Le 8 mai 1945, dans tous les pays vainqueurs du nazisme, la joie était indescriptible et incommensurable. En effet, la capitulation avait scellé la fin d'un cauchemar ayant duré plus de cinq longues années. L'information sur la chute de Berlin, la signature de Reims, la fin des combats s'était propagée telle une traînée de poudre. Et pourtant, l'Algérie ce jour-là s'engouffrait dans un précipice. Les autorités coloniales avaient demandé la célébration de la victoire alliée sur tout le territoire, terre française selon eux, aux couleurs de la France et de ses alliés, mais avaient, en même temps, interdit aux autres de déployer leur emblème. L'historien français Jean-Louis Planche pose alors la question : « Mais sera-t-il possible, un jour pareil, d'exalter la passion nationaliste des uns et de refréner celle des autres ? ». Pour répondre à cette question, il faut essayer de comprendre comment la politique coloniale avait évolué jusqu'à cette période précise. Eh bien, les recherches menées ont montré que les colonialistes exerçaient une domination sans vergogne sur des indigènes. Durant toute la période coloniale ceux-là exigeaient de ceux-ci une soumission sans réserves. Pour les colonialistes la seule conduite possible était celle décrite par l'historienne Annie Rey Goldzeiguer en parlant de contact entre le colon et l'indigène : « le contact, le colon l'a nécessairement, car il ne peut se passer de la main d'œuvre. Il vit de et par les Algériens dont il partage de façon inégalitaire le sol ». Néanmoins, pour élucider ce qui s'était passé en 1945, il est important qu'il y ait au moins, selon moi, trois parties à décrire. En effet, pour comprendre le parcours des indigènes et des colonialistes depuis la défaite française de 1940 jusqu'aux massacres de Sétif et Guelma, posons la question de savoir comment a été d'abord accueillie la nouvelle de la défaite de part et d'autre ? Pendant les cinq années qui ont suivi la défaite, beaucoup de choses avaient évidemment bougé notamment l'évolution des positions sur la guerre et sur l'avenir de l'Algérie. Le 8 mai n'était-il pas la conséquence du non rapprochement des visions des uns et des autres ? Et quelle a été la réaction du régime colonial au lendemain de la manifestation ? En effet, après la défaite française, les français d'Algérie trouvaient en Pétain le chef qui allait leur rendre le peu d'espace perdu lors du simulacre de réformes du front populaire. Pour eux, la défaite n'était que celle de la troisième république qui avait perdu du terrain face à la gauche, leur ennemie jurée. Partant, cette défaite était par ricochet leur victoire. Louis Bertrand a résumé le sentiment général des français d'Algérie : « Nous Français somme chez nous en Algérie. Nous nous sommes rendus maîtres du pays par la force. Nous avons pu organiser le pays et cette organisation affirme encore l'idée de supériorité du vainqueur sur le vaincu, du civilisé sur l'homme inférieur. Nous sommes les légitimes propriétaires du pays ». Quant aux algériens, cette défaite avait scindé le courant nationaliste indépendantiste en deux. Le courant majoritaire représenté par Messali selon lequel un soutien au nazisme aurait conduit à une autre forme de domination. Donc pas de compromis avec Hitler. Et un autre groupe de jeunes militants du PPA, en créant le comité d'action révolutionnaire nord-africaine (CANRA) dirigé par Belkacem Radjef et Mohamed Taleb, avait demandé aux Allemands de les former. Non que Messali ait refusé de collaborer mais avait sommé les membres du CANRA de démissionner du parti. Désormais, la situation provoquée par l'occupation de la France avait laissé les colonialistes davantage maîtres du pays. Dans une note remise au Maréchal Pétain, au retour d'une tournée en Afrique du nord, l'Amiral Darlan avait écrit : « L'indigène de l'Algérie surtout est misérable. Cela éclate à l'œil nu quand on parcourt les rues d'Alger ». Cette situation était due à l'accélération des exportations de nourriture en direction de la France et pour