Le califat d'Abd Al-Malik fut une époque de grande stabilité, car, ce dernier est parvenu à s'imposer la volonté de l'Etat à toutes les tribus sans exception. Evolution de l'Empire musulman En effet, ce calife a pu consolider son autorité en procédant à une plus grande centralisation. Il substitue aux anciens systèmes administratifs byzantins et persans un nouveau système impérial, dont la langue officielle devient l'arabe. En 696, il institue une monnaie arabe, qui vient remplacer les monnaies de types byzantin et persan. A sa mort, en 705, l'Empire musulman paraît paisible et puissant, mais les principaux problèmes ne sont pas pour autant résolus. Sur un autre plan, sous le règne de Walid (705-715), les conquêtes sont reprises, et l'Empire s'étend du Sind (dans l'actuel Pakistan) à la péninsule Ibérique. Le successeur de Walid, Sulayman Ier (715-717), lance contre Constantinople – capitale chrétienne de l'Empire byzantin – une grande expédition, qui se solde par un échec. La destruction de la flotte et de l'armée de Syrie sous les murs de Constantinople prive le régime d'un appui d'autant plus nécessaire que les frais d'équipement et d'entretien de la campagne, en aggravant l'oppression fiscale et financière, raniment les vieilles oppositions. Omar ibn Abdelaziz, le réconciliateur Pour sauver la dynastie omeyyade, le calife Umar ibn Abd al-Aziz (dit Umar II, 717-720) s'engage dans une entreprise de réconciliation. Réputé par sa piété et sa probité, il parvient à s'imposer à tous les partis. Il institue le principe d'égalité devant l'impôt de tous les musulmans. Par cette mesure, il pacifie les mawali, qui obtiennent également le droit de s'établir dans les villes de garnison. En contrepartie, il aggrave le régime des dhimmis, qui, outre leur exclusion de l'administration, se voient plus rigoureusement soumis aux servitudes sociales et financières qui leur sont imposées par la loi. Cette politique se traduit par une augmentation des dépenses, une diminution des recettes et aussi des désordres dans l'administration, provoqués par le départ des dhimmis. La réforme fiscale Ainsi, à la mort de Umar II, ses successeurs Yazid II (720-724) et, surtout, Hicham (724-743) se trouvent-ils dans l'obligation d'élaborer un nouveau système fiscal, qui survivra avec quelques modifications au régime omeyyade. Des surintendants des finances sont chargés, aux côtés des gouverneurs de provinces, d'établir une nouvelle assiette d'impôt. La chute du califat omeyyade En aggravant l'oppression fiscale, ces réformes raniment une fois de plus les vieilles oppositions, que la politique de Umar II avait apaisées. La conjugaison des oppositions tribale, kharidjite et chiite finit, au milieu du VIIIe siècle, par venir à bout des Omeyyades. Malgré son habileté, le dernier des Omeyyades, Marwan II (744-750), se trouve incapable de sauver la dynastie. Le coup de grâce est donné par le parti des Hachimiyya, secte d'origine chiite, dirigée à partir de 716 par Muhammad ibn Ali ibn al-Abbas (descendant d'un oncle du Prophète (QSSSL)), puis, respectivement, par ses deux enfants Ibrahim et Abou al-Abbas. S'appuyant sur les mawali iraniens, auprès desquels un agitateur chiite, Abou Muslim, Persan lui-même et lieutenant d'Ibrahim, rencontre un immense succès, le mouvement des Hachimiyya parvient à s'emparer du Khorasan en 747-748 et s'engage dans une lutte ouverte contre les Omeyyades. En 749, les troupes des Omeyyades sont écrasées facilement. Abou al-Abbas, qui succède à son frère Ibrahim à la tête du parti des Hachimiyya, est proclamé calife en 750 et inaugure le règne des Abbassides. Les Omeyyades d'Espagne Echappant aux massacres, un petit-fils du calife Hicham, Abd al-Rahman, s'enfuit au Maghreb, puis débarque dans la péninsule Ibérique ; il prend Cordoue (756) et fonde un émirat indépendant. Un de ses successeurs, Abd al-Rahman III (912-961) achève la pacification de l'Andalousie (Al-Andalus), soumet les chefs arabes et berbères ; en 929, il prend le titre de calife, marquant ainsi sa totale indépendance à l'égard des califes abbassides de Baghdad. Abd al-Rahman III fait du califat de Cordoue le centre d'un riche Etat musulman. Le Xe siècle voit la conquête de Saint-Jacques-de-Compostelle (997) et l'apogée de cette brillante civilisation. Cordoue rivalise alors en richesses et en éclat intellectuel avec la Baghdad musulmane et la Constantinople chrétienne. Le califat de Cordoue disparaît en 1031 avec la déposition de Hicham III, après avoir traversé une période de luttes des clans, de multiples révoltes etr de dissensions internes. (A suivre)