En effet, les récentes découvertes autour des terres africaines, par l'océan Atlantique et l'océan Indien, avaient fait de la navigation le domaine de prédilection des Portugais très ambitieux. Comme beaucoup de ses contemporains, Vasco de Gama eut à étudier la géographie des anciens comme Strabon et Ptolémée avant d'être captivé par les écrits d'Amerigo Vespucci le navigateur italien (1454-1512). Il appartenait, d'autre part, à une prestigieuse école de navigation européenne de l'époque. Epoque qui était caractérisée comme on sait par la découverte de nombreuses terres (le Nouveau Monde, de très nombreuses îles et côtes …) par des marins intrépides et ambitieux. Bien sûr, ces derniers étaient poussés, épaulés et protégés par leurs Etats comme l'Espagne et le Portugal, entre autres pays très intéressées par la possession de nouveaux territoires et l'exploitation de leurs richesses (l'Eldorado). La période qui s'étend de la fin de ses études et la grande expédition de 1497 n'est pas très connue non plus. Vasco de Gama se fit remarquer, cependant, en rendant d'importants services au roi Jean II du Portugal, notamment en saisissant les navires des corsaires français qui pillaient les convois chargés d'or de retour d'Afrique. Jean II bénéficiait alors d'importants renseignements : Bartolomeu Diaz venait de passer enfin et après d'immenses efforts de découvrir le cap de Bonne-Espérance (Afrique du Sud) tandis que les explorateurs terrestres, Covilha et de Paiva, partis à travers le monde arabe, avaient pu élaborer une carte de la côte orientale de l'Afrique. En 1495, Jean II décida d'une nouvelle expédition qui devait cette fois-ci atteindre l'Inde et en confia le commandement à Vasco de Gama. Il avait alors 26 ou 27 ans. Cependant, le roi mourut peu après et le projet fut ajourné. Deux ans plus tard, le nouveau roi, Manuel Ier, le rappela en janvier 1497 et lui confia une flotte composée de trois lourdes nefs, d'une caravelle et de 160 hommes, ainsi que des lettres pour les souverains autochtones dans les terres qu'il découvrirait. Après une cérémonie en grande pompe au mois de juin, l'expédition quitta l'embouchure du Tage le 8 juillet en direction du sud-est à travers l'océan Atlantique. Péripéties du premier voyage Rapidement, Vasco de Gama fit mettre les voiles vers le large et évita les mauvais vents côtiers qui gênaient l'avance des bateaux. Il doubla les îles du Cap-Vert, au large des côtes africaines, au début du mois d'août, puis continua vers le sud-ouest, le dos à l'Afrique. Ce n'est qu'au 31e parallèle, presque à la latitude du cap qu'il retourna vers l'est, poussé par des vents favorables qui soufflaient dans ces eaux océanes. Il fit escale dans la première semaine du mois de novembre à Sainte-Hélène où il resta avec ses hommes pendant une semaine, puis entreprit de franchir le fameux cap le 22 avec les difficultés auxquelles évidemment il s'attendait. Il passa les fêtes de noël dans un havre qu'il nomma ainsi Natal (actuellement la ville de Durban), puis atteignit, enfin, au début de février 1498 les côtes décrites par le navigateur Covilha. Il s'agissait d'une zone très favorable au commerce qui avait enrichi auparavant les royaumes frontaliers grâce au commerce de l'or, de l'ivoire, mais aussi des esclaves, ce qui était très fréquent à l'époque. Ce commerce était essentiellement arbitré par des marchands arabes venus surtout d'Oman ou du Yémen, mais intéressait aussi les rois africains, les Indiens et les Chinois (qui avaient exploré cette côte au début du XVe siècle). Les deux grands ports étaient Mogadiscio (que Gama atteignit en mars) et Kilwa où dominaient les ressortissants arabes. Vasco de Gama fit l'amère constatation de ne pas y trouver le légendaire prêtre Jean que tous les Européens rêvaient de rencontrer (sans doute, s'agissait-il du roi d(Ethiopie). Il dût au contraire endurer les mauvais traitements à cause du mauvais comportement affiché envers les autochtones de la région. Ce n'est que plus au nord, arrivé à Mélinde qu'il sympathisa avec le sultan local qui lui confia un pilote italien pour l'aider dans son voyage vers l'est. Le 24 avril, il quitta cette contrée d'Afrique inhospitalière et coupa au large vers la côte de Malabar. Le 19 mai, il