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Le dr Mebtoul interpelle les candidats
Election pr?sidentielle
Publié dans La Nouvelle République le 26 - 03 - 2009

Première question : Quelles solutions proposez-vous face à la crise mondiale ?
La puissance d'une nation, se mesurant en ce XXIe siècle par rapport à son poids économique, comment abordez vous la crise financière d'une ampleur planétaire qui secoue actuellement tous les pays sans exception, dont la sous-capitalisation vient d'être estimée à mars 2009 à une perte de plus de 52 000 milliards de dollars contre 30 000 en novembre 2008, montrant la profondeur de la crise mondiale comme le démontrent les inquiétudes des dirigeants des plus grands pays du monde ? Aussi, comme après une grave maladie, la convalescence ne dure-t-elle pas de longues années, au minimum jusqu'en 2014/2015, si les thérapeutiques s'avèrent efficaces et donc qu'une légère reprise soit effective début 2011, pour que l'économie mondiale retrouve son ancien niveau ? Quelles peuvent être les vraies répercussions de cette crise sur l'Algérie, car en , été 2007 et courant 2008, au lendemain de l'éclatement de la crise, plusieurs responsables algériens affirmaient, «nous n'avons rien à craindre» ? Ignorer la crise, ne démobilise-t-il pas la population parabolée, constatant le malaise économique et social à travers le monde ? N'est-ce pas comme un malade qui, craignant le pire, ne veut pas voir un médecin, voulant vivre d'illusions, à savoir un retour rapide d'un cours élevé du dollar, et du pétrole à 100 dollars le baril ?
Deuxième question : l'Algérie étant mono-exportateur, comment allez-vous financer votre programme de développement face à la chute du cours des hydrocarbures ?
Les recettes en devises provenant pour plus de 98% des hydrocarbures, le prix du gaz étant indexé sur celui du pétrole, cette décroissance de l'économie mondiale n'a-t-elle pas des répercussions sur la demande et donc des recettes du pays. Ne faut-il pas éviter l'erreur de raisonner à prix courants, car un cours du baril à 50 dollars, en mars 2009, équivaut à environ à 30 dollars au prix de 2000 ? Le cours du pétrole étant libellé en dollars, toute dépréciation du dollar ne risque-t-elle pas de se répercuter sur la parité du pouvoir d'achat en autres monnaies qui s'apprécient d'autant plus qu'avec l'actuelle politique de déficit budgétaire américain (et même de l'Europe qui respecte de moins en moins le pacte de stabilité), avec le risque du retour à l'inflation, le dollar représentant plus de 60% des transactions mondiales ? Les dépenses monétaires de plus de 150 milliards de dollars entre 2004/2008, dont 90% proviennent des dépenses publiques, donc des hydrocarbures, ont-ils eu un impact positif sur la croissance économique réelle qui détermine la création réelle d'emplois créateurs de valeur ajoutée et non des emplois rentes fictifs, les 5/6% hors hydrocarbures étant eux mêmes à plus de 80% tirés par les dépenses publiques via les hydrocarbures ? A-t-on évalué non pas les réalisations physiques, mais les coûts et la qualité des projets par rapport aux standards internationaux pour déterminer la mauvaise gestion ?
A- t-on mesuré l'impact du rendement de nos réserves de change estimées à environ 140 milliards de dollars, dont la partie placée à l'étranger, avec l'actuelle politique des banques centrales d'un taux d'intérêt zéro et négatif avec l'inflation ?
Devant cette situation mondiale,et au vu des dépenses publiques programmées de 150 milliards de dollars, de 140 milliards de dollars de réserves de change et un stock de la dette inférieure à 5 milliards de dollars et au rythme des dépenses 2008, dont les importations ont connu une envolée( 40 milliards de dollars), et tenant compte des transferts de dividendesplus services y compris les associés de Sonatrach, des nouveaux besoins d'investissement des plans de financement de Sonatrach- Sonelgaz (20 milliards de dollars par an entre 2009/2013) comment résoudrez-vous le problème du financement si, premièrement, le cours du baril de pétrole se maintient entre 55/60 dollars à prix constants ?
