Il effectue en tout quatre voyages en tant que navigateur au service des Rois catholiques espagnols (Isabelle de Castille et Ferdinand d'Aragon), qui le nomment avant son premier départ amiral, vice-roi des Indes et gouverneur général des îles et terre ferme qu'il découvrirait. La découverte de l'espace caraïbe marque le début de la colonisation de l'Amérique par les Européens et fait de Colomb un acteur majeur des Grandes Découvertes des XVe et XVIe siècles, considérées comme l'étape majeure entre le Moyen Age et les Temps modernes. Bien qu'aujourd'hui universellement connu comme l'homme qui a «découvert l'Amérique», où il accoste pour la première fois dans la nuit du 11 au 12 octobre 1492, il meurt, le 20 mai 1506 à Valladolid (Espagne), en relative disgrâce, ses prérogatives sur les terres découvertes étant contestées. Il a été toujours persuadé d'avoir atteint les Indes, le but originel de son expédition. Les historiens dressent le portrait d'un marin hors pair, «un des meilleurs navigateurs de tous les temps», ou même «le plus grand marin de tous les temps», mais «piètre politicien». Il apparaît «comme un homme de grande foi, profondément attaché à ses convictions, pénétré de religiosité, acharné à défendre et à exalter le christianisme partout». Origine et jeunesse Le lieu de naissance de Colomb est incertain mais il est aujourd'hui considéré comme d'origine ligure, des environs de Gênes. Cette origine génoise du navigateur est établie au sein de la communauté des historiens depuis la fin du XIXe siècle, et plus exactement en 1892 pour le 400e anniversaire de sa découverte de l'Amérique. Les parents de Christophe Colomb s'appellent Domenico Colomb et Suzana Fontanarossa, dans la république de Gênes. Il est très tôt influencé par le Livre des merveilles du monde, écrit par le chevalier anglais, Jean de Mandeville, entre 1355 et 1357 (pendant la guerre de Cent ans), à son retour de voyage en Extrême-Orient, à partir de ses propres observations et de récits de missionnaires franciscains et dominicains. Jean de Mandeville voyagea en Égypte, en Palestine, en Inde, en Asie centrale et en Chine, entre 1322 et 1356 (soit sur une période de 34 ans, ce qui était considérable pour l'époque). Le Livre des merveilles du monde fut diffusé dans la société occidentale à 250 exemplaires en de nombreuses langues vernaculaires. Même si Jean de Mandeville fut parfois qualifié d'affabulateur de génie ou d'imposteur par certains commentateurs continentaux en raison de ses plagiats, son livre eut certainement une grande influence en Occident. Colomb avait aussi un exemplaire de l'Imago mundi du cardinal Pierre d'Ailly (1410) qu'il a abondamment commenté en marge. Ses débuts dans la marine (1476) En 1476, il embarque sur un convoi en partance pour Lisbonne puis l'Angleterre. Le convoi est attaqué par les Français et Christophe Colomb se réfugie dans la ville portugaise de Lagos puis part chez son frère, cartographe à Lisbonne. Il épouse, en 1479, Dona Felipa Perestrello Moniz d'une famille de noblesse portugaise, fille de Bartolomeu Perestrelo, l'un des découvreurs des îles de Madère et de Porto Santo, avec qui commença la colonisation en 1419-1420. Felipa meurt peu de temps après la naissance de leur seul fils, Diego Colomb, né en 1480 sur l'île Madère (Colomb aura un second fils, en 1488, Fernand, né d'une liaison avec Beatriz Enriquez de Arana). Christophe Colomb se perfectionne, alors, dans les sciences de la navigation, avec les cartes que son épouse avait apportées en dot : les cartes des vents et des courants des possessions portugaises de l'Atlantique qui appartenaient à Bartolomeu Perestrelo en voyageant notamment pour le roi portugais en Afrique. Son projet de voyage aux Indes par l'ouest C'est aux alentours de 1484 que Colomb forme l'idée de passer par l'Atlantique pour aller aux Indes («rejoindre le Levant par le Ponant»). Il est, en effet, connu depuis les Grecs anciens que la Terre est ronde, et Eratosthène avait donné une estimation à peu près exacte de sa circonférence. Mais les textes grecs sont mal connus à l'époque, et c'est sur les mesures de Pierre d'Ailly que Colomb se base. Pierre d'Ailly reprend lui-même les travaux plus anciens d'Al-Farghani, et estime le degré terrestre à 56 milles 2/3 (soit un équateur de 30 000 kilomètres