Comme ce fut le cas lors du lancement des travaux de construction de la nouvelle université des imams qui a fait l'objet d'une précédente livraison, les préparatifs pour l'organisation d'une manifestation visant à accueillir, à Constantine, une sorte de conférence nationale des zaouias se font dans une grande discrétion. Pourtant, on détient des informations selon lesquelles la prochaine célébration d'El-Mawlid Ennabaoui, prévue pour le 9 mars prochain, sera mise à profit pour organiser une grande rencontre en collaboration avec les directions de la culture et des affaires religieuses. Selon des indiscrétions livrées par M. Benkhelaf, président de l'association Mourid Ettarika El-Aissaouia au niveau de la wilaya de Constantine, il est prévu à cette occasion l'organisation du 5e festival du maddih religieux qui durera du 9 au 12 mars. Il est prévu aussi différents concours religieux auxquels prendront part les scouts et les jeunes écoliers. En ce qui concerne la conférence des zaouias, l'intéressé a précisé qu'elle regroupera plusieurs spécialistes de chants religieux incluant les genres musicaux aissaoua, malouf, chaabi, etc. Cette initiative doit être animée par plusieurs groupes locaux avec la participation de troupes venant des autres wilayas du pays. A ce jour, aucune annonce officielle n'a été faite et on ne sait pas encore où sera organisée cette rencontre. Il est difficile de comprendre pourquoi Constantine doit être le théâtre de cette rencontre du fait qu'historiquement elle n'a jamais été un important fief des zaouias, encore moins du courant soufiste. C'est sans doute pour cette raison que les organisateurs préfèrent travailler avec prudence sur ce projet à tendance culturelle et religieuse. Il faut en effet tenir compte du fait que le courant des zaouias, beaucoup plus implanté à l'ouest et à un degré moindre au centre du pays, a été combattu sans réserve par l'Imam Abdelhamid Ben Baddis qui demeure une figure à laquelle s'identifie exclusivement Constantine. Justement, la commémoration du décès de cet illustre personnage interviendra le 16 avril, Youm El-Ilm, juste un mois après. De son vivant, certains membres de l'association des Oulémas musulmans, qu'il avait lui-même fondé, avaient mené une offensive ouverte contre tous ceux qu'ils considéraient comme étant «des milieux traditionalistes accusés de propager un obscurantisme rétrograde en utilisant des valeurs authentiques de l'Islam». Ils condamnaient particulièrement le culte des saints et accusaient les cheikhs et les adeptes des zaouias d'être des charlatans ou des faiseurs d'amulettes, allant jusqu'à les taxer de polythéisme (chirk) et les présentaient comme des exploiteurs du peuple, abusant de la crédibilité des populations rurales.» (Source : Ben Baddis, éducateur et réformateur religieux). Ainsi, si cette manifestation se confirme à la veille du 68e anniversaire de sa mort, il faut bien admettre que sa cité lui aura rendu un hommage peu glorieux.