Qu'en sera-t-il s'il y a retour de l'inflation au niveau mondial entre 2010/2014? Donc, ces mesures ont eu une portée limitée ne s'étant pas attaquées à l'origine de la hausse des importations qui est l'inefficacité de la dépense publique. Car, les infrastructures ne sont qu'un moyen accessoire du développement et les expériences négatives de l'Espagne et la semi- faillite récente de Dubaï qui ont misé que sur ce segment doivent faire réfléchir le gouvernement algérien. La deuxième raison du retour à l'inflation est l'assainissement des entreprises publiques entre 1991/2008, plus de 3000 milliards de dinars et plus 325 milliards de dinars lois de finances 2009/2010 (plus de trois cent mille milliards de centimes) 70 % des entreprises publiques étant revenus à la case de départ selon les rapports officiels ayant un effectif pour tout le secteur public économique ne dépassant pas 500 000 personnes alors que la demande additionnelle d'emplois annuelle est de plus de 450 000 personnes qui s'ajoutent au taux de chômage actuel que les pouvoirs publics ont tendance à biaiser car c'est l'entreprise qui crée des emplois à valeur ajoutée et non des décrets administratifs par des emplois rentes à tous les niveaux . Et vient seulement en troisième position la masse salariale de très loin. Pour preuve, les salaires comme l'atteste sa baisse vertigineuse dans le produit intérieur brut depuis 20 ans actuellement inférieur à 20 % contre une moyenne de plus de 50 % dans les pays développés et pays émergents oubliant que le salaire est, certes, facteur de demande mais créateur de valeur, n'étant pas la cause fondamentale de l'inflation. Cependant, je maintiens effectivement du fait de la non-maîtrise de la régulation, et, donc, au manque de visibilité et de cohérence dans la politique socio-économique, une augmentation inconsidérée risque de mettre en péril les PMI/PME qui ne peuvent supporter une trop grande augmentation, constituant la majorité du tissu productif et les orienter la sphère informelle, d'accélérer l'importation du fait de la faiblesse de la production locale et d'accentuer le processus inflationniste du fait d'effets psycho sociologiques mis en relief nettement par l'économiste Keynes (effets cumulatifs d'anticipation). II – L'impact de l'inflation sur le pouvoir d'achat des Algériens Faute d'enquêtes précises surtout sur la répartition du revenu par couches sociales déterminantes pour toute politique salariale fiable,de la prise en compte de la sphère informelle produit de la bureaucratie et de la corruption et des dysfonctionnements des institutions de l'Etat expliquant l'inefficacité du contrôle, drainant plus de 40 % de la masse monétaire en circulation, et de l'information économique et sociologique qui s'est totalement effritée en Algérie pouvant conduire à des erreurs de politique économique se chiffrant en milliards de dollars, il faut effectivement être nuancé. Mais existent des signes non trompeurs à travers tout le territoire national de la concentration de revenus au profit d'une minorité de couches rentières et une paupérisation de larges couches de la population dont la consommation de céréales et l'importation excessive de médicaments peuvent être des signes de la sous nutrition. Car on doit souligner avec force que la problématique de l'inflation ne peut être isolée de la réforme globale en incluant l'approche institutionnelle dont la bureaucratisation étouffante destructrice de richesses s'autonomisant en tant que pouvoir bureaucratique. Cela revient donc à poser clairement les problèmes de l'impact de l'inflation comme vecteur de concentration du revenu national au profit d'une minorité de couches rentières, plus de 70 % des ménages algériens consacrant entre 2008/2009 et certainement en 2010 plus de 80 % de leurs revenus pour les produits de première nécessité (dont l'indice des prix officiel pour 2009 l'évalue entre 15-20% de hausse, seul taux significatif pour ces ménages) et, donc, sur leur pouvoir d'achat. Aussi, l'inflation ne peut être comprise sans l'analyse des mécanismes de la régulation d'ensemble, liant mode d'accumulation et répartition du revenu par couches sociales et que toutes les études faites jusqu'à présent montrent que l'inflation en Algérie n'est pas d'origine essentiellement salariale, mais par l'ampleur des dépenses improductives qui contribuent à la détérioration du pouvoir d'achat des Algériens. En résumé, cette situation pose l'urgence d'une réorientation de toute la politique économique et de l'approfondissement de la réforme globale reposant sur une meilleure gouvernance et la valorisation du savoir tenant compte des nouvelles mutations mondiales. Ces deux fondamentaux étant les piliers du développement du XXIe siècle afin d'impulser une production et exportation hors hydrocarbures prenant en compte le nouveau modèle énergétique incluant le défi écologique qui se mettra inéluctablement en place entre 2015/2020. L'Algérie sous réserve de cette réorientation a toutes les potentialités pour passer d'une économie de rente suicidaire pour les générations présentes et futures car allant à l'épuisement à terme (16/20 ans) à une économie productive y compris les services qui ont un caractère de plus en plus marchands et de création de valeurs ajoutées. Pour l'Algérie, pays monoexportateur, un débat national urgent s'impose sur la destinée de la rente des hydrocarbures, propriété de toute la collectivité nationale et sa nécessaire gestion démocratique. En fait , la répartition du revenu national via la captation de la rente des hydrocarbures par couches sociales est la condition d'une analyse objective de la détermination du niveau du pouvoir d'achat des Algériens et de la mise en œuvre d'une politique efficace conciliant efficacité économique et justice sociale, ce qui ne saurait signifier égalitarisme devant réhabiliter les véritables créateurs de richesses, loin des intérêts de la rente. (Suite et fin) Docteur Abderrahmane Mebtoul, expert international, économiste