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Des paramètres culturels–linguistiques interdépendants inhérents à l'algérianité mosaicale-plurale (IV)
Algérie
Publié dans La Nouvelle République le 21 - 01 - 2010

La culture algérienne revêt incontestablement un caractère pluraliste et diversifié. C'est une évidence qui ne saurait s'enfermer – on ne le répètera jamais assez - dans une unicité réductrice, refoulant et occultant ainsi d'autres paramètres aussi enrichissants les uns que les autres. L'histoire objective du terroir et une étude entreprise dans une optique rigoureuse , autant que faire se peut, loin des partis pris idéologiques ou toutes autres considérations politiciennes partisanes , nous apprend, en effet, que la complexité et le caractère pluraliste de la culture algérienne d'expression diverse ne peuvent être appréhendé en tenant compte uniquement de sa seule dimension de l'arabité, ou de son amazighité, islamité, africanité , et encore moins de la particularité de son caractère méditerranéen - moderne exclusivement, mais de la somme de tous ces paramètres à la fois, étroitement liés dans un rapport d'interdépendance dynamique de toutes ces données identitaristes- culturelles spécifiques réunies, sans en négliger d'éventuels autres éléments patrimoniaux, tout aussi vitaux et complémentaires les uns par rapport aux autres : éléments qui, dans l'interaction de leurs rapports, ne configurent pas une simple juxtaposition de paramètres divers, mais participent à l'aboutissement intégré, assimilé, rénové et récréatif du caractère culturel-civilisationnel synthétique – pluraliste, spécifique à l'Algérianité mosaicale… L'Algérie, ou la dénomination «El Djazaïr» (les îles–interdépendantes»),semblant parfaitement symboliser cette variété protéiforme inhérente à sa complexe unité métissée par l'atout extraordinaire de ses diversités culturelles et linguistiques nationales la composant .
La société algérienne baigne, somme toute, dans une riche culture mosaicale , à la littérature et arts ,entre autres, particulièrement polyglottes, et aux parlers locaux usant de divers idiomes. Et cette dimension pluraliste, loin d'altérer sa spécificité qui loin de revêtir un caractère unilatéraliste comme le conçoivent certains puristes, l'enrichit tout au contraire .Ce sont à l'opposé, les points de fixation sur un seul et unique référent identitariste–linguistique, excluant tous les autres éléments complémentaires qui l'appauvrissent surtout, avec notamment ce fâcheux unilatéralisme exclusif, réducteur, privilégié par ses tenants au détriment du pluralisme démocratique culturel. Comme on le voit par exemple, avec la persistance regrettable de ces tendances ultra-nationalistes chauvines, continuant d'exhaler les relents inquisitoires du monopartisme, alors que les acteurs de la société civile et les aspirants massifs au pluralisme, ont clamé haut, depuis l'historique octobre 1988, leur ras-le-bol du culte de la pensée unique, en s'étant prononcé souverainement, plus d'une fois, pour l'option démocratique, et entre autres, l'indépendance de la justice, la liberté d'expression, le multipartisme , le multiculturalisme et le multilinguisme en Algérie…
De la communion interdépendante
des langues de l'algérianité
Aujourd'hui, il est aisé de constater que la culture, en général, et la nouvelle littérature algérienne d'expression plurielle, de façon particulière, s'est sensiblement diversifiée, quelques quatre décennies après le recouvrement de l'indépendance nationale, opérant notamment la transition vers d'autres formes d'expressions thématiques, littéraires-artistiques, succédant à la littérature de résistance-combat prônée d'avant 1962 : les écrits en langue arabe, en tamazight ou en français ont ainsi résolument pris leurs distances vis-à-vis d'une certaine «littérature des années soixante et soixante-dix, dite d'engagement au service du développement», délaissant les anciens clichés du militantisme «socialiste», de l'influence de l'Orient moyenâgeux, ou des stéréotypes de l'Occident autocentré, et autres locaux d'obédience ultranationaliste ou féodale- régionaliste, etc. pour s'arrimer à une esthétique de plus en plus «authentique», flirtant avec le vrai sens du «beau» exhalé par la quintessence du réel sondé, avec en prime cette heureuse approche synthétique des choses qui se dessine progressivement. Et, signe des temps, des auteurs écrivent de plus en plus dans deux langues en même temps, l'arabe et le français, voire trois avec l'essor heureux du roman en tamazight… quoique cette extraordinaire diversité dans les trois langues n'est pas sans comporter, selon nombre de littérateurs-critiques, dont Rachid Boudjedra, Ouaciny Laâredj ou Brahim Tazghart, des carences du point de vue esthétique et stylistique, ou en bien des cas, la langue spécifique correspondant à la perspective choisie de l'auteur ne paraît pas suffisamment forgée, vraisemblablement : en un mot, la caractéristique du langage romanesque, la technique et stylistique narrative, donnent l'impression dans certains écrits, -selon ,d'ailleurs, divers avis critiques qui se rejoignent - que le langage usité, relève trop souvent du style informationnel-journalistique, très prolixe dans nombre d'œuvres, (notamment les écrits caractéristiques de la littérature dite de l'urgence) mais il s'intègre et s'assimile, tant bien que mal, à la particularité esthético-artistique caractéristique de l'expressivité créatrice spécifique à la littérarité romanesque, quoique la dimension non négligeable des tonalités multiples,lyriques, tragiques, épiques etc., fait défaut, apparemment en bien des cas, dans nombre de romans algériens des deux dernières décennies.
