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l?OPEP de plus en plus marginalis?e ?
Face ? la crise mondiale,
Publié dans La Nouvelle République le 22 - 11 - 2008

La réduction, récente, de diminuer de 1,5 million de barils-jour n'a pas aussi réussi à freiner la baisse des cours, qui ont atteint le pic de plus de 147 dollars le baril, car il est maintenant établi qu'au-delà de 80/100 dollars cela reflétait des bulles financières, et non les fondamentaux. Aussi, même si les membres de l'Opep tombent d'accord sur une baisse drastique des quotas de production, lors de leur prochaine réunion, au Caire, fin novembre 2008, et à Oran le 17 décembre 2008, date où l'Algérie ne sera plus présidente de l'OPEP, il n'est pas certain que cela suffise à enrayer la chute des cours. Si, en temps normal, les interventions de l'Opep pour maintenir les cours connaissent un certain succès, ce n'est pas le cas en temps de crise, comme en 1998 et en 2001, quand la croissance mondiale avait ralenti, passant sous les 2%. Car, les plus grands pays producteurs, depuis 10 ans, qui ne sont pas ceux de l'OPEP, ne commercialisent sur le marché mondial, en moyenne 2005/2008 que 40/45%, 60/55% se faisant hors OPEP. C'est dans ce cadre que je recense sept facteurs, intiment liés, qui sont les fondamentaux de l'explication du prix du pétrole, le prix du gaz étant indexé sur celui du pétrole, et il n'est pas pensable une OPEP gaz à court terme car, à la différence du marché pétrolier, c'est un marché régional segmenté (prépondérance des canalisations, plus de 70% de la commercialisation mondiale) supposant une généralisation des GNL avec une importante flotte de méthaniers.
1.- Le premier facteur, pour 60 à 70%, est le niveau de croissance de l'économie mondiale. Après avoir prévu, le 8 octobre 2008, le taux de croissance de l'économie mondiale, pour 2009, d'environ 3% et des taux de croissance légèrement positifs pour les USA/Europe, 6% pour l'Asie, le FMI le 7 novembre 2008, vient de revoir encore à la baisse le taux de croissance USA/Europe, l'évaluant à moins 0,3%, avec des incidences sur les pays émergents, dont moins de 6% pour l'Asie, surtout avec la récession japonaise, ce qui montre que la crise est profonde. Car, les pays émergents, notamment asiatiques, comme la Chine, l'Inde (1/3 de la population mondiale mais dont la demande solvable,bien qu'en augmentation, reste faible, malgré un important marché intérieur) qui tirent la croissance de l'économie mondiale, risquent de subir brutalement cette récession. Pour preuve, la Chine, dont les recettes fiscales chuteront en 2009, vient de dégager, le 9 novembre 2008, un montant d'environ 590 milliards de dollars pour parer à la crise. Pour preuve de cette interdépendance de l'économie mondiale arrimant les pays émergents, l'étude de cabinet Ernest Young, de mars 2008, sur 1 000 plus grosses capitalisations boursières, 221 viennent des pays émergents.
