Le tomber de rideau sur le 12e sommet des chefs d'Etat et de gouvernement africains intervenu avec un jour de plus aura néanmoins permis aux invités d'Addis-Abeba d'examiner plus en profondeur la question qui a alimenté la polémique, au courant de ces quatre jours de travaux, relative à l'instauration d'un «gouvernement de l'Union». La Libye, qui a eu l'idée, a fini par avoir gain de cause en imposant la réforme de l'Union. Ce ne fut pas chose facile. Les 53 membres ont dû passer toute la nuit de mardi à examiner la question sous toutes ses coutures pour convenir enfin du principe d'opérer cette réforme de manière graduelle à commencer par la mise en place d'un processus qui est la présentation dans trois mois du premier rapport sur l'approfondissement de la réforme. En juillet, il sera tenu un sommet de chefs d'Etats membres qui auront à «trancher» définitivement la question. Ce n'est qu'à partir de janvier de l'année prochaine et, en cas où le projet de réforme est retenu que le processus de ratification sera présenté au Parlement de chacun des membres. Ce projet défendu fermement par le chef libyen propose la révision des statuts constitutifs de l'Union africaine en remplaçant l'instance dirigeante, à savoir la commission de l'UA, par une autorité exécutive et le remplacement des postes de commissaires par ceux de secrétaires. La Libye, dont le président est élu à l'issue de ce sommet à la tête de l'Union, aura les coudées franches pour faire aboutir cette réforme, ce qui n'est pas sans danger sur la cohésion des membres dont certains et ce, depuis la présentation du projet libyen, manifestent des signes évidents de malaise. La raison première est qu'ils ne voient pas leurs pays respectifs fédérés sous la formule les «Etats-Unis d'Afrique», une vue de l'esprit du leader libyen. Les membres de l'Union ont convenu toutefois du budget annuel pour 2009 qui s'élève à quelque 164 millions de dollars, selon l'agence Apa qui rapporte l'information estimant ce budget en hausse de 17,3% par rapport au budget de l'année dernière. 3,9 millions de dollars sont consacrés pour la réalisation des programmes. La Commission africaine pour les droits de l'Homme et des peuples aura 3,6 millions, alors que la Cour africaine pour les droits de l'Homme et des peuples bénéficiera de 7,6 millions. Les pays membres ont par ailleurs sanctionné dans le communiqué final leur refus «du recours abusif au principe de la juridiction universelle par les juges de certains pays non africains à l'encontre de dirigeants africains» considérant cela comme une violation flagrante de la souveraineté et de l'intégrité territoriale des ces Etats. Le Conseil exécutif de l'UA invite également tous les Etats membres, en particulier ceux de l'UE, d'imposer un moratoire à l'exécution des mandats d'arrêt prononcés contre des dirigeants africains jusqu'à ce que tous «les moyens juridiques et politiques aient été trouvés de concert avec les Nations unies. Les travaux de ce 12e sommet qui ont été aussi consacrés aux débats sur les répercussions de la crise économique mondiale sur le continent noir ont été saisis comme opportunité pour rappeler l'impératif partenariat économique entre Africains, notamment à travers la mise en place de programmes d'intégration économique et de coopération en matière de renforcement des marchés financiers des pays concernés. Les pays africains membres de l'Union ont en outre invité les huit pays du G8 à revoir le système financier international. L'Afrique qui continue de couver dans ses entrailles bien des foyers de tension en a profité pour rappeler à ses membres de donner des suites au programme initié antérieurement pour résorber les conflits frontaliers. Lequel programme qui n'aura bénéficié que de l'attention de dix membres dont l'Algérie, le Burkina Faso, le Cameroun, le Mali, l'Ile Maurice, le Mozambique, la Namibie, le Niger, le Soudan et la Tunisie sur les 53 que compte l'Union.