? Le dissident Guillermo Farinas n'est plus le seul à Cuba à faire une grève de la faim pour réclamer la libération des prisonniers politiques. Il a été rejoint par deux opposants, dont un se trouve emprisonné à La Havane. C'est ce qu'a annoncé la Commission cubaine pour les droits de l'homme et la réconciliation nationale (non reconnue par les autorités), mardi 30 mars. Ancien combattant du contingent cubain en Angola, psychologue et journaliste indépendant, Guillermo “Coco” Farinas avait pris le relais d'Orlando Zapata, mort dans un hôpital pénitentiaire, le 23 février, après 85 jours de grève de la faim. A La Havane, les autorités improvisent face à la fronde. Les Dames en blanc, l'association des épouses de prisonniers politiques, ont modifié l'itinéraire de leurs défilés silencieux. Longtemps cantonnées à Miramar, quartier huppé des ambassades, elles se sont déplacées vers le centre de la capitale, où elles ont manifesté tous les jours, du 15 au 21 mars, anniversaire de la répression de 2003. Harcelées et malmenées par des partisans du régime et des agents en civil, elles étaient encerclées par la police. Selon la télévision cubaine, la police était là pour les protéger de la réaction “spontanée”de la population. Les téléspectateurs de l'île découvraient pour la première fois l'existence de ce groupe de femmes, devenues le symbole des défenseurs des droits de l'homme à Cuba. En dehors des contre-manifestants mobilisés par le régime, aucune hostilité ne s'exprimait à leur égard. “Le régime a perdu le contact avec l'opinion cubaine, assure le social-démocrate Manuel Cuesta Morua. On est passé de la méfiance contre les dissidents à l'étonnement, voire à une certaine admiration.” Des opposants et des diplomates ont rendu visite à M. Farinas à Santa Clara (centre du pays), pour le persuader d'abandonner son jeûne. Hospitalisé, il a rejeté l'asile offert par l'Espagne et demande la libération des 26 prisonniers politiques malades.