Deuxièmement, hypothèse plus pessimiste entre 40/45 dollars, sachant que le cours souhaitable pour l'Algérie est entre 75/80 dollars le baril toujours à prix constants, supposant la stabilité du dollar à 1,25-1,30 par rapport à l'euro. Les dernières mesures gouvernementales de décembre 2008, l'Etat investissant à 100% ou étant majoritairene sont-elles pas un retour à l'étatisme des années 1970, qu'il convient de ne pas confondre avec le rôle stratégique de l'Etat régulateur en économie de marché ?
A la lumière de l'expérience de la crise récente, n' y a-t-il pas une confusion et donc une lourde erreur stratégique de penser que c'est un retour au tout Etat, en précisant que la théorie keynésienne en vogue actuellement s'inscrit dans le cadre d'une libéralisation maîtrisée donnant le primat au secteur privé créateur de richesses à travers une politique de déficit budgétaire ciblée ? N' y a-t-il pas lieu de penser à une régulation forte de l'Etat et du fait de l'interdépendance des économies en ce XXIème siècle, contrairement à la période de la crise de 1929, à l'urgence d'une moralisation du capitalisme et à une nouvelle régulation mondiale, et ce, afin de synchroniser la sphère réelle,(primat à l'entreprise créatrice de valeur) et la sphère financière, concilier la dynamique économique avec une plus grande cohésion sociale ?
Troisième question : Comment allez-vous procéder aux réformes nécessaires entre 2009/2014 en conciliant l'efficacité économique et la nécessaire cohésion sociale ?
L'Algérie depuis 1995 a réussi la stabilisation macro-économique, mais cette stabilisation ne serait-elle pas éphémère sans de profondes réformes structurelles à savoir les réformes micro-économiques et institutionnelles qui accusent un retard important ? Dans ce cas, comment concrètement lever les contraintes d'environnement qui expliquent la faiblesse de l‘entreprise qu'elle soit publique ou privée, le monopole source de surcoût et de gaspillage étant dominant avec la faiblesse de l'environnement concurrentiel permettant des rentes au profit d'une minorité rentière et donc la production et les exportations hors hydrocarbures ?
Comment terminer cette interminable transition où l'Algérie est en transition depuis 1986, n'étant ni dans une économie de marché véritable ni dans une économie administrée? Où en est l'application de l'Accord de zone de libre-échange avec l'Europe applicable depuis le 1 septembre 2005, où en sont les négociations avec l'OMC et quelle est la place de l' Algérie en termes d'avantages comparatifs socio-économiques (quels projets doit-on initier en termes de rentabilité au sein d'une économie ouverte en mutation tenant compte du nouveau défi écologique et quelle place pour une nouvelle politique énergétique dont les énergies renouvelables) dans le cadre de la nouvelle division internationale du travail, notamment au sein du bassin méditerranéen ? Quels sont donc la place et le rôle nouveau de l'Etat régulateur tenant compte de la mondialisation et les mécanismes nouveaux de la régulation sociale si l'on veut éviter à terme l'implosion des caisses de retraite ? Que proposez-vous par rapport à l'élément stratégique fondamental qui conditionne tout le reste, à savoir la refonte de l'Etat (la bonne gouvernance), la lutte contre la bureaucratie et la corruption, l'instauration de l'Etat de droit et la démocratie tenant compte de notre anthropologie culturelle, la libéralisation des médias lourds et de la presse, l'intégration de la sphère informelle drainant plus de 40% de la masse monétaire en circulation étant la résultante, le système financier sclérosé (guichets administratifs), le foncier.
Et surtout à l'inadaptation du système socio-éducatif, la réforme de l'école mère de toutes les réformes et donc la place du savoir avec deux segments déterminants, la santé et l'éducation dans la société ?
Le blocage n'est-il pas systémique avec la prédominance du comportement entier bureaucratique ?


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