Le procès de El-Hachemi Rabah, «l'ex-émir» de la région de Yakourène, à l'est du chef-lieu de la wilaya de Tizi Ouzou, a été renvoyé avant-hier à la prochaine session criminelle. La défense de l'accusé, repenti de son état depuis la fin de l'année 2007, ne s'est pas présentée devant le tribunal criminel près la cour de Tizi Ouzou où était programmée cette affaire liée au terrorisme. Selon l'arrêt de renvoi de la chambre d'accusation, l'ex-émir de Yakourène est poursuivi pour «intégration et appartenance à un groupe terroriste semant la peur et la terreur au sein de la population» et «séquestration de personnes (kidnappings) suivies de demandes de rançons». Les faits remontent au 28 mars 2007 dans la paisible localité de Yakourène, une région connue pour sa vaste forêt qui a longtemps servi de base arrière aux «égarés du droit chemin», poursuit le document de la chambre d'accusation, lorsque deux personnes, B. Kader et A. Madjid, à bord d'un véhicule, furent, au détour d'un virage, surpris par un groupe d'individus armés en plein milieu de la chaussée leur intimant l'ordre de s'arrêter. C'était à la mi-journée, poursuit le document. «Ce jour là, témoigne B. Kader, cité dans l'arrêt de renvoi, j'étais en compagnie d'un ami, A. Madjid, entrepreneur de son état, à bord d'un véhicule, sur le chemin menant au village Ibelaidène (Yakourène) avant de tomber nez à nez avec ce groupe d'individus (terroristes), une quinzaine, fortement armés, dans un faux barrage dressé en plein jour, aux environs de 12h 30. Sitôt leur forfait accompli, ces derniers nous ont séquestré, dans un endroit «sûr», des heures durant, avant qu'ils ne se ravisent à me libérer», poursuit B Kader dans sa version des faits, indiquant que son ami, A. Madjid, n'a retrouvé les siens, sain et sauf, que quatre jours plus tard, après que (sa) famille ait versé une forte somme d'argent, une rançon d'un montant d'un milliard de centimes. Selon toujours le même document, le frère de la victime (A. Madjid, ndlr) a laissé entendre qu'il a été contacté par les ravisseurs de son frère le jour même de l'enlèvement, vers 8h du soir par téléphone. Un contact au cours duquel les terroristes ont exigé une rançon contre la libération de l'entrepreneur. «On nous a demandé un milliard de centimes», dira le frère de la victime, également cité dans l'arrêt de renvoi de la chambre d'accusation. Les ravisseurs de mon frère, a-t-il poursuivi, m'ont même indiqué l'endroit où a été abandonné le véhicule volé, à Chaouffa, sur la RN 12 dans la localité de Mekla. De son côté, A. Madjid a soutenu avoir été enlevé ce jour là, le 28 mars 2007, par un groupe armé composé de 15 individus âgées entre 17 et 40 ans. Il a été enfermé dans un taudis en plein milieu de la forêt, et parmi les membres de ce groupe armé, certains étaient bien habillés, d'autres portant des tenues afghanes, tous munis d'armes de différents types, des Kalachnikov et des fusils de chasse L'accusé, El-Hachemi Rabah, a, pour sa part, déclaré avoir rejoint les maquis en 2004, plus précisément au mois d'avril et a activé dans la Seriet El-Marikh, un groupe affilié à une organisation du Royaume chérifien jusqu'en 2007, soit à sa reddition aux forces de sécurité de la wilaya de Tizi Ouzou. Indiquant qu'il n'a à son actif aucun acte criminel, il se contentaito de véhiculer le saint Coran et de louer les bienfaits de la prière. Devant le tribunal criminel, l'accusé a nié les faits qui lui sont reprochés, notamment l'enlèvement de A Madjid. Une version des faits vite démentie par la victime qui a soutenu qu'il a été bel et bien kidnappé par un groupe terroriste dont l'accusé faisait partie. L'audience a été suspendue et l'affaire renvoyée à une date ultérieure, à la prochaine session criminelle, en l'absence de la défense de l'accusé.