A l'occasion de la célébration de la Journée mondiale des zones humides, la sous-directrice des Parcs nationaux et des groupements végétaux naturels au sein de la Direction générale des forêts (DGF), Mme Ghania Bessah, a annoncé la création prochaine d'un réseau national d'observateurs ornithologues, chargé du recensement et du suivi de l'avifaune dans les zones humides en Algérie. Un arrêté ministériel précisera les contours de ce réseau qui comprendra, outre le personnel de la DGF (gardes forestiers, notamment), des universitaires et des membres d'associations de protection de l'environnement qui participeront ainsi, dans le cadre d'un dispositif technique et administratif, organisé et coordonné, à l'observation de l'avifaune hivernale et nicheuse en Algérie. C'est la première fois qu'un réseau impliquant la population dans la protection de la biodiversité, est mis en place dans notre pays. A la DGF, on explique cette mesure par «l'importance nationale et internationale des zones humides en Algérie et le nombre sans cesse grandissant d'oiseaux qui les peuplent». L'intérêt des zones humides algériennes vient du fait qu'elles occupent une position stratégique sur deux grandes voies de migrations internationales et qu'elles constituent des sites d'hivernage et de reproduction de première importance entre la mer Méditerranée et le Sahara. A titre d'exemple, dans les nombreuses zones humides (lacs, étangs, marécages, sols détrempés, aulnaies…) du Parc national d'El Kala (PNEK, dont la renommée a dépassé les frontières depuis l'affaire de l'autoroute Est-Ouest), qui est une étape vitale dans la grande voie de migration ente l'Europe occidentale et l'Afrique, on enregistre 70 espèces d'oiseaux d'eau. Dans cette partie du pays, chaque hiver, ce sont des dizaines de milliers d'oiseaux migrateurs de différentes espèces qui sont recensés. Les oies cendrées regagnent les lacs Tonga et Oubeïra (qui font partie du PNEK) par centaines. Dans le chott El Hodna, ce sont les flamants roses, par milliers, que l'on observe. Cet hiver, dans la wilaya de Bordj Bou Arréridj, plus précisément à Ras El Oued, un écologiste qui observe depuis longtemps, mais de façon isolée, les oiseaux migrateurs, a noté la présence de la cigogne blanche, du vanneau huppé et de trois espèces de canard, dans une zone semi-marécageuse étalée sur 30 hectares. Intégré dans le réseau qui sera mis en place par la DGF, cet observateur pourra sortir de son isolement et contribuer plus efficacement à la protection de l'avifaune grâce au soutien technique (matériel et conseils) de ce réseau. Sa motivation sera renforcée en sachant qu'il participe à une action coordonnée dont l'impact a une dimension internationale, les oiseaux migrateurs n'ayant pas d'identité nationale. Un rapport concernant l'état de conservation des oiseaux d'eau migrateurs sur les voies de migration d'Afrique-Eurasie, préparé par Wetlands International pour le compte de l'Accord sur la conservation des oiseaux d'eau migrateurs d'Afrique-Eurasie (AEWA) publié en septembre dernier, révélait que 41 % des tendances connues pour 522 populations d'oiseaux d'eau migrateurs sur les itinéraires en Afrique et en Eurasie montrent des tendances au déclin. Selon ce rapport, le déclin du nombre d'individus de nombreuses espèces est enregistré le long des itinéraires de migration d'Afrique-Eurasie dans des régions utilisées par ces oiseaux pour la reproduction, la migration et l'hivernage à travers les continents africain et eurasien. Sa cause : «la destruction et l'exploitation non durable des zones humides qui s'expliquent en grande partie par un développement économique peu planifié». Les activités humaines «non durables» dans les zones humides, auxquelles s'ajoutent les effets du changement climatique, entraînent la destruction de l'habitat de l'avifaune. Ce résultat est fatalement atteint quand le les actions de développement l'emportent sur l'effort de conservation.