Les ventes de voitures aux Etats-Unis ont chuté de près de 40% en janvier, une baisse qui les ramène à leur plus bas niveau depuis 27 ans et relègue pour la première fois le marché automobile américain au deuxième rang mondial, derrière la Chine. Le premier mois de 2009 a notamment vu les ventes de Chrysler chuter de 56,5% et celles de General Motors plonger de 50,9%. Ford a fait légèrement mieux avec un recul de 42,6%. Au total, le marché des véhicules légers affiche un recul de 39,7% à 653.215 unités en janvier. En rythme annualisé et en données corrigées des variations saisonnières, il tombe ainsi sous le seuil des 10 millions d'unités, à 9,53 millions précisément. Ces chiffres traduisent une nouvelle fois l'ampleur de la crise que traverse l'ensemble du secteur, crise qui a conduit les autorités fédérales américaines à prêter de l'argent à GM et à Chrysler pour leur éviter la cessation de paiement. Mais les japonais ne se portent pas beaucoup mieux: Toyota Motor, désormais numéro un mondial du secteur devant GM, a vu ses ventes américaines reculer de 34% le mois dernier tandis que la baisse avoisine 30% pour Nissan et 28% pour Honda. «La vérité, c'est que l'ensemble de l'industrie automobile se trouve au coeur d'une tempête économique», résume Bob Carter, directeur de la marque Toyota aux Etats-Unis. La baisse de 40% des ventes de Ford, pourtant considéré comme le moins mal placé des «Big Three» de Detroit, le place dans une situation délicate pour surmonter la crise sans recours aux capitaux publics. «Même avec l'aide du plan de relance fédéral en préparation, les consommateurs devraient conserver une attitude prudente en matière d'achats importants non contraints», souligne Efraim Levy, analyste de Standard & Poor's, dans une note. Les ventes de voitures aux Etats-Unis sont en baisse ininterrompue depuis maintenant 16 mois et les constructeurs peinent toujours à adapter leur production à cette situation. GM a réduit ses prévisions de production pour le premier trimestre de près de 10% tout en prolongeant ses promotions - comme Chrysler - dans le but d'écouler ses stocks et de relancer ses chaînes de montage. «Nous sommes dans la gueule du monstre et nous avons beaucoup de travail», a résumé le directeur des ventes de Chrysler, Steven Landry. Les principaux constructeurs européens présents aux Etats-Unis souffrent eux aussi: Daimler et Porsche ont fait état d'une baisse de 36% de leurs ventes, Volkswagen de 12%. En 2008, le marché automobile américain a reculé de 18%, à environ 13,2 millions de véhicules. Pour l'ensemble de 2009, les observateurs tablent sur une nouvelle baisse à près de 10,5 millions d'unités, ce qui serait le chiffre le plus bas enregistré depuis 1982, alors que la population du pays a augmenté d'un tiers dans l'intervalle. Ford souligne toutefois avoir observé des signes encourageants ces dernières semaines, comme une stabilisation des ventes des concessions, par contraste avec la chute continue des ventes aux loueurs. Parallèlement, les prix de l'occasion ont cessé de baisser. «Ce que nous observons à ce stade, c'est une stabilisation», résume Emily Kolinski Morris, économiste de Ford. «Avant de commencer à remonter, il faut d'abord arrêter de baisser.»