Comme chaque année, des centaines de milliers de personnes visitent ce qu'on a coutume d'appeler la plus grande ferme de France avec cette fois, peut-être, une plus grande sympathie pour le monde agricole en crise. La France est le premier producteur agricole de l'Union européenne et entend bien le rester en dépit des difficultés économiques du secteur. Le revenu des agriculteurs a plongé de 30% en 2009. L'une des réponses à la crise c'est justement de développer des productions compétitives et respectueuses de l'environnement. C'est, en tous cas, ce qu'attendent les agriculteurs. Ils savent que dans les années à venir ils seront confrontés au manque d'eau, à des variations plus grandes qu'auparavant de la température et de la pluviométrie. Dans le même temps on leur demande de réduire leurs émissions de CO2 et leur consommation de pesticides. C'est, donc, à ces deux objectifs, économique et environnemental, que contribuent les 10 000 chercheurs de l'INRA, l'Institut national de la recherche agronomique. Les problèmes à résoudre font l'objet de discussions entre chercheurs et agriculteurs. Les agriculteurs, confrontés à certaines difficultés, font appel à la recherche pour améliorer les rendements ou les techniques de culture et d'élevage. De leur côté, les chercheurs développent des thèmes de laboratoire qu'ils étendent, ensuite, à l'application pratique. Recherche fondamentale, expérimentation, application : de cinq à dix ans sont nécessaires pour passer du laboratoire au champ ou à l'étable. Ni OGM ni pesticides La crise de la vache folle a, toutefois, laissé des traces. Une certaine méfiance est née, chez les consommateurs, envers la recherche en agriculture. Les opposants aux organismes génétiquement modifiés ont semé le doute, mais le recours aux pesticides et engrais de toutes sortes n'a plus bonne presse non plus. Du coup, les agriculteurs qui n'ont pas opté pour le 100 % bio s'interrogent : entre refus des OGM et rejet des produits chimiques quelle est la troisième voie ? Là encore, la recherche agronomique devra apporter une réponse. Sur certains points, c'est déjà commencé. Des chercheurs du CIRAD, l'organisme de recherche pour le développement des agricultures des pays du Sud, travaillent actuellement au piégeage des charançons qui ravagent les bananes. Et pour cela, ils ont recours aux phéromones. Les phéromones sont des substances émises par les animaux et même des végétaux et qui agissent comme des signaux entre les individus d'une même espèce. C'est 100% naturel, rien que de la biologie. De l'avis de nombreux spécialistes, c'est une multiplication des techniques de ce genre qui trace l'avenir de l'agriculture. Et cet avenir de la recherche en agriculture, les 170 000 élèves et étudiants de l'enseignement agricole en France le préparent. De la classe de 4e aux bacs scientifiques ou techniques, puis aux filières universitaires d'ingénieurs et de doctorats.