Nous avons rencontré jeudi dernier la productrice d'un feuilleton, de quinze parties de 52 minutes chacune, qui retrace la vie du grand militant syndicaliste et de la cause nationale : Aissat Idir. Cet hommage vient à un moment de notre existence où il est constaté une véritable amnésie collective et, partant de là, à oublier notre passé qui est sans contexte la mémoire de tout un peuple. Aissat Idir est né le 17 juin 1915 à Djemââ Saharidj, dans la commune de Mekla (wilaya de Tizi Ouzou). Rentré de Tunisie, après des études supérieures, il se maria le 16 décembre 1938 à Djemââ Saharidj. Il décéda le 26 juillet 1959, à l'âge de 44 ans, après d'horribles tortures. Les liens de Aissat Idir avec les instances supérieures de la Révolution sont attestés tant par de nombreux écrivains et historiens étrangers que par des militaires de l'armée française. La version officielle de la mort de Aissat Idir essaiera de faire croire à ses amis syndicalistes du monde entier et à sa famille qu'il tenta de se suicider en mettant le feu à son lit. Les contingences de sa mort feront la une de la presse internationale et française qui publiera la correspondance entre son avocat, l'ancien ministre Me Henri Rolin, membre du Parlement belge et avocat à la cour de Bruxelles et Paul Delouvrier, délégué général du gouvernement qui succéda à Robert Lacoste. Cette critique est connue sous le nom d'«Affaire Aissat Idir». Le délégué général Delouvrier nia la vérité au sujet du supplice, du 13 janvier au 29 juillet 1959, qui conduisit Idir à la mort. A l'hôpital, il eut à subir six greffes de la peau, 22 anesthésies et de multiples perfusions de sérum et de sang. Ouverte le 2 août 1959, une information judiciaire relative aux circonstances de la mort d'Aissat Idir aboutira peu après à un non-lieu. Voilà en quelques mots le parcours de ce militant infatigable qui a sacrifié sa vie pour une Algérie libre et indépendante. Ce film biographique qui est une production de l'ENTV, en collaboration avec l'agence «Espaces rencontres», va permettre aux téléspectateurs algériens de se ressourcer sur les valeurs humaines des leaders algériens qui ont été mis aux oubliettes, et dont la majorité de notre jeunesse, à la question «connaissez vous Aissat Idir» répondait le plus souvent non ! D'autres le prennent pour un chanteur ! La productrice, qui a voulu rester sous le sceau de l'anonymat, veut que cette jeunesse née après l'indépendance s'imbibe du courage, de l'abnégation et du sacrifice de l'ancienne génération qui a rempli son rôle. C'est un message, dit-elle, à notre belle jeunesse qui doit aimer sa patrie et non la dénigrer. S'agissant de l'arabe classique qui est employé dans cette série, la productrice a longuement insisté sur le fait que la révolution algérienne est totalement méconnue à travers les pays arabes. Pour gagner notre part du marché, il est nécessaire de revoir notre action par le biais de la linguistique. La direction de ce feuilleton est revenue au réalisateur jordanien Kamel Laham reconnu dans son pays comme le réalisateur le plus rapide. Il a à son actif plus de 150 films. Pour ce qui est de la photo et du son, c'est respectivement Aktouf Hamid et Korteby Farid qui en ont la charge. Quant au casting, il est de rêve ! Sid Ahmed Agoumi, Chellouche et Abdelbasat, ainsi que de nouveaux visages, prendront part à ce film.