Suite aux déclarations de Saïd Barkat, ministre de la Santé, avant-hier, en marge de la cérémonie d'ouverture du Salon international du générique en Algérie, les praticiens de la santé publique, généralistes et spécialistes ont tenu à apporter quelques précisions lors d'un point de presse animée hier conjointement par Dr Lyès Merabet et Dr Mohamed Yousfi, respectivement présidents du SNPSP et SNPSSP. «Nous sommes étonnés de voir le premier responsable du secteur sortir de sa réserve après plus de trois mois de protestation pour changer de ton et dire que nos revendications sont très légitimes et que notre grève est illégale. Les déclarations du ministre de la Santé sont totalement contradictoires. Pis encore, dans toutes ses déclarations, nous dénonçons toutes les contre vérités qui ne mèneront à rien !», fustigent les deux interlocuteurs. Pour les deux porte-parole des praticiens, le ministre tente finalement de tourner l'opinion publique en sa faveur. «Avec ses déclarations blessantes pour les universitaires que nous sommes, il essaye de leurrer l'opinion publique qui est plus que jamais consciente que nos revendications vont dans l'intérêt commun, des praticiens et du malade», précise Dr Yousfi. Pour le premier point concernant l'illégalité de la grève des blouses blanches, Dr Merabet a souligné que la loi 90/02 est appliquée à la lettre par ces derniers. «Si Monsieur le ministre parle de verdict de la justice faisant état de l'illégalité de notre mouvement de protestation, on lui demande pourquoi cela s'est fait après presque quatre mois et encore mieux, pourquoi s'est-il engagé personnellement à nous convier à des réunions de conciliation ?», s'interroge Dr Merabet en précisant qu'aucun des deux syndicats n'a été notifié quant à une éventuelle décision de la justice. Pour ce qui est des déclarations de Barkat relatives au service minimum assuré par les médecins grévistes et tantôt faisant allusion à une prise en charge naturelle dans nos hôpitaux et que la grève actuelle n'a absolument aucun impact et tantôt accusant les protestataires de non-assistance à personnes en danger, les deux interlocuteurs en demeurent sidérés. «Déjà que la loi stipule que le service minimum doit être négocié entre les deux parties, nous défions monsieur Barkat s'il a respecté cette loi car nous avons décidé d'assurer ce service minimum et nous étions libres de ne pas le faire», ajoute Dr Yousfi. En effet, les articles 37, 38 et 39 de la loi 90/02 du 06 janvier 1990 stipulent que «le service minimum est déterminé dans des domaines d'activité spécifiés par voie de convention ou accord collectif», chose qui n'a pas été respectée, selon les deux syndicalistes, par le ministère de tutelle. Les Dr Merabet et Yousfi ont clôturé leur conférence de presse en se posant une question primordiale : y a t-il deux centres de prise de décision dans notre pays ? Si l'on note que les deux syndicats ont été reçus mercredi dernier à la présidence et que du côté du gouvernement et son staff, on tire à boulets rouges sur les praticiens ! Ceci étant, la grève reste illimitée, le service minimum garanti en attendant la suite réservée par les services de la présidence quant à cette situation de pourrissement dans le secteur de la santé publique.