Selon le lieutenant-colonel Abdelhafid Othmani, commandant du groupement de gendarmerie de Médéa, la décision a été prise par les autorités locales suite à une proposition adressée par ses services à ceux de la wilaya. La décision de déviation des véhicules dangereux vers Khemis-Meliana est intervenue suite à un constat alarmant des accidents mortels, effectué par une commission mixte des acteurs de la sécurité routière ayant conclu que les plus importantes catastrophes se produisent entre Bourouguia et Hamadnia en destination d'Alger. Il s'agit surtout de camions transportant des matériaux de construction, notamment le gravier et le sable, qui causent des accidents (167 en 2009) par infraction ou qui roulent à une petite vitesse, incitant les autres usagers de la route à des dépassements dangereux qui finissement généralement par des accidents (866 accidents causés par les véhicules légers, 43 des fourgons de transport, 19 tracteurs et 37 autres causés par des motocyclettes). «Concernés par la prévention routière, la répression contre les chauffards, l'enquête sur les causes des accidents, nous avons adressé la proposition de déviation de ces camions vers Khemis-Meliana où leur circulation ne gênera pas sur une autoroute. Une commission mixte a pris en charge l'étude de la proposition avant qu'elle soit accordée et ceci permettra de désengorger la RN1 et d'éviter l'insécurité routière», a affirmé vendredi dernier le lieutenant-colonel Othmani en marge d'une conférence de presse tenue en son siège, à Médéa. Pour ce qui est de la mise en application de la nouvelle décision concernant les poids lourds, l'intervenant a précisé qu'elle se fera incessamment, dès la fin des travaux de restauration lancés au niveau de la RN62 afin de permettre la circulation de ces véhicules dans de bonnes conditions. Le conférencier indiquera, par là- même, que les gendarmes ont enregistré durant l'année écoulée, 773 accidents de la route causant la mort à 1 559 personnes et des blessures à 108 autres. La plupart des ces sinistres ont été enregistrés sur la RN1 qui connaît une grande circulation routière et qui compte 38 points noirs contre 10 sur la RN8, 18 sur la RN18 et quatre points noirs sur la RN40. Il s'agit notamment des routes entre Cheffa et Médéa, entre Médéa et Bourouaguia et entre El-Ksar et Bouguezzoul. En plus de ces points noirs, les causes se multiples entre l'augmentation du parc automobile, les 77 virages et descentes dangereux au niveau de la wilaya et, également, les comportements des conducteurs qui ne respectent pas le code de la route et optent pour les manœuvres dangereuses. Nouveau code de la route : entre information et formation Freiner l'atteinte au code de la route et à la sécurité routière en général demeure une préoccupation majeure pour les services de sécurité. A Médéa, les gendarmes en charge de la sécurité routière interviennent, à l'instar de leurs collègues des autres wilayas, dans un cadre préventif et dissuasif. Abordant ce sujet, le commandant du groupement de gendarmerie a mis en avant l'analyse du phénomène des accidents et des infractions selon les spécificités de chaque région. Localement, une dizaine de manifestations de sensibilisation a été tenues durant l'année 2009, outre la participation à la Semaine arabe de la sécurité routière durant le mois de mai et d'une intense activité médiatique avec la radio régionale Metidja. Les gendarmes ont, également, créé une cellule d'évaluation et d'analyse du phénomène des accidents appuyée par l'Institut national de criminologie et de criminalistique (sis à Bouchaoui à Alger) qui prend en charge scientifiquement la reconstitution des accidents pour définir les causes réelles. Ceci intervient simultanément avec la mise en application dès le 1er janvier en cours de la loi 09-03 complétant et amendant la loi 04-16 du code de la route du 10 novembre 2005 ayant amendé la loi 10-14 du 19 août 2001. De nouvelles mesures répressives sont injectées dans chaque loi afin de traquer les chauffards et mettre un terme au terrorisme