Les travaux des infrastructures à Franceville n'avancent pas comme souhaité. L'inquiétude monte. Et la question béton s'impose : le choix était-il le bon ? «Déçu de ce qu'il a vu au Gabon». C'est le Général Seyi Memene, vice-président de la Confédération africaine de football (CAF) qui le dit au terme de sa tournée d'inspection sur les différents sites. Rien ne rassure. Presque 20 mois depuis la dernière inspection, les membres de la CAF avertissent : «Une nouvelle inspection aura lieu dans deux mois et à la lumière de cette ultime inspection, il sera décidé si la CAN se tiendra bel et bien au Gabon ou alors elle sera déménagée ailleurs.» Comment éviter cette mutation qui ferait le bonheur d'un autre pays et qui pénaliserait le Gabon d'un événement aussi important dont les répercussions au plan économique ne sont plus à démontrer ? Le Gabon est conscient de la valeur de cette manifestation africaine, de nouvelles dispositions sont prises pour éviter une telle pénalisation. D'autant que le temps réel qui est le seul vrai temps de réponse n'autorise ni réflexion ni vérification, on ne peut donc qu'espérer en un code d'honneur que le Gabon accueillera sur sa terre, la Coupe d'Afrique des nations. La CAF s'est énervée certes mais pour de bonne raisons. Mais, pour René Hilaire Adiaheno, président du COCAN, seul un tremblement de terre peut faire annuler la fête. Il promet de mettre les bouchées doubles pour être prêts, rapporte un journaliste proche du dossier (Le Jeune Afrique). Pour cela «les trois huit» ont donc été instaurés sur les chantiers et les week-ends supprimés, ce qui devrait permettre de finir les infrastructures sportives à temps, selon le comité. Au Centre- ville, le sujet remplace le vent de sable. Juste avant le début de ce mois d'avril, le Gabon est devenu ce grand chantier qui défie non seulement le temps mais aussi ceux qui doutent encore de la réussite du pari. Etre au rendez-vous pour la CAN. Pour cela, il est aisé de lire sur les medias gabonais et notamment sur Le Jeune Afrique que «des réunions se tiennent régulièrement entre le gouvernement et le Comité d'organisation de la CAN (COCAN), discussions en conseil des ministres, promesses de décaissements réguliers, des crédits alloués et d'une accélération des travaux». Oui ! Tout le monde souhaite cette CAN dans ce grand pays où l'ambiance sera, selon toute probabilité, meilleure, à condition que la CAF change de politique et assure à ce pays les meilleures conditions tant au niveau de l'accueil, de la programmation des matchs que d'une section rigoureuse de l'arbitrage qui ne sera pas aux bottes des chefs égyptiens comme cela était remarqué en Angola. Ce sera donc aussi la fête des entreprises gabonaises, mais aussi la fête des politiques et des célébrités pour sauver la marque du pays. Les citoyens, eux, n'imaginent pas qu'on puisse leur «confisquer» la compétition. «Les Gabonais sont préoccupés. Les gens en parlent dans les cafés et les marchés, témoigne l'ancien Premier ministre Casimir Oyé Mba, aujourd'hui, dans l'opposition. Ils sont vexés de voir à la télévision qu'en Guinée, les installations sont quasiment prêtes alors que chez eux, ça patine. Dans les années 1990, il n'y avait pas grand chose en Guinée. Alors quand ils voient ce petit poucet devenu grand, damer le pion au Gabon, ça les chatouille au niveau de l'orgueil».