Plagions Huxley pour une fois en choisissant ce titre. Dans ce «Meilleur des mondes» (tout à fait différent de celui d'Aldous) on peut, d'ores et déjà, s'exclamer: «Quelle joie de vivre et de mourir libre et en toute sécurité !», tel serait le rêve de l'humanité. Toutefois, ce que nous constatons dans ce nouveau désordre mondial, c'est que l'homme a perdu sa raison d'exister. Il s'est pris à son propre jeu. Le rêve (ou «progrès») tant espéré afin d'alléger le lourd fardeau supporté pendant tant de siècles (enfin «réalisé» ?), l'a finalement dénaturé au point où l'automatisme l'a emporté sur la réflexion. Le mécanicisme a supplanté l'introspectionnisme. Et pourtant on se plaît à le répéter, bon gré mal gré, que ce nouvel ordre cherche à parfaire le monde. Donc, ces nouveaux «concepteurs» ont tout réglé. Ils ne cherchent que le «bonheur» de l'humanité. Pour eux, ce monde est absolument parfait, paradisiaque. Tout a été prévu, planifié, prévenu, répertorié, sécurisé, réglementé, cerné, désinfecté, tarifé, numérisé, contrôlé, surveillé... La liberté de consommer la vie et de vivre librement est totale ; il suffit d'avoir les moyens, de se contenter de peu ou d'utiliser des moyens détournés. Ce monde là est «génial», on s'y sent partout libre et en sécurité. Tout a été pensé pour le bien-être et la protection maximale, rien de déplaisant ne peut survenir. Les sacro-saints principes de précaution permettent une prévention optimisée qui élimine tous les facteurs de risques, même imprévus par la météorologie spatiale et les sciences économiques avancées. Loin de nous ce cauchemar. Heureusement que ça se passe ailleurs.