Les constructeurs et les dirigeants politiques réunis pour le salon automobile de Detroit ont affiché lundi un optimisme prudent, après une année 2009 marquée par la chute des ventes et le recours massif aux aides publiques. "Un nouveau jour se lève", a déclaré le secrétaire américain aux Transports, Ray LaHood, en ouverture du salon. "C'est un nouveau jour. C'est un nouveau départ, vraiment." Symbole de cet optimisme, le directeur général de Ford Alan Mulally a jugé "conservateur" le consensus des analystes, qui prévoit des ventes de véhicules de tourisme comprises entre 11,5 millions et 12,5 millions d'unités aux Etats-Unis. Les ventes sur le marché américain ont plongé à 10,4 millions de véhicules en 2009, soit une chute de 39% par rapport aux 17 millions de modèles écoulés en 2005. Les acteurs de l'automobile restent néanmoins prudents alors que les interrogations demeurent sur la solidité de l'économie américaine, qui se remet à peine de sa pire récession depuis les années 1930. Selon Bob Lutz, vice-président de General Motors, le constructeur américain sera "largement rentable" dès que l'on assistera au retour de ce qui "ressemble à une demande normale dans le secteur automobile" (). De même, l'association des constructeurs allemands VDA estime que les ventes de voitures aux Etats-Unis pourraient décevoir les attentes des analystes en 2010 et table sur 11,4 millions d'unités vendues seulement (). Moins d'un an après l'injection massive de capitaux publics dans le capital de GM, ou la mise en place des subventions de type "prime à la casse", certaines voix discordantes n'oublient pas de rappeler que c'est grâce à l'argent du contribuable américain que le secteur a pu sortir de l'ornière. Neil De Koker, président de l'association des équipementiers automobiles américains, a estimé que le plan de sauvetage avait coûté 120 milliards de dollars en deniers publics. Le gouvernement "a fait un très bon investissement dans GM", a estimé son directeur général Ed Whitacre. "Nous allons rembourser et dépasser (ses) attentes. GM est de retour", a-t-il poursuivi. Les ventes de General Motors ont chuté de 29,7% en 2009 et celles de Chrysler de 35,9%, tandis que le marché américain dévissait de 21,2%. Moins malmené que ses homologues, Ford a vu ses ventes se contracter de 15,3%.En outre, le seul des trois géants de Detroit à avoir décliné l'aide du gouvernement, s'est vu décerner lundi deux récompenses prestigieuses, les Prix de la voiture et de l'utilitaire nord-américains de l'année. Avec les succès respectifs de la Ford Fusion Hybride et du Ford Transit Connect, c'est seulement la troisième fois en 17 ans d'existence qu'un même constructeur décroche simultanément les deux couronnes. Aussi, et dans la droite lignée de ses homologues américains, les constructeurs automobiles allemands se disent confiants pour l'année 2010. Dieter Zetsche, patron de Daimler, table sur des gains en parts de marché. " Partant d'une prévision de hausse de marché prudemment optimiste de 3 à 4% au niveau mondial, nous sommes plus optimistes pour le développement de Mercedes en 2010", a-t-il déclaré. Et d'ajouter : "2009 a été certainement une année de défis pour l'industrie automobile, pour Daimler également, a-t-il déclaré, en marge du salon automobile de Detroit. Nous avons utilisé cette période pour faire nos devoirs et mettre en place une base très prometteuse pour 2010". Une base qui repose, comme pour la plupart de ses concurrents sur les pays émergents. Le patron de Daimler estime que ces marchés continueront à progresser en 2010, notamment la Chine, mais à un rythme moindre qu'en 2009, tandis que les marchés européens devraient globalement reculer de 3 à 4%. Même son de cloche du côté de BMW, en dépit des mauvais chiffres enregistrés en 2009. "Nous sommes assez optimistes pour 2010, même si nous allons encore ressentir les traces de la récession mondiale", affirme Ian Robertson, directeur des ventes de BMW. Le constructeur espère rebondir en 2010, et atteindre un niveau jusqu'à 10% supérieur à l'année dernière, a déclaré son directeur des ventes Ian Robertson, dans un communiqué. En 2009, BMW a enregistré une baisse de plus de 10% de ses ventes. L'an dernier, les ventes du groupe (BMW, Mini, Rolls-Royce et les deux-roues) ont baissé de 10,4% avec 1,29 million de véhicules écoulés. Elles se sont toutefois redressées au troisième trimestre, et ont encore progressé en décembre de 10,1%, à 123.751 unités. La marque bavaroise reste, toutefois, en première place des constructeurs haut de gamme allemands, avec 1,07 million de BMW vendues, devant ses concurrents Mercedes-Benz (1,01 million de voitures) et Audi (949.700). Comme ses concurrents, BMW compte sur les marchés émergents pour croître. En 2009, ses ventes ont augmenté de 37,5% à 90.000 unités en Chine, de 118% à 6.300 unités au Brésil et de 24,4% à 3.600 unités en Inde. Enfin, le numéro un européen de l'automobile, Volkswagen, a annoncé un nouveau record de ventes en 2009 malgré la crise, grâce aux marchés émergents chinois et brésilien. Les dix marques du groupe Volkswagen ont écoulé 6,29 millions de véhicules dans le monde, soit une hausse de 1,1% comparé à l'année précédente. La part de marché mondiale du géant aux dix marques a ainsi progressé, atteignant 11,4%, dans un marché mondial en recul de plus de 6%, selon ses calculs. Bien que le constructeur allemand soit, lui aussi, résolument optimiste pour 2010, il n'a pas souhaité livrer de prévisions pour 2010. Il a simplement indiqué qu'il comptait sur la croissance des marchés brésilien et chinois "pour participer au léger redressement du marché mondial". Volkswagen s'est fixé pour objectif de détrôner d'ici à 2018 le numéro un mondial, le japonais Toyota. Ce dernier anticipe un total de 7,03 millions de véhicules vendus pour 2010.