l'entretien de l'armée allemande. Comparant le niveau de vie des habitants d'Algérie, A.R. Goldzeiguer précise : « la comparaison avec l'aisance des colons et la nourriture de leurs troupeaux alimente la colère générale. Les jeunes, surtout, comprennent que pour échapper à la faim et à la misère, ils ne peuvent compter que sur eux-mêmes et ils vont écouter les discours des jeunes militants qui parlent de luttes politiques et veulent se libérer du joug colonial. ». Par ailleurs, à partir de 1942, une infime minorité des français d'Algérie avait commencé à suivre le combat auquel appelait le général de Gaulle. En réponse à cette invitation, le journal Echo d'Oran de septembre 1942 se permettait même l'insulte : « quant à vous, monsieur de Gaulle, qui traînez dans la honte et dans le sang les lambeaux d'un uniforme français, vous êtes un misérable, un traître et un assassin ». Quant aux aborigènes, la position était péremptoire. Avant qu'une quelconque mobilisation soit décrétée et sachant, par ailleurs, que l'indigène n'était utilisé, par le passé, que pour se servir de chair à canon, un message avait été signé par Ferhat Abbas et par quelques notables, le 22 décembre 1942. Il avait été remis aux autorités et aux alliés en demandant : « avant que les musulmans d'Algérie ne consentent aux sacrifices que l'entrée en guerre annonce, ces derniers demandent qu'ils soient assurés de se battre pour leur propre affranchissement politique et ne restent pas privés des droits et des libertés essentielles dont jouissent les autres habitants de ce pays ». Ainsi, la mobilisation du début 1943 avait eu un écho favorable auprès des indigènes : 173000 hommes dont 87500 engagés avait constitué leur apport à l'effort de guerre. En revanche, moins d'un an après cet élan, la nomination du général Catroux avait mis fin à l'espoir d'une émancipation réelle. Pour A.R Goldzeiguer, l'internement des chefs aurait permis, pensait-il (Catroux), de stopper toute velléité des militants à demander des réformes. Il s'agissait, à l'époque, des réformes qui n'allaient pas au delà de l'égalité comme l'a écrit Belaid Abdeslam dans son livre, le hasard et l'histoire : « ce n'était pas toujours facile, parce que, pour le milieu intellectuel de l'époque, parler de l'indépendance de l'Algérie était quelque chose de déraisonnable : il fallait être un fou pour parler de cela ». Pour toute réponse, le CFLN avait proposé quelques réformes, mais de Gaulle avait fermé la porte, d'après goldzeiguer, à toute idée d'indépendance ou même d'autonomie des colonies et avait rejeté toute possibilité d'évoluer hors du bloc de l'empire. En effet, la réforme du 7 mars 1944 avait permis l'octroi du statut de citoyen à quelque 60000 indigènes. Il y avait en outre le partage des Algériens en deux collèges. Le premier comportait les français auquel il intégrait les musulmans de droit français. Le second réunissait une masse qui deviendra, en 1962, le peuple Algérien indépendant. Par ailleurs, une semaine après avoir pris connaissance de ces réformes, le mouvement des Amis du Manifeste et de la Liberté était créé. Le mouvement s'était fixé comme objectif de rassembler tous les Algériens. Pari réussi puisque en un temps record le mouvement avait enregistré plus de 500000 adhérents. Dans son congrès du 2au 4 mars 1945, les trois tendances du mouvement du mouvement y participaient, à savoir le PPA, les ulémas et les partisans de Ferhat Abbas. La résolution adoptée était la suivante : « le bureau regrette que le manifeste et son additif établis par tous les élus et représentants musulmans à la demande des pouvoirs publics,le 23 juin 1943, ait été repoussé et n'ait provoqué que la réforme électorale du 7 mars 1944 ». Le mois de mai avait été le plus grand malheur que l'Algérie ait connu jusqu'alors. A vrai dire, les massacres avaient commencé bien avant le 8. Car avant de fêter l'armistice, les algériens voulaient comme à l'accoutumée célébrer la fête du travail. Lors des différents défilés, sur tout le territoire national, un mot