Les USA représentent le un quart de la consommation mondiale d'hydrocarbures et ajouté avec celle des pays développés, (produisant plus de 70% de la richesse mondiale), nous aurons plus de 60% de la demande mondiale, la Chine, le Japon et l'Inde étant forment connectés à l'économie européenne et surtout américaine, pour leurs exportations, malgré un important marché intérieur, mais dont la demande solvable est faible, les couches moyennes étant en voie de formation. La forte consommation des pays du Moyen-Orient pour des unités pétrochimiques ne doit pas faire illusion car la production, du fait de leurs faibles populations, elle même étant destinée, largement, au marché mondial. Aussi, la baisse du taux de croissance de l'économie mondiale se répercute, par ricochet, sur la demande des hydrocarbures, qui devrait baisser, selon les estimations, entre 30 et 40% en 2009. La récession de l'économie mondiale prolongée entraînerait, inéluctablement, une baisse de la demande mondiale des hydrocarbures et, par là, une chute du cours du brent, le prix de cession du gaz déjà sous évalué de 50% par rapport au cours du brent et, donc, un manque à gagner pour l'Algérie, remettant en cause ses programmes de dépenses publiques, qui représentent plus de 85% du total des dépenses. Car, la chute du cours touchera des pays comme le Nigeria, l'Iran, l'Algérie, le Vénézuéla
2.- Deuxième facteur : le niveau des réserves, tenant des consommations mondiales, devrait s'épuiser entre 20/40 ans selon les pays et la structuration, serait, selon certaines prospectives, la suivante : la part du pétrole et du gaz passerait respectivement, entre 2000 et 2040, de 40 et 22% à 20 et 25%, avec le retour du charbon 25% (dont la durée de vie varie entre 150/200 ans) expliquant la stratégie américaine à la fois de geler son exploitation de charbon, dont les réserves prouvées uniquement en charbon sont le double, en termes d'efficacité énergétique, que les réserves d'Arabie saoudite - et d'étendre son influence politique et militaire sur les régions à forte potentialités énergétiques (Moyen-Orient).
3.-Troisième facteur : les phénomènes spéculatifs boursiers, la stratégie notamment de lobbys influents du groupe texan, actuellement au pouvoir aux USA, à un prix bas en deçà d'un certain seuil pour éviter la fermeture des puits marginaux, notamment au Texas, (le programme énergétique du nouveau président américain démocrate qui reproche aux dirigeants républicains (notamment le groupe pétrolier texan qui contrôle Exxon, d'être un allié stratégique des pays de l'OPEP qui demandent le relèvement du prix du pétrole (l'Iran, le Venezuela, le Nigeria et l'Algérie représentent moins du 1/3 de la production OPEP).
Il n'est pas à exclure, à l'avenir, des pressions sur l'Arabie saoudite et certains pays du Golfe pour briser la cohérence de l'OPEP, qui, d'ailleurs, ont largement préparé l'après-pétrole à travers leurs fonds souverains, avec une population extrêmement faible et des revenus élevés, d'autant plus que les pays hors OPEP, la Russie qui est le premier producteur mondial, de pétrole (consommation plus exportation), et le premier en gaz, est contre une diminution de la production. Concernant l'Algérie, la durée des réserves algériennes de pétrole représente 1% des réserves mondiales, et le gaz 2,5%.
4.- Quatrième facteur lié : les taxes des pays développés dans le prix final à la pompe peuvent représenter, selon les pays développés, entre 50 et 70%, ces Etats s'accaparant, ainsi, une fraction importante de la rente pétrolière et gazière pour alimenter leurs budgets, mais en valeur relative soyons réalistes dans le total du budget relativement faible.
5.- Cinquième facteur : les tensions géopolitiques avec le Venezuela, le bouclier antimissile américain en Europe et la réponse de la Russie à travers la stratégie de Gazprom, sans oublier certaines tensions avec les ex-républiques soviétiques où transite le gaz russe, au Moyen-Orient et avec l'Iran, porte de l'Asie, puissance régionale à terme, grand producteur, influençant certains pays riverains à grandes potentialités énergétiques (chiites) et surtout contrôlant une grande partie du passage maritime des exportations des hydrocarbures des principaux pays du Golfe à travers le détroit d'Ormuz, dont les réserves mondiales sont de plus de 60% de la planète. Sans oublier pour le cas présent , les conflits internes au Nigeria, ce pays produisant selon l'agence internationale de l'Energie dans son dernier rapport 2007 moins de 2 millions de barils jour accusant un déficit de plus de 800 000 barils jours et la situation actuelle en Irak (hors OPEP) ce pays étant le deuxième exportateur mondial potentiel après l'Arabie saoudite avec des réserves colossales, à un coût très bas qui avec son retour sur le marché mondial contribuerait à affaiblir les prix d'autant plus qu'elle est contrôlée par les Occidentaux et qu'elle a besoin de financement pour sa reconstruction.