environ). Or, les Arabes utilisaient un mille de 1 973 mètres et non le mille romain de 1 482 mètres. Selon les mots de Michel Balard «lumineuse erreur qui permet au navigateur de réduire les distances entre les Canaries et l'extrémité orientale du continent asiatique !». Une grande partie de la communauté scientifique de l'époque estime réalisable un tel voyage et Jacques Heers précise : « (...) Les idées de Colomb ne s'inscrivent pas à contre-courant. Tout au contraire, elles nous paraissent exactement l'expression normale de la pensée géographique de son époque.». Ce qui distingue le projet du navigateur des hypothèses des érudits du temps – géographes et humanistes – qui estiment tous très probable l'existence d'îles nombreuses, voire même de terres plus vastes plus loin à l'ouest dans la mer océane c'est son but : atteindre les rivages de la Chine et avant cela le Japon, soit le royaume du Cathay et Cipangu tels que décrit par Marco Polo. Un groupe d'experts choisi par le roi Jean II rejette cependant son projet sans appel. Colomb va alors tenter sa chance en Castille au milieu de 1485. Il se rend avec son fils au monastère de La Rábida à Palos de la Frontera, où deux moines auxquels il se lie, Juan Pérez et Antonio de Marchena, lui suggèrent de se rendre à Cordoue auprès de la reine Isabelle de Castille. Il est reçu par celle-ci, en janvier 1486, mais une réponse négative lui est à nouveau rendue en 1490. En 1491, sa demande est en passe d'être acceptée mais sa trop grande ambition fait échouer sa quête, il veut notamment être vice-roi de toutes les terres découvertes et obtenir un titre de noblesse. C'est grâce à l'intervention du trésorier de la maison du roi que le projet est approuvé par la reine, quand il met en balance les retombées économiques potentielles – la découverte d'une nouvelle route vers les Indes permettrait de s'affranchir des intermédiaires musulmans et orientaux – comparées à la modeste mise de fond initiale requise. Premier voyage (1492-1493) Le voyage inaugural de Colomb est celui qui est le mieux connu des historiens. Comme l'écrit Jacques Heers : «Pour nous en tenir au temps de Colomb, de tous les voyages maritimes du temps (...), aucun ne peut être connu (...) avec tant de minutie et de sérieux.» Deux documents écrits permettent de suivre les navires de l'explorateur : le Journal, dans la version donnée par Bartolomé de Las Casas, et la lettre à Santangel, écrite le 14 février 1493 sur la route du retour, sorte de bilan de son expédition adressée en Espagne. Par ailleurs, à compter de 1938, l'amiral américain Samuel Eliot Morison a entrepris de refaire le périple du Génois et a pu, en ce qui concerne le premier voyage, « pointer sur la carte la position des navires chaque soir». Le 3 août 1492, Colomb est au départ à Palos de la Frontera (Huelva) avec 3 navires — 2 caravelles, la Pinta et la Niña, et une nef, la Santa Maria — et pas plus de 90 membres d'équipage. Alicia Gould Quincy a réussi dans les années 1920 à dresser une liste de 87 noms. Une première escale a lieu aux Canaries, à Las Palmas de Gran Canaria du 9 août au 6 septembre, (la route du sud a été choisie pour éviter les croisières portugaises au large des Açores). Le 12 octobre, après une traversée quasi parfaite, la terre est en vue, et Colomb la baptise du nom du Christ : San Salvador (Guanahani). Première rencontre avec les indigènes que Colomb nomme «Indiens» d'après la conception du continent qu'il croyait aborder ; ceux-ci lui indiquent que de l'or se trouve sur une grande île au sud-est. Le 23 octobre, Colomb perd de vue la Pinta, il accuse alors son capitaine Martín Alonso Pinzón d'avoir déserté. Le 28 octobre, Colomb découvre Cuba, qu'il nomme Juana en l'honneur de la fille des Rois catholiques. Il pense connaître parfaitement sa position sur le continent asiatique. Alors que seul un mousse est à la barre de la Santa Maria – au mépris de toutes les règles de la marine – le navire vient s'échouer sur un récif dans la nuit du 24 au 25 décembre 1492. Le navire est perdu et seule l'aide des Indiens permet de débarquer dans l'urgence la plus grande partie de la cargaison. Il doit se résoudre à laisser 39 hommes sur place dans un petit fortin construit dans la baie de La Navidad, édifié avec le bois récupéré sur le navire échoué.