d'ordre revenait tel un leitmotiv : libérer les prisonniers politiques. Les slogans dénonçaient également la déportation de Messali à Brazaville. A Sétif le cortège était estimé à prés de 5000 personnes, chiffre cité par le commissaire divisionnaire M. Bergé. D'après le même rapport la dispersion s'était faite dans le calme. A Guelma, le comité des AML avait demandé de s'intégrer dans le cortège de la CGT, mais les dirigeants syndicaux, d'après J.L Planche, avaient refusé nettement. Ainsi à Guelma la marche avait revêtu un autre cachet : Les responsables avaient demandé aux indigènes de marcher silencieusement. Il faut noter qu'à Sétif et Guelma, il n'y avait aucun incident à déplorer. En revanche les manifestants d'Alger et d'Oran avaient payé une lourde facture en exaltant leur joie. En effet, à Alger, les forces de police avait établi des barrages et tiraient sur les manifestants dés l'apparition du drapeau algérien. Lors d'une enquête menée par Henri Alleg : « il y avait eu quatre morts et sept autres qui ne survivront que quelques jours à leur blessure ». Ce même jour un autre fait a été relevé par A.R Goldzeiguer : « les Européens des abords de la rue d'Isly ont non seulement barricadé leurs balcons, mais des coups de feu ont été tirés sur les manifestants ». À Oran également, l'intervention de la police avait provoqué une bagarre qui s'était terminée par un mort et plusieurs blessés du coté des manifestants. Pendant toute la semaine des rencontres avaient lieu, du coté des nationalistes, pour évaluer la situation provoquée par la répression d'Alger et d'Oran. En effet, le 8 mai 1945, Beaucoup de comités AML, selon J.L Planche, avaient renoncé à manifester en Oranie et dans l'Algérois pour éviter sans doute à leurs coreligionnaires les accrochages sanglants du 1 mai. En plus de cela, le complot dit Gazagne, du nom du secrétaire général du gouvernement général, avait éliminé à Alger et à Oran les cadres dirigeants et les militants les plus solides des AML et du PPA. Par contre, à Sétif et à Guelma où, le 1 mai ayant été sans incidents, la proposition d'organiser un défilé n'avait suscité aucune méfiance. Ainsi, à Guelma et à Sétif les gens allaient à la marche sans douter qu'un cauchemar les attendait. A Sétif, le 8 mai, à 8 heures du matin, environs 2000 personnes étaient rassemblées devant la mosquée de la gare. Profitant du jour du marché hebdomadaire, les organisateurs avaient rappelé aux paysans venus des villages de déposer tout ce qui pouvait être une arme (coteau, hache, faux...). Derrière les drapeaux des alliés, les jeunes scouts étaient au premier rang suivis des porteurs de la gerbe de fleurs, et les militants suivaient juste derrière pour éviter tout débordement de la masse paysanne. A la vue d'un drapeau algérien, d'après le général Tubert, celui-ci avait été déployé en cours de route, les policiers avaient jailli du barrage et avaient attaqué la foule pour s'emparer du drapeau. Un militant avait expliqué que le drapeau étant sacré, il est impossible de le remiser une fois sorti. Selon J.L Planche : « c'est à ce moment que tout dérape quand un inspecteur tire, tue le porte drapeau et deux coups de feu en soutien partent du café de France. Dans la panique provoquée par les premiers coups de feu, à d'autres fenêtres des Européens tirent à leur tour sur la foule ». Bien que la panique ait gagné l'ensemble des manifestants, un militant avait sonné le clairon pour que la gerbe de fleurs soit déposée. Cela se passait à 10 heures du matin. Le car de la gendarmerie ayant eu du retard était arrivé et s'était dirigé en direction des manifestants fauchant les présents, écrit A.R. Goldzeiguer. A Guelma, à 16 heures, un rassemblement s'était organisé hors de la ville. Les militants AML attendaient, en fait, les instructions venant de Annaba. A 17 heures le cortège s'était ébranlé avec les pancartes célébrant la victoire des alliés ainsi que leurs drapeaux entourant l'algérien. Arrivé à l'actuelle rue du 8 mai, le cortège avait été arrêté par le sous préfet