Le Premier ministre haïtien, Jean Max Bellerive, a souligné, dès l'ouverture de la réunion, que l'aide internationale devait s'inscrire sur le long terme, pendant au moins cinq ou dix ans. «Le peuple d'Haïti a besoin de plus, encore plus, pour assurer la reconstruction. «Je vous exprime la gratitude d'un peuple ensanglanté, martyr et ruiné, mais qui tient bon», a-t-il déclaré, s'adressant à la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, au Premier ministre canadien, Stephen Harper, et au ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, qui participaient à cette réunion, d'une journée, aux côtés de représentants d'une dizaine d'autres pays. Cette réunion ne devait pas déboucher sur un engagement financier global en faveur d'Haïti, où le séisme du 12 janvier a fait jusqu'à 200 000 morts, mais, plutôt, sur une évaluation des besoins immédiats et sur un calendrier en vue d'une prochaine conférence des donateurs. Cette conférence aura lieu en mars, au siège new-yorkais des Nations unies, ont décidé les délégués. Ils ont, en outre, évoqué les moyens à mettre en oeuvre pour dissuader la population de se concentrer à Port-au-Prince, qui se trouve sur la ligne de faille. «En 30 secondes, Haïti a perdu 60% de son PIB. Nous devons, donc, décentraliser», a souligné Jean Max Bellerive, notant, toutefois, qu'un flot régulier quittait la ville depuis le séisme. L'agriculture, qui n'a pas eu l'attention qu'elle mérite, pourrait attirer, durablement, les Haïtiens hors de la capitale, a, quant à elle, estimé Hillary Clinton. Le chef du gouvernement haïtien a ajouté que le président René Préval avait demandé 200 000 tentes supplémentaires pour les sans-abri, mais John Holmes, coordonnateur des affaires humanitaires de l'Onu, a estimé que des installations plus durables seraient nécessaires pour faire face à la saison des pluies, qui débute en avril, et aux ouragans en juin. L'organisation humanitaire Oxfam a demandé l'annulation de la dette haïtienne, qui s'élèverait à 890 millions de dollars, mais le Premier ministre haïtien a jugé que ce n'était pas là la principale préoccupation de son pays. «Quand on voit tout ce dont nous avons besoin, notre dette est minime (...). Ce que nous demandons, c'est un engagement à long terme, sur au moins cinq ou dix ans», a-t-il dit, sur CBC, avant le début de la réunion. L'annulation de la dette haïtienne a déjà été évoquée plusieurs fois, notamment la semaine dernière, par le Club de Paris, qui regroupe les principaux Etats créanciers - Etats-Unis, Canada, France et Grande-Bretagne. La République dominicaine, voisine d'Haïti, a, pour sa part, proposé la mise en place d'un programme d'aide international de 10 milliards de dollars sur cinq ans. Hillary Clinton n'a pas exclu de permettre l'entrée, aux Etats-Unis, d'immigrés haïtiens plus nombreux, mais JeanMax Bellerive a assuré, à Montréal, que son pays était en mesure d'éviter un «exode». "Il est important que nous nous considérions comme des partenaires d'Haïti, pas comme les patrons», a ajouté la secrétaire d'Etat lors de la conférence de presse finale, résumant un souhait exprimé par la plupart des intervenants. Le chef du gouvernement haïtien a, par ailleurs, reconnu que des géologues avaient alerté les autorités de l'éventualité d'un séisme majeur. «Mais la lutte contre les conflits sociaux et contre la pauvreté ne nous a pas laissé le temps, ni les moyens, de prendre les mesures nécessaires pour limiter les dégâts», a-t-il déploré.