C'est une femme membre du gouvernement qui le dit, Mme Souad Bendjaballah, ministre déléguée chargée de la Recherche scientifique. Dans un entretien accordé à la Chaîne III de la Radio nationale dont elle était l'invitée de la rédaction, elle a mis l'accent, à l'occasion de la journée du 8 Mars, particulièrement sur la place occupée par la femme algérienne dans la recherche scientifique. Mme Bendjaballah cite les trois facteurs qui, à son avis, ont favorisé depuis l'indépendance de grands progrès : la démocratisation de l'enseignement qui a permis aux filles d'aller à l'école ; l'effort au niveau de l'enseignement supérieur qui fait qu'il n'y a pas de wilaya sans université, encourageant ainsi les filles à poursuivre leurs études et enfin l'effort mis sur la recherche scientifique. De plus, il y a, fait-elle observer, un bon encadrement législatif et réglementaire. D'où un taux de parité inversé au profit des filles. 40 % des chercheurs algériens sont des femmes, dit-elle, et dans certains secteurs cette proportion va jusqu'à 50 %, souligne-t-elle. Il existe, ajoute-t-elle, des centres de recherche comme l'Institut Pasteur, le Cerist ou le Crasc où 70 % des chercheurs sont des femmes. Elle déplore qu'au niveau des postes de responsabilité, cependant, il y ait moins de femmes. Ainsi, précise-t-elle, sur les 18 centres de recherche, deux seulement sont dirigés par des femmes et peu de femmes sont recteurs d'université. Cette contradiction s'explique selon elle par le fait que d'une part, l'université exclut la discrimination - des critères objectifs président au passage d'un grade à un autre, souligne-t-elle - mais que, d'autre part, les nominations aux postes de responsabilité dépendent d'un pouvoir discrétionnaire. Elle constate que depuis dix ans, il y a des signaux très forts de la volonté politique favorables aux femmes. Son cas en est un, fait-elle remarquer. S'il y a un mouvement de promotion de la femme en Algérie, dit-elle, c'est grâce à la volonté politique mais la femme arrive difficilement à concilier vie professionnelle et vie politique. Pour cela, il faut des crèches, des cantines, des gardes, un accompagnement scolaire, le transport scolaire, toutes mesures qui aident les femmes à alléger leurs charges familiales, fait-elle observer. Elle constate en même temps que si la société a évolué, la classe politique n'a pas avancé. Elle appelle les partis politiques à établir une parité dans les listes des candidatures aux élections surtout au niveau local. A propos de la présence féminine au Parlement, elle note que lorsque leur composition a été établie par désignation, le taux de femmes a été plus élevé que dans les Assemblées nationales élues. La dernière Assemblée a enregistré un progrès sur ce plan, admet-elle. Elle cite en exemple le Sénat pour lequel un signal fort est donné par le président de la République qui respecte la parité dans le quota présidentiel.