Achiary. Pour Boucif Mekhaled, il ne restait plus que 500 mètres pour atteindre le monument aux morts. Le sous préfet, Achiary -futur chef de l'OAS créé à Madrid en 1961 -, hors de lui avait intimé l'ordre de jeter les pancartes, drapeaux et banderoles. Un socialiste nommé Fauqueux avait râlé auprès du sous préfet : « alors, monsieur le sous préfet est ce qu'il y a ici la France ou pas ? ». selon J.L Planche : « comme sous un coup de fouet, Achiary saisit le revolver dont il s'est armé, entre dans la foule droit sur le porte drapeau et tire. Son escorte ouvre le feu sur le cortège qui s'enfuit, découvrant dans son reflux le corps du jeune Boumaza ». Cependant, suite aux assassinats à Sétif et à Guelma, des groupes d'indigènes avaient, dans leur repli, tué des Européens qui n'étaient pas forcément les plus hostiles à leur émancipation. La réponse française à la colère des indigène ne s'était, en tout cas, pas fait attendre en mobilisant les forces de police, de gendarmerie, des miliciens et des militaires. Déjà le 9 mai, à Sétif, 35 Algériens ont été abattus parce qu'ils ne savaient pas qu'un couvre feu avait été établi. Le rapport du commissaire divisionnaire, M. Bergé, expliquait que chaque mouvement jugé suspect provoquait le tir. Dans une enquête effectuée par M. Esplass le 15 mai sur la localité de Sétif disait : « les musulmans ne peuvent circuler sauf s'ils portent un brassard blanc délivré par les autorités et justifications d'un emploi dans un service public. » Le 9 mai, à Guelma, la milice dirigée par Achiary avait tenu sa première séance au cours de laquelle l'adjoint Garrivet proposait : « Nous allons étudier la liste des personnes à juger. Commençons par nos anciens élèves ». Selon A.R Goldzeiguer : « la perquisition au local des AML a permis de saisir les listes nominatives des responsables et militants, tous suspects, qui seront incarcérés, souvent torturés, et exécutés par fournée ». D'ailleurs, dans un article signé Guy Pervillé, professeur à l'université de Toulouse (dans un de ses livres il a essayé de prouver que les harkis étaient six fois supérieurs au nombre de combattants en omettant de dire que la majorité des Algériens était pour le FLN), reconnaît que la répression des manifestations était féroce. Il admet la conclusion de Marcel Reggui selon laquelle le sous préfet Achiary et le préfet de Constantine avaient fait disparaître les cadavres des victimes dans des fours à chaux. En effet, à Héliopolis -village baptisé par le général Bedeau au début de la conquête estimant qu'il fallait renvoyer les indigènes pour faire installer les colons-, le 21 mai, la gendarmerie avait décidé de nettoyer la ville de Guelma avant l'arrivée du ministre de l'intérieur de l'époque, Adrien Tixier. J.L planche explique la manœuvre du sous préfet Achiary : « avec l'avenue de l'été, la chaleur monte. Faute de les avoir tous enterrés assez profond ou brûlés, trop de cadavres ont été jetés dans un fossé, à peine recouverts d'une pelletée de terre. Les débris humains sont transportés par camion. Le transport est effectué avec l'aide de la gendarmerie de Guelma pendant la nuit. Les restes des 500 musulmans ont été amenés au lieu dit (fontaine chaude) et brûlés dans un four à chaux avec des branches d'oliviers. Le four appartient à monsieur Lepori ». Pendant six semaines les autorités coloniales avaient utilisé tous les moyens pour aller au bout d'une résistance inexistante. Le 11 mai, trois B26 avaient intervenu à la bombe et à la mitrailleuse pour, croyait-on, dégager la ville. Selon A.R goldzeiguer, le général Weiss, chef de la cinquième région aérienne, avait ordonné le 13 mai le bombardement des rassemblements des indigènes sur les routes et à proximité des villages. L'aviation, disait-il(Weiss), avait aidé à déloger les rebelles des positions qu'ils occupaient dans des régions inaccessibles. La marine non plus n'était pas restée à l'écart. En effet, dés le 10 mai, les fusiliers avaient débarqué dans la région de Cap Aokas. Au crépuscule, les tirs répétés