Ce sont les propos tenus, hier, par l'ambassadeur d'Iran, M. Hossein Abdi Abyaneh, dans sa résidence à Alger, lors d'une conférence de presse où il a été notamment question du dossier nucléaire iranien. M. Abdi Abyaneh indiquera que les festivités du 11 février, commémorant le 31e anniversaire de la révolution islamique, «seront une bonne réponse aux Occidentaux. Nous sommes prêts à toutes les éventualités». Cela au lendemain de «l'ordre» donné dimanche au chef de l'Organisation de l'énergie atomique iranienne, Ali Akbar Salehi, par le président Ahmadinejad de commencer à enrichir l'uranium à 20% au centre de Natanz, en présence d'experts de l'AIEA, et de la réaction de M. Gates, ministre américain de la Défense, à partir de Rome, qui a déclaré : «Si la communauté internationale fait front commun pour faire pression sur le gouvernement iranien, je crois que les sanctions et la pression peuvent encore marcher». La visite, aujourd'hui, de M. Gates à Paris, qui assure pour rappel la présidence du Conseil de sécurité, portera essentiellement sur le dossier nucléaire iranien. A cepropos, l'ambassadeur iranien n'a pas cessé de souligner qu'«on peut arrêter l'enrichissement de l'uranium si nos interlocuteurs occidentaux nous assurent l'échange de l'uranium enrichi sur notre sol». Une condition qui semble non négociable pour la République islamique d'Iran qui, pour l'ambassadeur, trouve ses raisons dans la méfiance de Téhéran vis à vis des Occidentaux. «Les Occidentaux chez nous ont un passé négatif, on n'a pas confiance en eux», déclare-t-il, en soulignant l'attachement de son pays «à l'échange de l'uranium enrichi à 20% sur le territoire iranien». «L'Iran garde la porte ouverte aux négociations avec les Occidentaux, ajoute-t-il, indiquant que Téhéran «coopère normalement avec l'AIEA». Notons que l'Iran a remis, hier, à l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) une lettre officielle sur sa décision de commencer à enrichir de l'uranium à 20%, Le groupe 5+1 qui n'est pas arrivé jusque-là à accorder ses violons sur l'intensification des sanctions contre Téhéran aura tout aussi du mal à trancher la question des sanctions au Conseil de sécurité, où la Chine prône le dialogue comme meilleure voie pour venir à bout du dossier nucléaire iranien tout en affichant son hostilité pour des sanctions, à l'exemple de celles de la France qui a invité ses entreprises à ne plus commercer avec Téhéran, et des USA qui appliquent un embargo contre l'Iran, et ce, depuis plus de 20 ans. Mais le recours à d'autres sanctions ne semble nullement inquiéter Téhéran, selon les responsables iraniens. Autre question évoquée lors de cette conférence de presse : une éventuelle frappe militaire contre Téhéran. L'ambassadeur, confiant, avertit : «Ceux qui s'aventureront à commencer devront être sûrs que la fin sera au profit de l'Iran grâce à son système de défense et l'engagement des Iraniens à faire face à toute agression militaire.» La tension croît entre l'Iran et les Occidentaux depuis l'annonce du président iranien de l'enrichissement de l'uranium à 20%. Rappelons que Téhéran n'a pas cessé de prôner son droit à l'énergie nucléaire et souligner le caractère civil de son dossier. Lors de cette conférence de presse, la situation interne de l'Iran a été aussi évoquée. Pour M. Abdi Abyaneh, «l'opposition doit exister dans le pays», mais «ceux qui se réclament de l'opposition font un travail qui profite à nos ennemis extérieurs». Il les qualifient de «mercenaires», tout en soulignant : «Oui pour l'opposant qui milite pour son pays, mais non pour le mercenaire télécommandé par les USA et les Occidentaux». L'Iran compte près de 3 millions d'étudiants dont 65% sont des femmes, ce même taux se retrouvant au sein du corps enseignant, selon l'ambassadeur, en ne manquant pas de préciser que les avancées et le progrès sur le plan scientifique sont loin d'être l'apanage des hommes en Iran. Karima Bennour Lire sur Internet