Ce qui n'empêche pas cette jeune littérature plurielle de marquer des points sur le plan national, et international tout autant, avec cette véritable aubaine du multilinguisme dont bien des nations envieraient à nos auteurs plurilingues. Plurilinguisme qui n'est en fait, comme on l'a souligné, que le legs patrimonial culturel et civilisationnel plural et immémorial de notre amazighité ancestrale, à défendre, valoriser et promouvoir, aux cotés de la daridja et de l'arabe littéral standard, à moderniser absolument. Car, très peu de travaux ont été consacrés à l'analyse et à la description de l'arabe standard jusqu'ici, et la situation est encore beaucoup plus dramatique pour la description des dialectes arabes contemporains. Alors qu'il est urgent, aujourd'hui, de promouvoir et d'insérer dans le processus de développement un nouveau et vaste mouvement de traductions, préalable à toute entreprise valable aspirant à des créations originales à même d'assurer à l'arabité une dimension de plus en plus moderne et universelle. Comme il apparaît tout autant, à l'instar de la modernisation de l'arabe standard, langue nationale officielle, d'envisager également la promotion des langues natives du tamazight et maghrébi populaire, ou daridja, et leur reconnaissance juridique, consacrant par voie de conséquence un statut équitable, à côté de l'unique langue nationale officielle. Car, ces langues nationales populaires, contrairement à la conception inégalitaire qu'entretiennent dans leurs esprits les monolingues, sont loin d'être des «dégénérescences de langues des sous-langues que l'on désigne par les termes de dialectes, patois, parlers… en donnant à ces termes non pas le sens technique et scientifique que leur donnent les linguistes, mais un sens chargé de connotations péjoratives.(…). «Une telle vision et une telle présentation des faits sont de l'ordre du politique et de l'idéologique mais non de l'ordre du scientifique », comme tient à le souligner la linguiste Dalila Morsly , précisant clairement qu'«au regard de la science linguistique, tout instrument caractérisé comme doublement articulé, c'est-à-dire en unités phoniques d'une part ( 2e articulation ) et en unités contribuant à l'élaboration du sens d'autre part (1re articulation) est UNE LANGUE, quel que soit par ailleurs le statut que lui accordent les institutions».(in article Unilinguisme ou plurilinguisme, Parcours Maghrébin, Alger , déc. 1989).
On a tort de présenter souvent notre pays comme un pays monolingue de l'arabe fusha officiel exclusivement, alors que El Djazaïr ou l'Algérie est bien ,dans l'état des choses actuelles, un pays PLURILINGUE : c'est-à-dire une zone pluriculturelle, riche de sa diversité unitaire algérienne des langues coexistant en interdépendance sur le terrain de la pratique langagière quotidienne des idiomes de l'arabe littéral fusha, l'arabe familier de la daridja ancestrale, du tamazight avec ses différentes variantes, et l'usage légué du français, qui ont concouru tous ensemble, à faire émerger harmonieusement, le parler algérien national actuel le plus répandu, puisant dans les ressources de, pratiquement, toutes les langues usitées en Algérie. Y compris l'idiome du français dont l'usage répété s'étendant au-delà des tranches de programmations d'études, aux espaces des médias, conversations quotidiennes, rapports divers avec l'extérieur et la communauté algérienne dans l'hexagone notamment , dont l'habitus, a fini lui aussi, par aboutir à un type expressionnel de français à l'algérienne, soit une sorte de «francalgérien» spécifique, comme il existe un français à l'africaine, d'outre-mer, etc., idéologiquement et lexico–graphiquement, nettement divergent de sa matrice référentielle de base.
Aussi, il apparaît indispensable de se rendre à l'évidence de cette réalité tangible du plurilinguisme en Algérie qu'il ne convient plus d'ignorer, aujourd'hui, en vue de quêter, avec les spécialistes pluridisciplinaires, la réunion des conditions adéquates à même de permettre à cette situation préoccupante de plurilinguisme communautaire partagé, d'aboutir dans l'avenir à une pratique harmonieuse d'un multilinguisme officiel, comme c'est le cas dans nombre de pays démocratiques plurilingues ayant solutionné scientifiquement leur .problématique linguistique en évitant le réductionnisme unilatéraliste préjudiciable.
En s'attaquant essentiellement, de la sorte, aux difficultés, obstacles et problèmes, contrariant la saine pratique harmonieuse du plurilinguisme - pour que cette situation que vit concrètement dans les faits la société algérienne puisse constituer un réel facteur de développement et d'épanouissement culturel, scientifique, social, etc. - c'est, à coup sûr, se ranger du côté de la nature humaine, sans porter aucunement atteinte aux choix politiques nationaux, pour paraphraser le linguiste-chercheur Abdou Elimam.
(A suivre)


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