Au lendemain de l'accord conclu par les pays de la zone euro sur un mécanisme de soutien financier à Athènes impliquant le FMI, l'organisation internationale basée à Washington n'était pas en mesure de préciser comment ses ressources seraient utilisées et comment elle pourrait imposer les conditions qui accompagnent généralement son aide financière. «Nous suivons de très près les évolutions», a simplement déclaré le FMI dans un communiqué qui constituait sa première réaction à l'accord conclu jeudi. «Et comme nous l'avons déjà dit auparavant, le Fonds se tient toujours prêt à étudier une demande d'assistance financière d'un Etat membre.» Son directeur général, Dominique Strauss-Kahn, doit entamer un déplacement en Europe qui le mènera en Pologne et en Roumanie, visite durant laquelle il devrait être interrogé au sujet de la Grèce. Le Fonds se trouve en situation inconfortable dans ce dossier car la Grèce est soumise aux règles de fonctionnement de l'Union européenne et qu'en tant que membre de la zone euro, elle dépend aussi de la politique de la Banque centrale européenne (BCE), d'où un risque de conflit s'il voulait imposer des mesures politiques ou économiques à Athènes. Selon l'accord de Bruxelles, la Grèce pourrait recevoir des prêts bilatéraux accordés par d'autres membres de la zone euro et par le FMI si elle se trouvait confrontée à des difficultés de financement. Un haut responsable du FMI qui a requis l'anonymat a déclaré à Reuters que la Grèce ne devrait pas solliciter l'aide du Fonds dans l'immédiat. Inconfortable Il a ajouté que les conditions dans lesquelles le gouvernement grec pourrait déclencher le mécanisme de prêts et solliciter l'aide du FMI n'étaient pas claires. Le ministre grec des Finances, Georges Papaconstantinou, a expliqué jeudi que la Grèce préfèrerait trouver des financements sur les marchés financiers mais que ses choix dépendraient des taux d'intérêt. L'Union européenne prévoit qu'en cas d'aide, elle fournirait deux tiers des montants prêtés à Athènes, le FMI assumant le dernier tiers. Le quota d'emprunt de la Grèce auprès du Fonds équivaut à 1,25 milliard de dollars (930 millions d'euros environ) mais certains analystes estiment qu'elle pourrait être autorisée à emprunter jusqu'à 20, voire 22 milliards d'euros. Elle serait alors le premier pays de la zone euro à emprunter au FMI. Uri Dadush, associé du Carnegie Endowment for International Peace et ancien cadre dirigeant de la Banque mondiale, juge peu claire la répartition des rôles entre l'UE et le FMI dans le plan d'intervention en faveur de la Grèce. «Même si je considère que l'implication du FMI est un grand pas en avant, il n'en reste pas moins que l'accord est très ambigu et qu'il est peu probable qu'il ait l'effet souhaité sur le marché», a-t-il dit. Autre complication pour le FMI, a-t-il ajouté : pour être appliqué, l'accord doit obtenir le feu vert unanime des Etats membres de la zone euro. L'implication du FMI, a-t-il poursuivi, pourrait conduire à des situations délicates si le Fonds remettait en cause certaines décisions politiques européennes. «Dans un autre contexte, les pays concernés l'accueilleraient à bras ouverts mais en réalité, il s'agit d'un élément nouveau et quelque peu imprévisible pour la zone euro», a-t-il conclu.