontement ouvert.
Automne 1955 : préparation
de la lutte armée dans les mines du Nord et dans le borinage
Plusieurs auteurs avaient signalé l'existence de préparatifs à l'action armée en métropole et particulièrement dans le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais, au cours de l'été 1953. Le témoignage le plus circonstancié et le plus fiable émane du préfet Jean Vaujour qui exerça les fonctions de directeur de la sécurité générale en Algérie entre 1953 et 1955.
Dans ses mémoires, il a abondamment cité un rapport de synthèse qu'il avait rédigé en avril 1954 qui s'intitulait les Commandos nord-africains 7. Cette étude présentait une synthèse de l'ensemble des informations recueillies par les services français et s'intéressait de près à la constitution de commandos nord-africains placés sous l'égide de l'émir Abdelkrim et de son frère M'hamed El-Khattabi. Ce projet résultait d'une décision de Messali Hadj qui, depuis 1951, était convaincu de la nécessité de la lutte armée dans une perspective maghrébine. Il s'agissait de constituer avec l'aide de l'Egypte une force militaire capable de mener la guérilla en Afrique du Nord.
Dans ce document de trente-six pages abondamment cité par l'auteur, il était fait mention de camps d'entraînement organisés dans l'immigration Le rapport du haut-fonctionnaire indiquait que le MTLD-PPA donnait une instruction militaire qui consistait en des exercices sur le terrain (évolution en colonnes, commandements militaires) et en chambre (maniement de la matraque et du couteau, théorie sur rôle des guetteurs, action des patrouilles et pratique de la guérilla). Une instruction similaire aurait été dispensée dans les camps nord-africains des Houillères d'Ostricourt, Evin-Malmaison, Courcelles-les-Lens et à la cité Raboussart, à Libercourt. Ces communes sont situées dans une zone entre Hénin-Liétard à l'ouest, Douai au sud et Lille au nord.
Le rapport concluait en précisant que «la fédération métropolitaine du PPA-MTLD envisage de créer un groupe de combat qui comprendrait 50 hommes parmi les plus courageux». Au niveau régional, le rapport de synthèse du directeur départemental des services de police mettait surtout l'accent sur les événements survenus à Ostricourt :
«Il convient enfin de signaler, bien que cette information ne soit pas en corrélation avec les événements d'Afrique du Nord que le MTLD tente d'inculquer, depuis quelque temps, une discipline plus ferme, voire militaire, à ses militants. C'est ainsi qu'à plusieurs reprises, les Nord-Africains du camp Raboussart d'Ostricourt (60 à 70) se sont livrés aux exercices prévus par l'école des soldats sans armes. Cette forme d'activité n'a plus été observée depuis la fin des conflits sociaux». 8
La note 2 399 des RG du 12 septembre 1953 donne des informations encore plus précises sur cette affaire : «A Ostricourt au camp Raboussart, on a aperçu à de nombreuses reprises presque l'effectif du camp, se livrer dans les dépendances dudit camp aux exercices prévus par l'école du soldat sans armes. Les intéressés qui ne cherchaient pas à se dissimuler) manœuvraient en colonne par quatre et obéissaient aux commandements habituels donnés en langue arabe : «Garde-à-vous – repos – section halte – demi-tour à droite etc ». Les séances duraient plusieurs heures le soir et l'instructeur était un nommé Bachir, mineur à la fosse 7. Des exercices similaires se seraient déroulés à la cantine de l'Offlarde sous la direction de B. Mohammed.
«Les mêmes exercices ont eu lieu à une plus grande échelle au camp des Six-Drèves, où se situe le principal centre d'activité de la région.»
Le 29 août, le chef de la brigade de gendarmerie d'Ostricourt rédigeait une fiche de renseignements à partir de sources qu'il précisait (commerçants) pour indiquer que le soir «certains adeptes (du MTLD) se seraient exercés à l'emploi du couteau sur un mannequin représentant soit un caïd, soit un gendarme, soit un policier».
(Suivra)


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