Des millions de pèlerins chiites ont commémoré sans incident à Kerbala le martyre en 680 de Hussein, petit-fils du prophète Mahomet, mais quatre d'entre eux ont été tués à leur retour lundi à Bagdad, selon les autorités. Un attentat à la bombe a tué quatre pèlerins et en a blessé 13 autres dans un quartier de l'est de la capitale au passage d'un minibus qui les ramenait de Kerbala, ont déclaré la police et des sources médicales. Il s'agit du cinquième attentat en huit jours à viser des pèlerins chiites, des violences qui ont fait une cinquantaine de morts. Jusqu'au petit jour, les fidèles ont tourné dans la nuit de dimanche à lundi autour du mausolée de l'imam Hussein, dans la ville sainte chiite de Kerbala, en se frappant la poitrine et en scandant «Hussein» alors que des hauts-parleurs s'échappaient des mélopées lugubres à la mémoire du combat perdu de Hussein face aux Omeyyades. Cette année, 30 000 policiers et militaires avaient été déployés et des caméras de surveillance avaient été installées dans la province pour prévenir toute attaque. Près de 1 500 policières avaient en outre été chargées de fouiller les femmes. Vendredi dernier, une kamikaze avait fait exploser sa charge dans une tente où déjeunaient des pèlerins au sud de Bagdad, tuant 35 personnes, en majorité des femmes et des enfants. Selon le gouverneur de la province, Akil al-Khazali, jamais Kerbala n'avait connu une telle affluence, avec dix millions de personnes venues pour la plupart à pied de toutes les provinces chiites du pays. Parmi elles, 150 000 étrangers, venus notamment de pays arabes et d'Iran. L'an dernier, a-t-il précisé, neuf millions avaient fait le déplacement. Ces chiffres sont impossibles à vérifier de manière indépendante. Les chiites en Irak sont environ 18 millions. Le quarantième jour après l'Achoura est très important car, selon la tradition chiite, c'est le jour où furent ramenés de Damas le tête de Hussein, décapité sur ordre du calife Yazid, et les corps de ses compagnons afin d'être enterrés à Kerbala. Le chef de la police de la province de Kerbala, le général Ali Jassem, a indiqué qu'hier matin les trois quarts des pèlerins avaient quitté la cité. Pendant toute la semaine, dans cette ville de 600 000 habitants, la majorité des pèlerins ont dormi à même le sol, se restaurant dans des tentes. A l'époque de Saddam Hussein, les chiites n'avaient pas le droit de se rendre à pied à Kerbala et la cérémonie était réduite à son plus simple rituel.