arrivait, enfin, sur la côte du Dekkan et mouilla à Calicut, dans le sous-continent indien. Il avait atteint son but, après d'intenses et louables efforts qui durèrent de longs mois. Dans le sous-continent indien Dans Calicut, Vasco de Gama fit la connaissance d'un marchand tunisien qui parlait la langue espagnole et qui allait le conduire au chef local qui gouvernait le territoire. Après avoir envoyé deux émissaires annoncer son arrivée, ce potentat autochtone vint à sa rencontre et le reçut avec les honneurs réservés aux ambassadeurs des plus grands monarques. Lors de l'entrevue, il fut surtout question de nouvelles relations commerciales, qui intéressait au plus haut point les nouveaux arrivants européens. Cependant l'enthousiasme du chef de tribu finit par inquiéter les marchands arabes qui représentaient une proportion importante de ses sujets et ces derniers surent le convaincre que Gama était venu pour pillage ce qui était loin d'être faux. Après quelques heures d'arrestation, Gama fut autorisé à retourner à ses navires, et moyennant une prise d'otage, il fit libérer ceux de son équipage encore retenus. Puis, il leva l'ancre le 27 août 1498 pour reprendre le chemin du retour. Le retour en Europe Le retour de cette expédition ne fut pas très facile, bien au contraire. Les vents qui soufflaient constamment ne furent guère favorables et le moral des compagnons de Vasco de Gama était très bas. Certes, le but qu'il s'était assigné était atteint, mais le voyage ne constituait pas un exploit, en lui-même, aux yeux du navigateur portugais. Les Européens avaient nettement sous-estimé l'organisation et l'économie de la région et ils semblaient bien être le dernier peuple arrivé dans la presqu'île indienne. Après avoir embarqué un ambassadeur du sultan de Mélinde, Gama prit la route vers le Portugal qu'il atteignit au mois de septembre. Le voyage en aller et retour avait duré plus de deux années complètes. A l'arrivée de la petite flotte dans les rivages portugais, le roi Manuel reçut son chef avec la plus grande magnificence. C'est ainsi que de nombreuses fêtes furent célébrées et le roi fit aussitôt armer une nouvelle escadre, beaucoup plus importante, qu'il confia à Pedro Alvares Cabral (1467-1526) et dont le but était de prendre possession des terres et du monopole commercial par la force. On sait que ce dernier mit la main sur le Mozambique, en Afrique, et colonisa le Brésil qui devint, dès lors, une possession portugaise. Celle nouvelle expédition eut lieu entre mars 1500 et juillet 1501 et confirma l'utilisation de la force et des armes par les Européens pour s'implanter dans les terres d'Outre-mer. Encore une autre expédition maritime Vasco de Gama repartit, une nouvelle fois, pour l'Inde en février 1502 avec cette fois-ci une flotte de 23 bateaux, ce qui lui permit de soumettre les royaumes de la côte orientale de l'Afrique. Désormais, il avançait en semant la terreur, brûlant notamment les navires arabes avec leur équipage. Arrivé en Inde, il effraya un roitelet local qui, pourtant, concédait au profit des Portugais l'établissement d'un comptoir commercial, en bombardant impitoyablement la ville et en organisant un blocus pour la contraindre à se rendre. Finalement, il rentra après quelques mois, chargé de butins, à Lisbonne en décembre 1503, en laissant une petite armée portugaise sous le commandement dans le pays pour le soumettre. Le roi du Portugal confia l'expédition suivante à un autre marin et conquérant, Alphonso de Albuquerque (1453-1515) – qui trouva la mort à Goa, en Inde — et à d'autres chefs de guerre qui allaient achever sans lui la conquête du sud du Dekkan. Vasco de Gama bien que couvert de gloire fut ainsi laissé dans l'inaction pendant 21 ans. Ce n'est qu'après la mort du roi que son successeur, Jean III, le rappela et le nomma vice-roi de l'Inde en 1524. En fait, cela ne dura pas 4 mois car Gama mourut à Cochin la même année. En 1538 son corps fut rapatrié et après lui avoir rendu les plus grands honneurs, il fut inhumé dans un couvent dans la ville même de sa première retraite. Par ses voyages, Vasco de Gama a fait triompher les nombreuses entreprises de son pays qui domina le commerce des épices et jeta les bases d'un puissant empire colonial les années suivantes.