résonnaient jusqu'à Alger. Par ailleurs, pour justifier cette intervention musclée, les autorités coloniales avaient essayé d'imputer la responsabilité des massacres aux AML et au PPA qui voulaient préparer une insurrection. Mais, après la saignée du complot Gazagne consistant à arrêter les vrais responsables du PPA, ce parti pouvait-il lancer un mot d'ordre alors que son encadrement était paralysé et son président déporté au Congo ? Quant aux AML, le matin même du 8 mai, son président et son secrétaire général, Ferhat Abbas, s'étaient rendus au siège du gouvernement général pour féliciter les autorités de la victoire des alliés. Autre fait à signaler : le seul haut responsable PPA en liberté était Debaghine. Plus tard, dans une réunion du bureau clandestin, Debaghine a justifié sa non implication aux événements : « comment aurais-je pu prendre la responsabilité d'une insurrection alors que je venais d'envoyer mon père et ma femme à Sétif où ils se trouvaient le 8 mai ». Pour prouver que les événements du 8 mai étaient un complot ourdi par le secrétaire du gouvernement général, A.R Goldzeiguer se demande dans son livre pourquoi, à l'intérieur du quadrilatère (Béjaia, Constantine, Annaba, Souk Ahras), la région située entre Sétif et Guelma, n'a-t-elle pas connue une flambée de violence des deux points chauds ? Elle répond : « l'émeute n'a pas gagné ces villes et centres pourtant très politisés, tenus en main par les AML et surtout par le PPA ». Les rapports ultérieurs ont même disculpé les responsables du PPA en disant que ces derniers avaient joué un rôle modérateur et avaient évité des affrontements à Constantine par exemple. Pour conclure, on peut retenir que les événements de Sétif et Guelma étaient un résultat de l'accumulation des causes remontant jusqu'à la conquête et à la domination effrénée des colons. De façon générale, la colonisation en Algérie a été régie par la violence et les responsables n'incarnaient nullement la dimension de la civilisation française. En 1884 déjà, le rapport de Jules ferry était nettement clair : « il est difficile de faire entendre au colon européen qu'il existe d'autres droits que les siens en pays arabe, et que l'indigène n'est pas taillable et corvéable à merci. Si la violence n'est pas dans les actes, elle est dans le langage et dans les sentiments. On sent qu'il gronde encore au fond des cœurs un flot mal apaisé de rancune, de dédain et de crainte ». Autre point que le régime colonial avait négligé était flagrant. En effet, malgré les efforts fournis par les indigènes, lors des deux guerres mondiales, pour que la France ait pu garder son rang de puissance mondiale, les français d'Algérie voyaient dans toutes les réformes un danger qui les guettait. D'ailleurs, en commentant les réformes du mois de mars 1944, un professeur de droit à la faculté d'Alger expliquait à ses étudiants : « ce n'est pas l'Islam qui est venu à la citoyenneté française, c'est elle qui s'est pliée jusqu'à lui ». Enfin, bien que les causes politiques n'aient pas été considérées plus tard comme fondées, les chantres du coloniasme se rabattaient alors sur les causes économiques. Or à Sétif, par exemple, la zone sud, plus sèche n'avait pas trop bougé. Par contre la zone nord, bien arrosée et riche, la révolte s'était répandue telle une traînée de poudre. La meilleure explication a été donnée par A.R Goldzeiguer : « il est remarquable que le mouvement insurrectionnel n'ait pas gagné des régions aussi sensibles que le sud Constantinois, le sud algérois, le littoral. Le soulèvement du 8 mai est un moindre mal, car il est une fausse manœuvre. Il aurait été autrement tragique si le PPA y avait participé ». Le seul succès colonial c'est que cette fois-ci le sang pur ait abreuvé leurs sillons. Ait Benali Boubekeur, pour Sétif.info Sources : Annie Rey- Goldzeiguer : aux origines du mouvement national, Jean Louis planche : Sétif 1945, un massacre annoncé, Boucif Mekhaled : chroniques d'un massacre, Marcel Reggui : les massacres de Guelma, Revue “Histoire” avril 2007.