Le régime sioniste a donc tenté – et partiellement réussi pendant un certain temps – à occulter les circonstances de son installation. Le retour du refoulé se manifeste par une haine du régime sioniste pour les victimes de sa politique. Cette haine suinte dans chacune de ses actions à l'encontre des Palestiniens. C'est pourquoi nous voyons un régime raciste s'octroyer un statut de «victime éternelle» et le brandir comme un bouclier contre toutes les critiques de sa politique. Il sait que c'est sur ce statut que repose la réussite du projet sioniste de vider la Palestine des Palestiniens, et c'est ce statut qu'il tente coûte que coûte d'imposer au monde entier. Or, le hiatus entre le personnage rêvé d'un gentil Etat démocratique qui défend sa survie – donc l'image idéale qu'il veut donner de lui-même – et la réalité sinistre des conséquences visibles de son action sur le terrain, lui saute chaque jour à la figure. La récente débâcle de Ghaza en est la meilleure preuve. D'où l'imprécation qu'il éprouve pour ces «sous-hommes» palestiniens dont l'existence même est une «pollution» qui plombe la belle image d'un régime criminel faisant fleurir le désert. La haine est partout tellement omniprésente qu'elle en devient concrète, palpable et culmine avec le déni de l'existence même de la victime-ennemie. Donc, le rêve poursuivi est clairement celui de l'anéantissement des Palestiniens. Mais Abbas ne semble pas s'en apercevoir, il continue à savourer la fameuse soupe aux lentilles, tout en écoutant le conte d'Olmert. Alors que le régime sioniste se proclame menacé par des forces obscures et féroces qui voudraient «rejeter sa population à la mer», comme il dit, on voit jour après jour se produire exactement le contraire : à savoir le bulldozer sioniste comprimer la population palestinienne dans un espace de plus en plus resserré, de plus en plus hermétiquement cadenassé dans l'espèce de camp de concentration à ciel ouvert qu'est devenu le territoire de Ghaza et aussi dans les bantoustans de Cisjordanie dont les surfaces sont grignotées jour après jour. On arrive, donc, à ce fameux mur conçu si haut que les Palestiniens, devenus invisibles, n'existent plus dans le champ du regard des sionistes. Ils finissent par s'effacer et par devenir des zombies abstraits. Quant aux cadavres que les hordes du Tsahal laissent sur le carreau, ils s'évanouissent dans la comptabilité macabre des statistiques. En dépit de ce mur, le régime sioniste ne parvient pas occulter qu'il y avait un ver dans le fruit. Les bombes, les missiles, les massacres de familles entières, les destructions, les arrestations arbitraires, les tortures hurlent un dépit assaisonné de rage et d'humiliation. Mais comment réussir à tuer ouvertement 1 300 innocents et en blesser plus de 5 000 sans susciter un scandale dans la sphère officielle internationale et passer du stade officiel de victime à celui de bourreau? Même Abbas n'y pourra pas répondre, occupé comme il est avec cette fameuse soupe aux lentilles.