Le processus de modernisation des douanes, qui recouvre des dizaines d'aspects tout aussi déterminants les uns que les autres, semble suivre une voie évolutive en vue de faire de cette institution non seulement une vitrine propre et crédible, mais également une administration efficace et performante en matière de gestion, de contrôle et de répression de la corruption et de ses corollaires, la fraude et l'évasion fiscale ainsi que la contrebande. Moderniser, c'est doter les douanes de moyens matériels, logistiques et technologiques adéquats en vue d'une organisation et d'une optimisation plus efficaces des activités douanières. Mais cela reste insuffisant quand on sait qu'en termes de besoins d'effectifs, les douanes devront compter près de 20 000 personnes d'ici à l'horizon 2010, si cette institution entend répondre sérieusement à ses nombreux plans de charge à l'avenir. Qui dit recrutement, dit aussi correction des erreurs antérieures et donc révision, un tant soit peu, du code des douanes. La formation n'est pas en reste, qui doit toucher autant les nouveaux que les anciens. Autre aspect, la revalorisation du salaire de l'agent des douanes. Un atout contre la corruption, censé réduire l'effet de la tentation par rapport à l'acte corrupteur, mais qui reste relatif, car la corruption dans ce domaine est à une dimension qui dépasse les enjeux liés au salaire. On est soit honnête et incorruptible, soit malhonnête et donc corruptible à souhait. D'ailleurs, ce ne sont pas des individus, mais des réseaux d'individus solidaires qui construisent une chaîne de corruption au sein d'une activité. A y bien y regarder, tout dépend de la motivation initiale qui a donné envie à l'agent ou au cadre douanier de faire partie du corps des douanes. Quoi qu'il en soit, modernisation ou non, la corruption est la plus grande gangrène des douanes. Non qu'on veuille dire que les douanes sont plus corrompues qu'ailleurs, mais il faut le dire, elles sont plus exposées que d'autres institutions, et quand elles, premier et ultime rempart contre ce qui peut nuire aux intérêts du pays, devient perméable à l'achat et à la vente des consciences, on comprend alors tout le sens de ce branle-bas de combat. Enfin, la manière dont se configure la réalité économique nationale, démontrera le grand rôle aseptiseur des douanes, lorsque modernisées et assainies de la corruption, celles-ci rempliront leurs missions économique, sécuritaire et fiscale.