Les pays arabes affichaient toujours, hier, leurs divisions sur le conflit de Ghaza peu avant la fin d'un sommet à Koweït, après avoir laissé apparaître la veille un semblant de rapprochement sur cette question. Preuve de l'importance de ces divergences, les ministres arabes des Affaires étrangères n'ont pas réussi à se mettre d'accord sur le texte d'un communiqué final consacré au conflit de Ghaza, a déclaré le ministre irakien des Affaires étrangères, Hoshyar Zebari. «Nous avons tenu une réunion à huis clos pour discuter du communiqué final sur Ghaza», a déclaré M. Zebari à la télévision koweïtienne. «Nous ne sommes pas parvenus à un résultat à cause d'un manque de temps et de certaines positions», a-t-il poursuivi sans plus de précisions. «Compte tenu des circonstances, tout le monde était supposé faire des concessions au nom de la réconciliation arabe», a encore déclaré M. Zebari dans une allusion aux profondes divisions entre pays arabes durant la récente offensive israélienne contre le mouvement islamiste palestinien Hamas. Cette offensive de plus de trois semaines, qui s'est achevée dimanche, a fait au moins 1 315 morts, dont 410 enfants et 108 femmes, et plus de 5 300 blessés chez les Palestiniens, selon les services d'urgence de Ghaza. Côté israélien, 10 militaires et trois civils ont été tués. «Les efforts se poursuivent pour mettre au point une position d'unité», a ajouté M. Zebari sans plus de détails. Pour sa part, le vice-ministre syrien des Affaires étrangères, Fayçal al-Meqdad, a admis qu'il y avait «des divergences entre les frères arabes». Ce désaccord est à l'origine de l'énorme retard de la séance de clôture du sommet, qui devait normalement débuter à 11h30 locales (08h30 GMT) mais qui a commencé plus de deux heures plus tard. Lundi soir, au premier jour du sommet, le roi Abdallah d'Arabie Saoudite et le président égyptien Hosni Moubarak avaient pourtant rencontré le président syrien Bachar al-Assad et l'émir du Qatar, cheikh Hamad ben Khalifa Al-Thani, pour tenter de mettre fin tant bien que mal à ces divisions. L'Arabie Saoudite et l'Egypte sont les chefs de file des pays arabes modérés hostiles au Hamas, alors que ce mouvement est soutenu au sein de la Ligue arabe par la Syrie et le Qatar. «C'est une réconciliation» entre les quatre pays, avait alors déclaré à la chaîne satellitaire Al-Jazeera le Premier ministre qatari, cheikh Hamad ben Jassem Al-Thani. «Les dirigeants sont animés d'intentions sincères pour une franche réconciliation», avait-il ajouté. Le renoncement à un communiqué final montre toutefois que cette réconciliation n'était qu'apparente. «Nous devons dépasser les divergences politiques arabes ayant conduit à des divisions interarabes (....) qu'exploitent tous ceux qui veulent réaliser leurs desseins régionaux», avait déclaré le roi Abdallah lors de l'ouverture du sommet, dans une allusion claire à l'Iran, autre allié du Hamas. L'Arabie et l'Egypte soupçonnent l'Iran d'utiliser le Hamas pour promouvoir ses objectifs politiques dans la région. Par ailleurs, sur le plan économique, les dirigeants arabes ont approuvé le lancement en 2010 d'une union douanière, premier pas vers un marché commun arabe, ainsi que la création d'un réseau électrique et d'un réseau de chemins de fer panarabes. Ces projets ont été approuvés, en même temps que d'autres résolutions, lors d'une séance à huis clos lundi soir. Le sommet de Koweït devait à l'origine être le premier «sommet économique arabe», mais la situation créée par le conflit de Ghaza s'est vite imposée comme le sujet numéro un, d'autant que les pays arabes n'avaient pu se mettre d'accord pendant l'offensive sur la tenue d'un sommet extraordinaire, Le Caire et Riyad s'y opposant.