Me Khaled Lasbeur, chargé par ces associations de défendre leurs intérêts, s'est montré catégorique. “Le combat se poursuit. Le Tribunal de grande instance (TGI) de Marseille vient d'interdire cette affiche. Dès lundi, le parti de l'extrême-droite FN, devra verser une astreinte de 500 euros par jour de retard. Cette ordonnance est déjà une première victoire, en attendant l'examen de l'appel que nous déposerons, dès aujourd'hui, contre la décision du tribunal de Nanterre”, a-t-il expliqué à l'APS. L'avocat a été mandaté par le Mouvement contre le racisme et l'amitié entre les peuples (MRAP), l'espace franco-algérien, l'association “Devoir de mémoire" et le Conseil de représentatif des associations noires (CRAN), à saisir en refere le TGI de Nanterre. L'affiche, placardée sur les murs de plusieurs villes de la région de Provence-Alpes Côte d'Azur (PACA) dans le cadre de la campagne électorale pour les Régionales de ce dimanche, a suscité de nombreuses condamnations par son message haineux et stigmatisant l'Algérie et les musulmans. De nombreuses associations à Paris et à Marseille, ont saisi la justice pour demander l'interdiction de ce support électoral et des poursuites judiciaires contre le FN pour “incitation à la haine”. Vendredi, le tribunal de grande instance de Marseille a ordonné le retrait de l'affiche du FN. Le juge a estimé que “cette affiche provocatrice est constitutive d'un trouble manifestement illicite” et “de nature à provoquer un sentiment de rejet et d'animosité à l'encontre d'un groupe de personnes où sont visées les pratiques religieuses, les femmes et la nationalité. Le juge des référés a condamné le FN et son président “à procéder à son retrait tous les supports sur lesquels elle a été placée, de quelque nature qu'ils soient, dans un délai de 24 heures, puis sous astreinte de 500 euros par jour de retard. A Marseille, le juge des référés a été saisi par la Ligue contre le racisme et l'antisémitisme (Licra). Lundi dernier, cette association a été déboutée à Marseille pour des raisons de procédure, tout comme le MRAP qui, hier, a vu ses demandes rejetées par le tribunal de Nanterre. Le magistrat du TGI de Nanterre a invoqué un problème de domiciliation pour déclarer la plainte irrecevable. “Cette décision est scandaleuse. Le juge a considéré que le MRAP, l'un des plaignants, n'a pas élu domicile à Nanterre mais à Neuilly-sur-Seine, qui pourtant est située dans le même département dont relève la juridiction du TGI”, a indiqué Me Khaled Lasbeur, qui a, également annoncé qu'il ferait appel contre cette décision. Contacté par l'APS, Mouloud Aouinit, le Président du MRAP, s'est dit “consterné par cette décision incompréhensible et dangereuse. Pour une raison de forme et un prétendu problème de domiciliation, on légitime la violence d'une affiche haineuse stigmatisant une nation, un peuple, une communauté établie en France et un drapeau”, a ajouté M. Aouinit. Le président du MRAP a qualifié ce verdict de “décision politique qui légitime la politique de l'extrême-droite en France”. Mme Chafia Mentalecheta, l'une des animatrices de l'Espace franco-algérien a indiqué, pour sa part, que “les arguments avancés par le magistrat ne tiennent pas la route. La décision du tribunal reflète une volonté politique et un signe fort pour encourager et défendre les thèses haineuses de l'extrême droite”. Le ministre des Affaires étrangères, M. Mourad Medelci, a affirmé lundi à Alger que l'Algérie a protesté “officiellement” auprès de l'Etat français au sujet de cette affiche. “Nous avons protesté officiellement et c'est à l'Etat français de prendre les dispositions qui s'imposent lorsque des symboles de pays étrangers sont mis à genoux”, a déclaré M. Medelci en marge de la cérémonie présidée par le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, à l'occasion de la Journée internationale de la femme. Pour sa part, La France a qualifié mardi, par le biais du porte-parole du quai d'Orsay de “légitimes” ces protestations. “Les autorités algériennes ont fait part hier de leurs protestations légitimes quant à l'usage extrêmement choquant qui est fait du drapeau algérien a indiqué mardi le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Bernard Valero, lors de son point de presse. “Nous déplorons avec force l'usage indigne et dégradant d'un drapeau national à des fins électoralistes”, a ajouté le porte-parole du quai d'Orsay.