De par ses nefs parallèles au mur de la qibla, la mosquée du Vieux Ténès s'apparente à la première mosquée de Médine que le Prophète (QSSSL) aurait aidé à édifier de ses propres mains généreuses, dont le modèle fut repris à Damas (705-715) . Un modèle d'architecture des mosquées Cette dernière serait donc un exemplaire maghrébin d'un type créé en Egypte (mosquée de Amr à Fustat, au VIIe siècle ou en Syrie, et qu'on retrouve aussi dans le plus ancien sanctuaire de Fès (mosquée Al- Qarawiyyîne, au IXe siècle) . A la façade nord de la mosquée est accolée une salle d'ablutions, et une courette dans laquelle se trouve un tombeau recouvert d'une coupole octogonale, qui abrite selon la légende, le corps du saint Sidi Maâmar. La salle de prière est hypostyle comme les mosquées de Damas, de Cordoue, de Kairouan et de la mosquée Al-Hassan à Rabat. On y accède par une entrée légèrement désaxée, située dans le mur opposé au mihrâb . Elle comporte cinq nefs parallèles au mur qibli, divisées en onze travées dont quatre supportent des arcs perpendiculaires au mur de la qibla, une interférence entre plan à nefs parallèles (Damas) et celui à nefs perpendiculaires (Al-Aqsa à El-Qodset Cordoue). A l'origine, cette salle était couverte de terrasse, mode de couverture que certain auteurs remontent à l'époque romaine, alors que d'autres y voient une influence plus au moins directe de la mosquées de Tunis. La mosquée du Vieux Ténès La mosquée du Vieux Ténès offre le plus ancien exemple de mihrâb sur plan polygonal à niche octogonale. Ce modèle a été repris dans toutes les mosquées médiévales de l'Ouest algérien sous l'influence des grandes mosquées de Kairouan et de Cordoue qui ont délaissé la forme curviligne traditionnelle. Le mihrâb est décalé d'une nef vers l'est et est précédé d'une coupole qui émerge du toit avec calotte écrasée et quatre merlons d'angle. Ce décalage aurait été volontaire à l'origine dans un souci de respect du type médinois. L'introduction de l'imposte entre les arcs et les chapiteaux a d'abord été expérimentée en Egypte (mosquée de Amr) puis reprise en Ifriqiya au IXe siècle, à Tunis et à Kairouan. Son adoption ici, à Ténès, atteste une influence évidente de l'Egypte. Par ses 39 colonnes cylindriques surmontées de chapiteaux antiques aux formes et aux dimensions diverses, par la régularité de ses arcs, par ses impostes carrées ou rectangulaires, la mosquée de Ténès ressemble beaucoup à la mosquée de Kairouan. On retrouve plusieurs formes, comme l'arc brisé, outrepassé dont le sommet est quelquefois brisé au tracé typique de l'Ifriqiya des IXe-Xe siècles (Grande Mosquée de Kairouan, de ribât de Sousse, mosquée de Mahdia, mosquée de Sfax). Cette mosquée compte le plus ancien mihrâb connu à registre horizontal, orné de deux bandeaux verticaux et présentant trois arcs surhaussés, à l'instar de la Grande Mosquée de Cordoue. Les arcs utilisés dans la mosquée de Ténès sont d'un galbe très pur, en harmonie avec les colonnes à fûts cylindriques coiffées de chapiteaux empruntés dans leur majorité à des monuments romains de la région (styles dorique, ionique et corinthien) et deux types seulement de style musulman (ziride et hammadide) appartenant au décor végétal et floral stylisé «feuilles aux œillets». On retrouve également la technique de décor floral incisé et le décor épigraphique ornant des impostes. En 1954, après un séisme, la mosquée subit d'importants travaux qui modifient le plan original et le volume initial. Après le séisme de 1980, une étude de protection provisoire est menée. 1996, une opération de mise en valeur (nettoyage et décrépissage des chapiteaux) par l'Agence nationale d'archéologie est entreprise. Traditions séculaires Et au chapitre du mariage de Sidi Maâmar (ORF Sidi Maâmar ), on peut rappeler que Sidi Maâmar est un saint homme qui laissa, dans la région de Ténès, une tradition qui existe, et elle est appliquée et respectée à nos jours . En effet, ce saint a été le précurseur d'une action sociale démocratique et qui concerne la dote de la mariée. La dote qui se fixe en fonction par rapport au niveau de la famille et de l'exigence du père de la mariée, vient grâce à ce saint, d'être univoque pour tout le monde dans la région et sans exception, et consiste en un sac de semoule, un pot de beurre, et un mouton. En outre il était remis l'équivalent de la valeur d'une pièce d'or de quatre douros (à l'époque). Chaque père de famille à une fille pour le mariage ne peut plus exiger plus que cette dote. Les gens de Ténès valorisent la somme d'un mouton et du pot de beurre en dinars et sera la dote de la mariée, une tradition exercée à nos jours . Vestiges historiques de valeur Dans le cadre des vestiges et des monuments, on découvre des sites innombrables, les vestiges romains de Aïn Meran, restes de la basilique chrétienne (la plus ancienne d'Afrique, fondée en 324 qui coïncide avec un événement remarquable dans l'histoire du monde, «le labarum» a été porté pour la première fois en tête de la cavalerie de Constantin à la bataille d'Andrinople le 3 juillet 324, remparts et tombeaux phéniciens à Ténès, phare de l'île de Colombie ( située à El-Marsa, près de l'îlot Colombe, lieu de rassemblement d'oiseaux de mer et lieu de privilège pour la plongée sous-marine de l'équipe française de plongée), statue de la vierge etc. Dans le chapitre des sites naturels, la wilaya dispose de la forêt de Bissa. L'élévation et la forêt de djebel Bissa doivent être déclarées parc naturel , connue par une morphologie intéressante, des pentes boisées, un gibier abondant et des points de vue panoramiques remarquables, encore un haut lieu de la Guerre de libération nationale. Située à 30 kms à l'intérieur de la côte de Beni-Haoua, elle se prête à un aménagement en zone de recréation. (A suivre)