Pour les observateurs locaux du secteur du bâtiment, dont le spécialiste Sobir Meziane, cadre à l'OPGI, et fin connaisseur des dessous des agences foncières/immobilières locales, il y a lieu de relever que les transactions qui sont opérées actuellement sont uniquement celles se rapportant à la spéculation et à l'enrichissement sans cause. En effet, c'est une poignée de spéculateurs disposant d'atouts financiers, grâce auxquels ils tirent leur épingle du jeu en ces temps de crise qui activent en position dominante dans le juteux marché du foncier et de l'immobilier. Quant aux agences, très nombreuses à Batna (et une multitude de courtiers individuels), elles prêchent par un mélange d'amateurisme et d'optimisme dans la recherche exclusive du gain. Frappées de plein fouet par la crise, les agences ne vivotent que grâce aux opérations de «pas-de-porte». L'on indique s que les transactions nécessitant le recours aux actes notariés ont paradoxalement régressé. Ceux phénomènes comportementaux auront provoqué ce repli dans les affaires foncières et immobilières. D'une part, ce sont les frais prélevés par les notaires qui sont jugés faramineux pourtant conformes à la législation en vigueur et d'autre part par la propension des contractants à vouloir agir dans la clandestinité, loin des intermédiaires donc des services du fisc (impôts). Ce créneau économique s'est progressivement rangé à Batna dans le couloir de l'informel et de la spéculation du fait qu'il est convoité parce que trop juteux par une faune de parvenus issus de trois couches sociales : certains gens du système local des gens de l'exode rural s'étant établi à Batna durant la décennie noire et quelques affairistes analphabètes. Ce sont des gens qui sont arrivés en peu de temps à disposer de beaucoup d'argent, à recycler voire à blanchir. Parmi la cohorte de spéculateurs notoires, les observateurs signalent l'activisme de certains orfèvres, ces gens de «l'or et de l'acier», qui seraient derrière les grands coups de la spéculation foncière et immobilière certains sont même soupçonnés d'activer clandestinement dans un autre créneau porteur, celui de la drogue. Mais une telle information reste à vérifier pour ne pas généraliser. Selon nos sources, ce « pool « de buisnesmen aurait réussit récemment à accaparer un terrain d'une dizaine d'hectares qui, pour son grand bonheur, vient d'être intégré dans le deuxième plan d'occupation des sols (POS/2). Les râfleurs des biens fonciers et immobiliers s'intéressent également à la reprise d'anciennes habitations de l'ancien Batna. Ils rachètent de vieilles bâtisses souvent pour le prix d'un milliard de centimes, les démolissent pour revendre ensuite le terrain à quatre milliards à des gens friqués et dont la plupart viennent d'ailleurs. Au point où l'on évoque à Batna l'appellation – peut-être exagérée – de mafia du foncier et de l'immobilier. Une vérité reste cependant sûre, une proportion des nouveaux riches de Batna est issue de cette catégorie et la meilleure période de formation de ces richesses aura été sans contexte la décennie noire. Ces spéculateurs se rabattent actuellement sur l'acquisition de logements et locaux LSP dont la remise des clés pour les blocs achevés a donné lieu à l'apparition du phénomène de revente de certains de ces logements alors que les propriétaires-revendeurs ont bénéficié de l'aide de l'Etat (CNL). Le LSP dont le programme étatique a été conséquent pour Batna. Une vaste agglomération à Hamla (sud immédiat de Batna-ville) a été construite grâce au LSP – a été initié par les pouvoirs publics dans le seul objectif de résorber la crise du logement. Un spécialiste batnéen du foncier et de l'immobilier nous a fait cette confidence surprenante : «La majorité des acquéreurs de ces logements LSP qui ont reçu leurs clés sont en train de les revendre et/ou de les louer». Le dilemme est entier pour les pouvoirs publics : s'agissait-il de permettre aux gens de se loger ou de faire augmenter la richesse des spéculateurs ? C'est ce qui se passe actuellement à Batna où les autorités n'ont pas prévu de clause d'incessibilité, semble-t-il. Mais il n'y a de doute que c'est la faute à l'économie de marché dont les retombées ne sont pas toujours bénéfiques pour les citoyens.