La France et le Yémen ont affirmé hier leur volonté de renforcer leur coopération dans la lutte contre la piraterie en mer, qui pourrait se traduire par la création d'un port artificiel dans les îlots yéménites de Perim, selon une source diplomatique française. «Nous avons eu une discussion très vive, très sincère, très fraternelle», a déclaré le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner, à l'issue d'un entretien à Sanaa avec le président yéménite Ali Abdallah Saleh. Lors d'une conférence de presse, il a indiqué avoir parlé avec ses interlocuteurs d'accroître les escales au Yémen de navires participant à la lutte anti-piraterie et d'une aide à la formation des gardes-côtes. «Il faut étudier le renforcement de la coopération régionale pour éviter tout problème sécuritaire», a dit de son côté le ministre yéménite des Affaires étrangères Abou Bakr Abdallah al-Kourbi, en évoquant de simples pêcheurs pris pour cibles par des navires étrangers participant au contrôle. A cet égard, le Yémen voudrait abriter un centre de coordination opérationnel parce qu'«il faut aider les pêcheurs à gagner leur pain», a-t-il fait valoir. Jusqu'à présent, le Yémen n'a dans le dispositif anti-piraterie qu'un petit centre de contrôle technique, comme d'autres pays. La coordination opérationnelle des navires est assurée en Grande-Bretagne. Selon Paris, le Yémen accepterait aussi, au cas par cas et quand il n'est pas en mesure de les assurer, d'éventuelles poursuites dans les eaux territoriales yéménites de bateaux suspects par des navires de guerre étrangers. C'est un «progrès par rapport à il y a quelques mois», estime-t-on de source diplomatique française. D'après un diplomate français, la France, avec le Yémen et Djibouti, préparent une lettre d'intention sur «un accord de principe acquis» pour créer un port artificiel dans les îles yéménites de Perim, situées entre le Yémen et Djibouti, dans un endroit stratégique. «Ce mouillage facilitera les missions» des navires participant à la lutte anti-pirates, a-t-il ajouté. Lors de sa visite, M. Kouchner, attendu dimanche à Djibouti pour des rencontres avec les présidents djiboutien et somalien, a évoqué une venue en juin du président yéménite et, en retour, une visite au Yémen de son homologue français Nicolas Sarkozy, plus tard dans l'année.