Aucun des 82 économistes interrogés cette semaine en vue de la réunion du conseil des gouverneurs, prévue le 8 avril, n'a dit s'attendre à une modification des taux la semaine prochaine. Le taux de refinancement, le principal instrument de la politique monétaire, devrait donc rester fixé à 1 %. La probabilité estimée d'une hausse de taux d'ici fin juin est d'une sur douze seulement et les économistes ont revu à la baisse la probabilité d'un relèvement des taux d'ici la fin de l'année, la médiane de leurs estimations revenant à 30 % contre 60 % le mois dernier, une baisse marquée qui traduit l'impact de la crise de la dette grecque. Le marché s'attend, donc, à un maintien des taux de la BCE jusqu'au premier trimestre de l'an prochain, durant lequel le «refi» devrait remonter à 1,25 %. Un quart seulement des économistes interrogés (22 sur 82) s'attendent encore à voir les taux relevés d'ici la fin de cette année, alors qu'ils étaient 29 sur 71, soit environ 40%, à faire ce pronostic dans une enquête similaire réalisée début mars. «L'inflation contenue, la faible croissance monétaire, la lenteur de la croissance et le niveau élevé du chômage semblent devoir maintenir les taux de la BCE à leurs plus bas record actuels pendant les 12 prochains mois», explique Oliver Mangan, d'AIB. La Grèce complique la situation L'inflation dans la zone euro, ressortie à 1,5 % en mars selon la première estimation publiée, mercredi, devrait être de 1,2,% en moyenne sur l'année, donc nettement en dessous du plafond de 2 % sous lequel la BCE entend la maintenir. La croissance des Seize, elle, devrait être de 1,2 % en 2010 et de 1,5 % en 2011, selon une récente enquête de Reuters, et le taux de chômage, grimpé à 10 %, en février, devrait encore monter au cours des prochains mois. La politique de la BCE est, en outre, compliquée par la divergence croissante entre les pays de la zone euro : les plus grands de ceux-ci, comme l'Allemagne, sortent rapidement de la récession alors que d'autres en souffrent encore, ce qui contribue évidemment à la dépréciation de l'euro. La Grèce est, évidemment, particulièrement emblématique de cette dernière situation, au point que ses difficultés ont contraint les dirigeants de l'Union à s'accorder la semaine dernière sur un plan de soutien dont les modalités d'application éventuelle restent vagues. «Les marchés peuvent finalement pousser un soupir de soulagement après l'accord des dirigeants de l'UE sur un plan de secours pour la Grèce soutenu par des prêts bilatéraux et par le FMI», explique Azad Zangana, de Schroders. «Nous nous attendons à ce que la BCE maintienne plus longtemps une politique monétaire plus souple afin de faciliter les ajustements budgétaires nécessaires.»