«Le marché est toujours sur la table», a dit mercredi, à la chaîne de télévision satellitaire iranienne en langue anglaise Press TV, Ali Akbar Salehi, dirigeant de l'organisation iranienne de l'énergie atomique. Il a toutefois réaffirmé l'exigence de son pays qu'un éventuel échange d'uranium faiblement enrichi contre du combustible nucléaire soit simultané et s'opère sur son territoire, ce que refusent les puissances occidentales. Pour Salehi, il serait possible de confier à l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) la «garde» de l'uranium de l'Iran, en territoire iranien, en attendant que Téhéran reçoive le combustible nucléaire nécessaire à son réacteur de recherche médicale dans la capitale. Il a de nouveau affirmé que l'Iran suspendrait la production d'uranium enrichi à 20% s'il pouvait à la place recevoir le combustible de l'étranger. «L'uranium peut être confié (en territoire iranien) à la garde de l'AIEA et pourrait être scellé (...) jusqu'à ce que nous recevions de l'extérieur le combustible enrichi à 20%», a-t-il précisé. «Si on avance là-dessus et que nous recevons le combustible, alors nous stopperons le processus d'enrichissement à 20%», a-t-il ajouté. Selon l'interprétation de Salehi, Téhéran a décidé de produire de l'uranium enrichi à 20% en raison du refus de l'Occident de lui fournir du combustible pour son réacteur médical, dont dépend pourtant la vie de 850.000 patients iraniens. Pour produire de l'uranium à 20%, les centrifugeuses iraniennes doivent être modifiées, ce qui devrait prendre un mois ou deux. Un diplomate proche de l'AIEA a déclaré que les inspecteurs de l'agence onusienne n'avaient pas noté, avant l'annonce de lundi, de travaux préparatoires dans ce but. Pour produire une bombe nucléaire, il faut de l'uranium enrichi à près de 90%. Menace de nouvelle sanction Le passage à 20% marquerait toutefois un pas important pour Téhéran car c'est le traitement en vue d'obtenir de l'uranium faiblement enrichi qui constitue la partie la plus longue et la plus difficile du processus. Mardi, le président américain Barack Obama a déclaré que la communauté internationale «avançait assez rapidement» dans l'élaboration d'un nouveau train de sanctions contre l'Iran. Il a souligné que le rejet iranien de la proposition d'échange d'uranium faiblement enrichi contre du combustible nucléaire démontrait bien l'intention des Iraniens de se doter de l'arme atomique. «Dans les prochaines semaines, nous allons travailler à la mise au point d'un régime important de sanctions qui leur indiqueront à quel point ils sont isolés de l'ensemble de la communauté internationale», a-t-il dit. Comme les Etats-Unis, la Russie a manifesté des signes d'impatience, estimant que cette production d'uranium jetait le doute sur la sincérité de Téhéran dans les discussions sur son programme nucléaire. Moscou a en outre relevé que cette décision allait à l'encontre des résolutions adoptées par le Conseil de sécurité. Parmi les cinq grandes puissances disposant du droit de veto au Conseil de sécurité, seule la Chine a souhaité que les efforts diplomatiques continuent, ce qui contribuerait à résoudre de manière adéquate la question nucléaire iranienne, selon son ministère des Affaires étrangères.