routier. La justice sera, en effet, plus sévère contre les conducteurs de poids lourds et transporteurs qui causent des accidents mortels et aura à prononcer des peines d'emprisonnement allant de cinq à dix ans ainsi que des amendes forfaitaires variant entre 100 000 et 500 000 DA. Pour les conducteurs de véhicules légers impliqués dans ces accidents, ils risquent des peines de 1 à 3 ans de prison et des amendes de 50 000 à 200 000 DA. Les différentes infractions au code de la route et la récidive dans la conduite en état d'ivresse sont également sévèrement sanctionnées. Pour le groupement de gendarmerie de Médéa ayant constaté durant l'année passée, 127 965 infractions au code de la route et le retrait de 6 642 permis de conduire, l'application de la nouvelle loi nécessite de bien former les éléments de la sécurité routière sur de nouvelles mesures et les former davantage sur leur application. Une circulaire a été transmise à toutes les unités concernées afin de bien appliquer le code de la route. Les auto-écoles sont à leur tour concernées et informées sur le nouveau code de la route à partir duquel ils formeront leurs candidats. Il est à noter que le nombre de situations engendrant le retrait de permis de conduire passe à 28 cas et que le taux d'alcool dans le sang à ne pas dépasser au volant est de 0,20 % au lieu de 0,10% et ce, afin d'éviter la confusion entre l'état d'ivresse et la consommation de produits alimentaires contenant de l'alcool à l'exemple du vinaigre. Criminalité à Médéa : les litiges sur les biens priment Après une décennie de souffrance en raison du terrorisme, la wilaya de Médéa a retrouvé pleinement sa quiétude et s'est débarrassée de sa mauvaise réputation. Sans baisser le niveau de vigilance, les services de sécurité sont revenus progressivement à leur mission traditionnelle de lutte contre la criminalité de droit commun et toutes les formes de la délinquance. Plus rassurant, les chiffres de la criminalité communiqués avant-hier par le lieutenant-colonel Othmani indiquent que la wilaya n'est pas affectée par une grande activité criminelle et encore moins celle liée au crime organisé. Le plus important problème qui persiste, en cette région conservatrice, est celui des atteintes aux personnes suite généralement à des litiges sur les terres agricoles, le cheptel et d'autres biens qui continuent à se régler par la violence. Durant l'année 2009, les crimes et délits contre les personnes ont représenté 64% des affaires traitées par les services de la gendarmerie avec 235 de coups et blessures volontaires (CBV) engendrant l'arrestation de 406 personnes dont 43 ont été écrouées. Les atteintes aux biens représentent 25% de la criminalité avec 61 affaires de vols de cheptel et matériel agricole menant à l'arrestation de 32 malfaiteurs et le démantèlement de dix gangs spécialisés impliquant 50 personnes. 16 autres associations de malfaiteurs spécialisés dans les vols qualifiés ont été démantelées avec l'arrestation de 46 personnes. Les atteintes à la famille et aux bonnes mœurs marquent une apparition à Médéa avec en une année 21 affaires impliquant 33 personnes. Par ailleurs, quelques chiffres insignifiants sont enregistrés en matière de consommation de stupéfiants, de faux et usage de faux et encore moins d'immigration clandestine. En somme, ce sont 1 496 affaires de toutes les formes de criminalité et 1 890 arrestations constatées durant l'année écoulée. Cette dernière a vu, également, l'identification par le système d'identification biométrique Afis, notamment lors des descentes inopinées dans les différents quartiers et sur les axes routiers, de 106 414 personnes dont 162 étaient recherchées par la justice. La première opération de grande envergure pour les gendarmes de Médéa en cette nouvelle année a été effectuée jeudi dernier en mobilisant 544 hommes, 116 véhicules, 18 motocyclistes et 41 unités de renfort. L'occupation du terrain durant 12 heures s'est soldée par 739 nouvelles identifications et l'arrestation de trois malfaiteurs. De notre envoyée spéciale