6.- Le sixième facteur est la valeur réelle du brent en termes de parité de pouvoir d'achat par la prise en compte tant de l'inflation mondiale que des fluctuations du dollar et de l'euro qui ont des répercutions directes sur la valeur monétaire lorsqu'on sait que ces huit dernières années le dollar s'est déprécié d'environ de 50% par rapport à l'euro, un cours du brent de 100 dollars équivalant en termes de parité euros à 50 euros, en précisant que n'existe pas de corrélations strictes de 100% entre la dépréciation ou l'appréciation du dollar et la dépréciation ou l'appréciation du cours du brent comme en témoigne l'histoire pétrolière mondiale mais une corrélation seulement de 20/30%.
7.- Septième facteur la stratégie future des pays développés qui repose sur deux éléments : le premier élément est la protection de l'environnement par l'application des accords de Kyoto pour en accordant la priorité à une énergie propre, le gaz et aux énergies renouvelables (l'avenir étant le solaire), Et dans le cas d'un bas prix du pétrole qui décourage les investissements dans ces énergies de substitution, les analystes sérieux montrant que pour un cours du baril à prix constant 2008 de 60/70 dollars les investissements sont rentables.
Le deuxième élément lié au précédent concerne les économies d'énergie qui accusent une avancée dans les pays développés, la commission de Bruxelles extrapolant sur une économie d'énergie d'environ 20% en misant sur l'efficacité énergétique des bâtiments qui représentent une consommation de plus de 40% pour le chauffage- l'eau chaude – le refroidissement et l'éclairage. L'objectif stratégique selon le programme du nouveau président US est de mettre fin à la dépendance énergétique en pétrole des Etats-Unis vis-à-vis du Moyen-Orient d'ici à 10 ans, tout au plus d'ici 20 ans d'au-moins 40%). Ainsi, si ces objectifs sont atteints horizon 2020, la consommation de pétrole USA plus Europe devrait diminuer de 40%. Reste, donc, à savoir l'avenir de la consommation de la Chine et de l'Inde.
En conclusion : en diminuant encore sa production, l'OPEP, étant traversée par des courants divergents, risque encore de perdre des parts de marché sans influencer fortement le prix sur le marché mondial. La crise étant profonde, elle durera si des solutions sont apportées jusqu'à fin 2010. Dans le cas contraire, nous nous retrouverions dans le même scénario de la crise des années 1929 où l'onde de choc s'est fait sentir entre 1932/81933.
D'une manière générale, cette situation interpelle l'Algérie pour une réorientation urgente de toute la politique économique et sociale fondée sur l'unique dépense monétaire sans se soucier des coûts et des impacts économiques et sociaux .Pour preuve, même le FMI est désemparé : il a établi un taux de croissance pour l'Algérie de plus de plus de 4% pour les années 2008/2009, sur la base d'un cours du pétrole de 110/120 dollars, vient de revoir à la baisse le 9 novembre 2008 à moins de 3% pour 2008 et moins de 2% pour 2009 et ce, malgré des dépenses monétaires dépassant entre 2004/2009 plus de 200 milliards de dollars. Le ministre des Finances, le 12 novembre 2008, vient de lever un important voile en annonçant que 135 milliards de dollars des réserves de change de l'Algérie (plus de 90%) sont placés à l'étranger.
Aussi, quelle est donc la marge de manœuvre de l'Algérie face à cette crise entre 2009/2010 d'autant plus qu'avec un cours de 60 dollars, les recettes de Sonatrach seront d'environ 40 milliards de dollars,(moins avec un cours de 50 dollars) et avec son autofinancement, le surplus versé au Trésor serait moins de 25 milliards de dollars alors que les dépenses annuelles actuelles dépassent 60/70 milliards de dollars US ?. Un cours du brent inférieur à 70/80 dollars impliquera, donc, des révisions déchirantes.


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