Un colloque sur la chanson révolutionnaire se tiendra, du 17 au 19 février à la maison de la culture de Tizi-Ouzou, en hommage au défunt Farid Ali, illustre voix mise au service de la cause de libération nationale. Initiée par le comité des activités culturelles et artistiques de la wilaya, cette manifestation, coïncidant avec la Journée nationale du chahid (18 février), prévoit à son programme une exposition permanente, une table ronde sur l'œuvre et le parcours de l'artiste, animée par des membres de la troupe artistique du FLN (1958-1962). En plus du recueillement à la mémoire de l'artiste en son village natal dans la commune des Ath Smaïl, il est programmé également une série de conférences sur la chanson révolutionnaire qui s'étaleront jusqu'au jeudi, journée qui sera marquée par un spectacle de clôture, en présence d'amis artistes et de parents de Farid Ali ainsi que de grandes figures de la chanson algérienne. De son vrai nom Khellifi Ali, Farid Ali est né le 19 janvier 1919 au village d'Ikhelfounène, dans la commune des Ath Smaïl, à une quarantaine de km au sud de Tizi-Ouzou. Après l'obtention d'un certificat d'études primaires, il quitta son village en 1935 pour s'installer à Alger, où il exerça le métier de cordonnier à la rue Randon de la Casbah. En 1937, il prit le chemin de l'exil en France, où il fut gagné aux idées nationalistes au contact d'autres artistes, qui venaient dans son café de Boulogne pour chanter leur amour et nostalgie du pays. Etroitement surveillé pour ses activités en faveur du PPA/MTLD, il dut regagner le pays en 1951, suite à un attentat contre Radio-France, et rencontra parmi les militants de la cause nationale qu'il a cotoyés, Krim Belkacem, au village d'Ikaouanène, à Ath Smaïl. Incarcéré en 1956 à Draa-El-Mizan, il s'engagea dans la lutte de libération nationale, dès sa libération en 1957, avant de rejoindre en 1958, sur conseil de Krim Belkacem, la troupe artistique du FLN, avec laquelle il sillonnera plusieurs pays, dont la Tunisie, la Yougoslavie et la Chine, où il mit ses cordes vocales au service de la cause nationale. A l'indépendance, il rentra au pays et s'investit dans l'art, qu'il abandonna très vite, car déçu par l'orientation de «variétés» que prenait alors la chanson qu'il considérait comme démobilisatrice. Après un séjour de 4 ans en France, il revint, en 1970, sur le sol national où il se consacra à une émission intitulée «Chanteurs de demain» produite par la Chaîne II de la Radio nationale, avant de retourner en France en 1977. Gravement malade, il rentra définitivement au pays en 1978, où il mourut à l'âge de 62 ans à l'hôpital de Boghni. Il a légué une vingtaine de chansons, dont l'immortelle et pathétique litanie A Yemma Azizene Ur etstru (O mère, ne pleure pas), un véritable cri de guerre arraché d'une âme toute dévouée pour la liberté de la patrie, dont l'écho avait retenti au-delà des frontières nationales.