Durant cette cérémonie ,tous les saints locaux sont évoqués. Une véritable relation est établie au niveau cérémonial entre deux éléments : le baroud (danse du baroud) et la haddra (groupe avec bendir), deux groupes distints mais qui se retrouvent mélangés pour la circonstance. Si les hommes s'activent dans la préparation de la poudre des fusils et des tenues vestimentaires qu'ils porteront à cet effet, les femmes, par contre, commencent, après avoir moulu les grains de blé, à préparer le couscous et à l'élaboration du repas car les convives seront nombreux. Ici, on mange à même le sol par groupes de 8 ou 10 personnes. Et il n'est pas rare de voir défiler des centaines de plats. D'autres femmes qui ne sont pas affectées à des tâches précises, s'occupent à créer une ambiance particulière par des chants à la gloire du Prophète (QSSSL). Ce moment festif est une tradition bien établie et bien ancrée. La célébration du Mawlid Ennabaoui Echarif est organisée par deux régions bien distinctes. Adrar, Timi et Bouali se partagent la cérémonie de la fête destinée à la nativité du Prophète (QSSSL). Timimoun et ses environs fêtent le «sboue» où beaucoup de personnes affluent de partout même de pays limitrophes tels que le Mali et le Niger et, parfois, de France. Le «sbouâs» de Timimoun Traditionnellement, la population de la wilaya d'Adrar fête et célèbre El-Mawlid Ennabaoui Echarif le premier jour dans les communes de Timi et de Bouali. Le septième jour, Timimoun leur vole la vedette. En effet, cette région est très appréciée pour sa vaste palmeraie et la féérie de ses sites. Les gens s'y donnent rendez-vous pour fêter comme il se doit cet événement religieux. Depuis plus d'une semaine, les habitants s'affairent sans relâche au nettoyage de la cité où des sacs de faine sont affrétés. Les femmes les réceptionnent et sans répit, dans une ambiance colorée et fraternelle, roulent ce fameux couscous très apprécié dans la région et par les visiteurs occasionnels. Les hommes s'activent et préparent leurs tenues de parade et la poudre qui fera parler leurs fusils. Dans les mosquées, les versets du Coran sont psalmodiés du crépuscule au lever du soleil où une grande «Fatiha» regroupe l'ensemble des fidèles à l'aube afin d'invoquer le Pardon et la Bénédiction divine. Une tradition ancestrale pour marquer le baptême de notre Prophète (QSSSL). Sitôt ce rituel achevé, les gens déambulent dans les ruelles de Timimoun devenue étroite pour contenir cette grappe humaine. Ils sont venus de partout, du Nord, du Sud, et parfois même de l'étranger. Les autochtones sont parés de leurs plus beaux habits où le blanc domine et la tête recouverte d'un long turban «chèche» qui les protège des rayons ardents du soleil. Les femmes portent des tenues étincelantes (izar) et se font belles pour la circonstance par l'application d'un maquillage traditionnel où le «khôl» et le «meswek» mettent en relief leur beauté. Le henné est omniprésent et tous (hommes et femmes) s'enduisent les mains en guise d'ornement. Le but est de se retrouver au courant de l'après-midi dans un endroit à 2 ou 3 km de la ville appelée «Houfrat ouled Belkacem». Pas une place de libre. Puis, tous attendent, l'arrivée imminente des tribus locales brandissant l'étendard et celle qui parviendra à le planter avant les autres bénéficiera du droit d'être élue tribu de l'année et remettra en jeu cette précieuse couronne l'année suivante. Une ambiance formidable règne et on oublie -- pour un instant -- les tracasseries de la vie quotidienne : une aubaine pour ceux qui se sont déplacés. Un spectacle à ne pas rater. Les youyous fusent de partout agrémentant cette ambiance. Des troupes folkloriques constituent l'attraction principale de cette journée. Sous un rythme enivrant et effréné qui vous fait chavirer, des chants sont fredonnés en éloge à Allah et à son Prophète (QSSSL). Dans des gestes immarcessibles, arborant de belles gandouras d'un blanc immaculé, des hommes dansent, armés de fusils. Leur danse dure et soulève l'engouement de la foule ; puis, soudain, dans un éclair étourdissant, la poudre tonne dans un immense tas de poussières sous les applaudissements nourris de spectateurs abasourdis. (A suivre)