, Une déperdition annuelle de 5 % des céréales importées est la conséquence parmi d'autres, de la défaillance du système portuaire en Algérie. «En dépit des dispositifs législatifs et réglementaires régissant l'entreprise portuaire, la situation du système portuaire en Algérie n'a pas beaucoup évolué, contrairement à ses similaires de la Méditerranée qui ont depuis longtemps déjà emprunté la bonne dynamique de mutation». C'est l'estimation de Abdelkader Boumessila, consultant et ancien P-DG de l'Entreprise portuaire de Béjaïa, faite, hier, au cours d'un débat lancé par le Cercle d'action et de réflexion autour de l'entreprise (CARE), sous le thème «quelles perspectives pour le système portuaire algérien ?». Selon M. Boumessila, «si notre système a évolué de manière très marginale par rapport aux changements intervenus au cours de ces vingt dernières années dans le monde des transports maritimes en général, il a cumulé fatalement d'importants retards à tous les niveaux». Pour soutenir ses propos, il a indiqué que les entreprises portuaires algériennes ont évolué durant les deux dernières décennies sans perspectives de changement, avec des instruments de gestion archaïques et des outils d'exploitation vétustes. Pour bien situer la situation que vit nos ports, M. Boumessila a fait part d'une enquête de la Banque mondiale sur la logistique commerciale qui a classé, l'Algérie, en 2007, au 142e rang, devançant à peine une dizaine de pays parmi les plus pauvres d'Afrique subsaharienne et d'Asie centrale, la plupart enclavés. Cette enquête a été élaborée sur la base d'un indice de performance logistique se référant, entre autres, à la qualité des infrastructures de transport et des technologies de l'information pour la logistique, ainsi qu'au coût de fret direct. La défaillance des ports algériens a, aussi, pour causes, l'obsolescence de leurs infrastructures, caractérisées par la faiblesse des tirants d'eau des quais, et l'exiguïté des espaces y attenantes. Cela rend impossible d'installer des équipements performants, répondant aux exigences de la technologie des navires de générations récentes, ce qui contribuera à la faiblesse des rendements de chargement/déchargement des cargaisons et provoquera, surtout, de pénalités de retard ou surestaries, regrette M. Boumessila. L'autre facteur qui a démobilisé l'investissement de nos ports, et contrarié leur croissance, est leur localisation dans des zones urbaines. «Dans le monde, la majorité des ports délocalisent leurs activités vers de nouvelles zones, éloignées des sites urbains, contrairement à l'Algérie, où ses ports se situent pour la majorité dans la contrainte de leur enclavement urbain très prononcé», a encore regretté M. Boumessila. Enfin, pour sortir nos ports de cette situation et de les orienter vers une stratégie portuaire adaptées au nouveau contexte mondial, le même responsable préconise, entre autres, la création et l'exploitation de deux ou trois ports d'envergure mondiale en Algérie. Ceci, selon lui, est «tout à fait envisageable, d'autant plus que les conditions de marché en Méditerranée sont accessible».